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COCOROSIE - The Adventures Of Ghosthorse And Stillborn (2007)
Par MR. AMEFORGÉE le 6 Juin 2007          Consultée 4900 fois

Si Peter Pan avait été une fille et si en plus, il fumait des pétards à la poudre de perlinpinpin et ingurgitait des fraises tagada hallucinogènes, on l’aurait prénommée Cocorosie. Une sorte de nana hallucinée qui en fait serait deux soeurs, d’origine mi-cherokee mi-extraterrestre, et qui produiraient des albums de folk psychédélique. On dirait même qu’elles en seraient à leur troisième album, sobrement intitulé « Les Aventures de Cheval Fantôme et de Mort-Né ». A vos souhaits.

Dans les faits, le dernier né (mais pas mort) du duo sororal poursuit dans la voie empruntée par les deux précédents efforts, et si l’on nage toujours au pays de l’enfance où l’imaginaire débridé s’épanche en poétiques bouquets, une certaine maturité musicale ne s’en décèle pas moins : les collages en carton pâte (à tartiner) s’estompent un peu au profit des arrangements qui se font plus denses (de la pluie), au service de l’atmosphère (de lance). Quelque peu minimisés ou mieux exploités les effets lo-fi, les cris d’animaux tirés d’un instrument électro pour enfants (ouf), le folk psychédélique qui se trame en jeux de harpe, kazoo et autres bruits bizarroïdes (quand même), s’acoquine ici avec les cadences typiques du hip-hop. Quelques scratchs, un flow délicat de petite fille björkéenne et l’on se retrouve alors à évoluer dans un univers planant assez proche du trip-hop, le côté nature en plus, les samples en moins, avec son lot de douces expérimentations et de trouvailles sonores (comme le bruissement que produit un arc-en-ciel lorsqu’il rencontre une feuille de papier froissé).
Il n’y a rien d’inaccessible toutefois, rien d’hermétique à qui n’est pas trop vieux, car les mélodies frayent avec la simplicité, la douce efficacité, l’humour blême des dessins animés désincarnés. La part expérimentale de l’ensemble n’est pas de celles qui rebutent et causent des torticolis de cerveau : c’est celle de l’enfant qui joue avec des pots de peinture et qui redécore avec un plaisir non dissimulé les murs mornes de sa maison à grands coups d’éclaboussures, de traces de main et autres délicates crottes de nez. Toutefois, comme nous ne sommes pas à un paradoxe près, le thème qui plane sur l’album est résolument morbide. Eloge de l’innocence ou critique de la déliquescence, il restera à choisir.

En tout cas, la qualité est au rendez-vous, même si elle s’avère assez mal répartie : le début marque les esprits avec des titres forts, inventifs et colorés quand la fin se fait ronronnante, fleure bon l’anecdotique et du coup se révèle un peu frustrante. Cela dit, avant cette fébrilité conclusive, on aura pu savourer l’enthousiasmant « Rainbowarriors », qui se place, en ouverture, sous des auspices shamaniques, avant que le rythme chaloupé, et le chant rapé qui s’y rapporte, ne s’installe, avec, en renfort, les vocalises contemplatives de la grande soeur et quelques salves de flûte péteuse. On aura également su savourer le fameux « Japan », marche épico-comique, au parfum de bravoure digne d’une guerre des boutons, d’un bébé Homère, choeur cacophonisant, harpe toute en chinoiseries, rythme synthétique martelé et chant héroïque, avec en sus un break archi planant où frémit une lointaine voix d’opéra. L’apport hip-hop se fait appréciable, et donne toute leur saveur à un « Promise », aussi jovial qu’une porte de cimetière une nuit de soirée disco, un « Werewolfe », qui se démarque par quelques lignes de chant d’une beauté toute singulière, ou un « Animals » doucement entraînant. On note encore quelques ballades minimalistes, comme « Sunshine », jolie à défaut d’être originale (pour le coup) ou « Black Poppies » avec son effet « ersatz d’accordéon » nostalgique.

Ajouter à cela des textes joliment troussés, ainsi qu’une pochette mêlant symbolisme et réalisme signée Pierre et Gilles, et l’expérience a tout d’agréable. Les amateurs de folk de nana, de post-rock zen, de trip-hop ou d'électro champêtre et de scoubidou pourront possiblement y trouver leur compte (en Suisse). On tempérera quand même l’éloge en ajoutant qu’il manque un petit quelque chose. Un grain de folie vraiment affirmé, un soupçon d’inspiration peut-être, pour faire basculer cette nouvelle offrande cocorosienne du côté du génial, de l’extraordinaire, de la sublime transcendance des ouïes en bulles de savons extatiques. Mais ce n’est pas pour autant qu’on va bouder notre plaisir, non mais!

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   MR. AMEFORGÉE

 
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1. Rainbowarriors
2. Promise
3. Bloody Twins
4. Japan
5. Sunshine
6. Black Poppies
7. Werewolf
8. Animals
9. Houses
10. Raphael
11. Girl And The Geese
12. Miracle
13. Childhood



             



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