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2016 Crepuscule

Christian RICHET - Crepuscule (2016)
Par AIGLE BLANC le 24 Août 2020          Consultée 461 fois

S'il vous fallait citer des groupes ou artistes français officiant au sein de la musique électronique, vous penseriez en priorité probablement à Jean-Michel JARRE et bien sûr à AIR et DAFT PUNK, sans oublier l'inévitable CERRONE. En prolongeant votre recherche, peut-être se rappellerait à vous le lointain et vague souvenir, peu glorieux certes, de SPACE et de son homologue SPACE ART, voire de Didier MAROUANI, autant de noms fleurant les années 70, n'ayant pas survécu aux années 80, et auréolés d'effluves kitschissimes à souhait. La liste s'arrêterait là, faute de créativité hexagonale dans ce registre.

Pourtant, les trois premiers artistes cités sont loin d'être les seuls à avoir créé une musique électronique aussi singulière. Ainsi, la sphère semi-professionnelle, voire amateur (l'ambient si originale de Cyril P), ne manque pas d'artistes ayant abordé la musique électronique de façon inventive et personnelle, sans être pour autant prisonniers de la mode. Christian RICHET compte parmi ces derniers. Bien que né au début des années soixante, et marqué par l'ombre écrasante de PINK FLOYD et TANGERINE DREAM, ce musicien diplômé de l'Ecole Normale de musique et premier prix en percussion au CNSM de Paris a su tracer son propre sillon ne devant rien, ou si peu, à ses idoles de la sphère progressive comme électronique. Il n'est pas de ces artistes énamourés ne sachant faire que des courbettes à ses influences majeures. Lesdites influences, il les a digérées au point de pouvoir s'en affranchir pour proposer des compositions reflétant davantage sa personnalité.
Le dos du CD mentionne que Crépuscule est le septième album de Christian RICHET, ce qui suppose, âge de raison oblige, que le musicien peut y faire étalage de la panoplie de ses compétences en matière de musique électronique. L'intéressé confirme que Crépuscule synthétise la somme de ses styles, offrant de la sorte une excellente entrée en matière dans sa discographie riche déjà à ce jour de 8 albums.

Ne vous attendez pas à une musique fortement imprégnée de la scène dance ou techno, le claviériste et batteur ignorant superbement l'incontournable beat sans lequel, pour certains, il ne saurait y avoir de musique électronique digne de ce nom. Les fans d'APHEX TWIN ou de DAFT PUNK notamment risquent de n'y point trouver leur bonheur. Crépuscule ne se tourne pas pour autant vers la musique électronique old school, ses compositions ne se complaisant pas autant dans la contemplation que celles de TANGERINE DREAM ou Klaus SCHULZE durant leur période dorée des années 70. S'il est un artiste glorieux avec lequel il partage une tendance commune, ce serait plutôt VANGELIS, non pas pour le sens mélodique (personne dans ce domaine n'est allé aussi loin que le claviériste grec), mais pour l'approche "cinématographique" justement, RICHET concevant ses titres "à programme" comme de véritables courts-métrages, caractéristique particulièrement sensible dans "Crépuscule", première pièce-maîtresse de l'album avec ses deux parties distinctes totalisant près de 20 minutes, musique évolutive et linéaire, comme l'étaient "Rêve" et "Flamants Roses" dans le superbe Opéra Sauvage (1979) ainsi que "Himalaya" dans l'étonnant China (1979) de VANGELIS, composition sans couplet ni refrain qui se contente avec talent de dérouler le programme annoncé par le titre, ici donc nous rendant témoins des dernières heures du jour, ce que traduisent avec force les bruitages inquiétants d'animaux (lointain souvenir du "Echoes" de PINK FLOYD ?) ainsi que les percussions électroniques reproduisant des sons de cloches assez sinistres mais à l'effet saisissant. La meilleure façon d'apprécier "Crépuscule" est de fermer les yeux et de se laisser lentement pénétrer de l'ambiance étrange qui le parcourt, le propre d'une musique visuelle, jusqu'aux élans stridents des synthés de sa seconde partie qui évoquent ceux d'une kermesse endiablée, passage assez sidérant.
L'autre pièce-maîtresse de l'opus, "Tectroi 2", bien que moins singulière, déploie le long de ses quinze minutes un rythme épidermique initié par une boucle séquencée à forte réminiscence de TANGERINE DREAM, parenté soutenue par l'intervention inopinée d'une guitare électrique, formidablement exécutée par Moulay AIT SI Ahmed, se lançant dans une ample improvisation rock des plus probantes, comme à la grande époque du Live Encore de T. D, prouvant si besoin était l'alchimie possible entre les synthés et la guitare électrique quand celle-ci est habitée, comme c'est le cas ici. Les adeptes de guitare électrique, à mi chemin de PINK FLOYD et de Joe SATRIANI devraient se sentir comblés de bonheur.
L'album souffre de certains passages à vide comme "The Glass Harmonica Player" dont la seule originalité, trahie dès son titre, consiste à reproduire avec les claviers le chant du verre mouillé, la composition apparaissant malheureusement comme à l'état d'ébauche, sa durée excessive (9,31 min) ne lui rendant pas justice, malgré une ambiance qui eût pu nourrir un meilleur morceau. "57", sans être désagréable, ne parvient pas à dépasser le stade de l'anecdotique, même si sa position finale dans l'album plaide en sa faveur. Sa ligne mélodique eût gagné à être développée. Sa dernière partie rehausse cependant un peu l'impression globale, encore une fois rappelant certaines ambiances des B.O de TANGERINE DREAM. En fait, après l'excellent "Tectroi 2", l'album s'essouffle un peu, offrant une dernière partie plus faible couvrant malheureusement les bonnes impressions initiales.

Christian RICHET compose, interprète, produit sa musique avec talent et rigueur, accordant à chaque titre un soin maniaque perceptible dans la richesse des lignes rythmiques, son meilleur atout. Toutefois, si les pistes prises isolément demeurent intéressantes, leur agencement, bien que minutieusement calculé, ne parvient pas à conférer à l'album l'unité requise, l'ensemble sonnant plus comme une compilation, intelligente certes, de titres divers que comme un album à part entière. Il manque à Crépuscule une personnalité bien établie qui le différencierait d'un autre opus. La somme de divers titres, y compris issus des mêmes sessions, ne constitue pas forcément un album affirmé. Cette impression serait-elle due à un écart temporel trop important entre les compositions ?
Crépuscule mérite tout de même le détour, ne serait-ce que pour en apprécier la richesse des sons, dont Christian RICHET est visiblement passé maître.

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   AIGLE BLANC

 
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- Christian Richet (claviers et percussions)
- Moulay Ait Si Ahmed (guitare électrique)


1. Allegro
2. Melancholy
3. Crépuscule (part One)
4. Crépuscule (part Two)
5. Recreation
6. Tectroi 2
7. The Glass Harmonica Player
8. 57



             



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