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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  COMPILATION

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1990 Thrash The Wall
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2001 A Tribute To Abba
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VARIOUS ARTISTS - Cosmic Machine (volume 1) (2013)
Par AIGLE BLANC le 3 Mars 2025          Consultée 100 fois

L'histoire de la musique populaire, par ses inévitables raccourcis plus ou moins légitimes, nous invite à considérer l'Allemagne comme le berceau principal de la démocratisation des instruments électroniques. En effet, dans la continuité des travaux avant-gardistes de Karlheinz STOCKHAUSEN, une génération d'artistes issus de l'après-guerre intègre avec audace à sa musique les synthétiseurs Moog, Arp Odysee et autres Mellotron pour défricher le terrain fertile des nouvelles sonorités et techniques d'enregistrements, séquences et proto-samples à l'appui. De cette branche largement inspirée par PINK FLOYD, émergent les représentants de la Kosmiche Musik : TANGERINE DREAM, Klaus SCHULZE et ASH-RA TEMPLE, l'aile proto techno-indus se voyant représentée quant à elle par KRAFTWERK.

Si, du point de vue de l'influence sur la génération suivante d'où émergea la synth-wave si chère aux années 80, l'importance de la vague allemande reste incontestable, il va de soi que la France a eu également son petit rôle à jouer, même si plus anecdotique. N'oublions pas déjà l'avant-garde représentée par les travaux de Pierre HENRY et Pierre SCHAEFFER qui ont vu en leur protégé Jean-Michel JARRE l'heureux vulgarisateur* de la scène électronique des années 70.

C'est ce que tente de nous rappeler en 2013 le D.J Uncle O, alias Olivier Carrié, unique instigateur d'une rétrospective sur la musique électronique hexagonale sous-titrée 'Voyage à travers l'avant-garde française cosmique et électronique (1971-1980)'. Oncle O s'était déjà illustré dès 1998, remportant un vif succès en France, avec son anthologie en plusieurs volumes consacrée à la Soul Music et intitulée Shaolin Soul. Grand fan des années 70, ce collectionneur de vinyles devant l'Eternel s'est donc affirmé dans son rôle de passeur indispensable à la transmission d'une génération à ses descendants.

Le premier volume de cette nouvelle anthologie épouse la démarche adéquate, sans autre parti-pris que de proposer un voyage spatio-temporel à l'auditeur curieux. Le programme sélectionné par Uncle O met ainsi au même niveau les artistes célébrés en leur temps et ceux, moins connus, ayant pourtant œuvré sur la scène électronique, au point que même les connaisseurs de musique électronique devraient y faire de sympathiques découvertes.

C'est ainsi évidemment que nous croisons la route de Jean-Michel JARRE, chef de file incontesté de la scène électro hexagonale. Uncle O a l'intelligence de ne point nous imposer d'extraits d'Oxygène ni d'Equinoxe, au profit de "Black Bird", un mix de "Bridge of Promises" issu de Deserted Palace (1973), soit le premier opus 'obscur' de JARRE datant d'avant son succès international. Comme à son habitude, JARRE déploie une ritournelle assez dramatique mais qui tourne court, faute de développement mélodique. On apprécie le son d'orgue et les effets de batterie qui remplissent favorablement l'espace sonore de la composition.

Aux côtés de JARRE, figurent en bonne place Didier MAROUANI en solo. Son thème "Temps X" composé pour le générique de la cultissime émission éponyme des frères BOGDANOV ne manque pas de titiller 'la fibre proustienne' chère aux auditeurs qui en ont été bercés durant leur adolescence au cours des années 80 naissantes. Cette quasi synth-pop instrumentale, au-delà de ses sonorités un peu kitsch, a conservé une certaine fraîcheur qui en rend l'écoute agréable à défaut d'être renversante. La rythmique inlassable qui ponctue cette composition n'est pas sans évoquer celle qu'affectionne à la même époque Klaus SCHULZE dans sa période Audentity (1983). Le même MAROUANI revient à la charge au sein de SPACE, sa formation la plus célèbre, dont le compilateur nous propose le seul tube de ce volume 1, le sympathique mais suranné "Magic Fly" (1977) dont la ritournelle naïve est spécialement adaptée au 'dancefloor' de l'époque Disco.

Dans le même registre dansant, DROIDS nous livre "Shanti Dance part 1 & part 2", extrait de son unique album de 1978 Star Peace qui navigue entre KRAFTWERK et Klaus SCHULZE. La composition est suffisamment enlevée pour soutenir l'intérêt jusqu'au bout de ses 6 minutes, aidée qui plus est par d'intéressantes digressions qui en font peut-être l'une de mes pistes préférées du double vinyle.

Le plus sérieux concurrent de SPACE, le quasi homonyme SPACE ART, propose un excellent titre "Love Machine", extrait de son avant-dernier album Play Back (1980), emmené par une voix filtrée dans un vocoder (effet rétro-futuriste garanti) et que soutient une rythmique entêtante assez proche de la Motorik chère à NEU! ou CAN.

Il n'est guère surprenant non plus de rencontrer l'inamovible CERRONE dont la carrière est l'une des rares, auprès de celle de Jean-Michel JARRE, à avoir traversé plusieurs décennies et acquis une obédience internationale. Hélas, le titre retenu "Générique-Début" n'est pas vraiment représentatif de son style disco dans la mouvance de celui de Giorgio MORODER. Il s'agit d'une piste extraite de son unique B.O composée pour le film Brigade Mondaine (1978). Ce titre uniquement percussif a été sélectionné peut-être car dépourvu de chant, comme tous les titres de l'anthologie d'ailleurs.

D'autres artistes œuvrant notamment dans la musique de films se sont emparés des instruments électroniques, une façon de réduire les coûts de production, tout en assurant leur recherche sonore. C'est ainsi qu'Alain GORAGUER, arrangeur régulier pour Serge GAINSBOURG et Nana MOUSKOURI, nous offre la belle B.O du dessin animé de René Laloux, La Planète Sauvage (1973) qui flirte entre le jazz psychédélique et l'ambient futuriste. Le titre retenu ici, "Le Bracelet", met à l'honneur le thème sautillant et onirique du film dont les instruments – une flûte, une guitare, une batterie - inscrivent peu ou prou la composition dans le sillage du Carnaval des Animaux de Camille SAINT-SAËNS dont elle retrouve l'esprit farceur sans tomber forcément dans la puérilité.

Quant à Serge GAINSBOURG, il nous réserve avec "Le physique et le figuré" la plus grande surprise de cette sélection, même pour ses inconditionnels. Le chanteur-compositeur français a beaucoup servi le cinéma, parallèlement à sa carrière personnelle. Ses B.O contiennent assez de chansons absentes de ses albums pour mériter une écoute intéressée afin d'analyser le style de ce dernier. "Le physique et le figuré" est la B.O du court-métrage éponyme, film réalisé par GAINSBOURG lui-même, et qui fut éditée en 1980 sous le format 45-tours-2 titres). Il s'agit donc d'une rareté fort étonnante dans la mesure où le titre est un instrumental électronique d'une grande densité dramatique, qui peut évoquer le MORRICONE des années 70, en particulier l'atmosphère hyper-tendue de La Cité de la Violence. Parions qu'une écoute à l'aveugle pourrait décontenancer les plus fervents admirateurs de l'artiste.

Le grand François DE ROUBAIX, qui n'a pas été oublié non plus, nous offre "Survol", un titre fantastique mêlant habilement l'électronique et l'acoustique, composé pour le film documentaire de Jacques-Yves COUSTEAU, L'Antarctique (1976), B.O n'ayant injustement pas été retenue par le célèbre explorateur océanographique qui ne s'attendait sans doute pas à une inspiration si moderne et qui a préféré refuser l'intégralité de la partition au profit de quelques pièces de Maurice RAVEL, choix plus conventionnel certes.

Pierre BACHELET, qui a débuté dans la PUB et les génériques d'émissions télévisuelles, a aussi pas mal œuvré pour le 7ème Art, dont on connaît notamment sa collaboration avec le cinéaste Just JAECKIN dont le film érotique Emmanuelle a battu en son temps tous les records de fréquentation dans les salles françaises et internationales. Le Dernier Amant Romantique (1978), film presqu'oublié, fournit à BACHELET l'occasion d'un thème sympathique dont les sonorités ringardes renvoient aux films érotiques français des années 70, tandis que la ligne de basse et la rythmique répétitives ne cachent pas l'influence de la musique disco alors émergente.

Quant à Patrick JUVET, qui a travaillé avec Jean-Michel JARRE à l'occasion de plusieurs albums pop-rock-disco entre 1973 et 1978, il signe la B.O du film Laura ou les ombres de l'été (1979) de David Hamilton où il confirme son habileté dans le maniement du mellotron. Le titre "Le Rêve" bénéficie d'une atmosphère réminiscente de Klaus SCHULZE et de TANGERINE DREAM, faite de nappes ondulantes de synthétiseurs d'une grande sensualité. Hélas, la composition est trop courte (1,40 min) pour marquer suffisamment les esprits.

La rétrospective a le fort bon goût de nous faire découvrir des artistes plutôt méconnus voire obscurs, ces derniers ayant œuvré dans l'anonymat de l'illustration sonore (alias 'Library Music'). Rares parmi eux sont les musiciens ayant su se faire par la suite un nom comme Pierre BACHELET. La plupart sont des travailleurs de l'ombre qui ont été récemment redécouverts ou réhabilités, grâce à des rééditions de leurs disques ou des compilations d'origine étrangère, y compris par l'Angleterre et les USA.

Bernard FEVRE a été une source d'inspiration pour DAFT PUNK. Ce musicien autodidacte a produit quelques albums devenus aujourd'hui 'culte'. "Got Glint" des CHEMICAL BROTHERS contient un sample de son titre "Cosmos 2043". APHEX TWIN s'est enthousiasmé pour son projet Black Devil Disco Club au point de le sortir sur son label Rephlex. En 1977, paraît son titre "That Is To Be" qui contient il est vrai une certaine dose d'innovation, les sons ayant conservé aujourd'hui une certaine jeunesse.

René ROUSSEL est resté bien plus obscur. Extrait de son album Rubriques, "Caramel" a l'apparence d'un tube totalement dépassé, trop mécanique et souffrant de sonorités 'bon marché'. Il semblerait même que les fameux instrumentaux d'ALAN PARSONS PROJECT s'en soient plus ou moins inspirés. Malheureusement, "Caramel" évoque plutôt la dernière période de PARSONS, de (Vulture Culture (1984) à Stereotomy (1985), la pire selon les fans du groupe.

Si la qualité musicale du programme conçu par Uncle O ne dépasse pas la note de 3/5, sa qualité anthologique, elle, vaut largement 4/5. Chacun peut y piocher de quoi grignoter des saveurs multiples et variées. Ce double vinyle reste indispensable à toute discothèque privée voulant honorer l'histoire mondiale de la musique électronique.

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La belle BO d'un grand film oublié.




TANGERINE DREAM
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- Disque 1
1. Le Rêve
2. Temps X
3. Shanti Dance Parts 1 & 2
4. Survol
5. Magic Fly
6. Disco Energy
7. Motel Show
8. Love Machine
9. Ombilic Contact
10. Blackbird
- Disque 2
11. That Is To Be
12. Générique Début
13. Spirit
14. Chaos
15. Caramel
16. Le Physique Et Le Figuré
17. Aqua (exclusive)
18. Le Bracelet
19. E.v.a
20. Rocket Man (instrumental)



             



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