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2010 613
2020 Méridiens
 

- Style : Rone

CHAPELIER FOU - Méridiens (2020)
Par SASKATCHEWAN le 24 Août 2020          Consultée 2543 fois

Connaissez-vous le test du chapelier ? Ma foi, c’est très simple, ça ne rate jamais. C’est un truc que j’utilise quand je m’enflamme sur une sortie récente en électro. Quand j’en suis à me dire que Tartempion a réussi un grand coup sur son dernier album et qu’il joue enfin dans la cour des grands, je me passe un album de CHAPELIER FOU pour remettre les choses en perspective. Ça calme. Il y en a qui passent le test, hein !, mais ils sont à peu près aussi nombreux que les candidats de Fort Boyard qui arrivent à battre un maître du temps à l’épreuve de la feuille qui brûle. Pardon de vous jeter de la sorte ma culture classique au visage, vous n’aviez qu’à mieux écouter à l’école.

Le problème du test du chapelier, c’est qu’il ne fonctionne plus vraiment dès lors que le CHAPELIER FOU en question sort lui-même un album. Le mètre-étalon ne se mesure pas lui-même, c’est son grand défaut. Pour apprécier le sixième album studio de Louis WARYNSKI, il va falloir reprendre les opérations de mesure du méridien comme au temps de la Révolution.

Toc toc toc.
- Oui, bonjour ?
- Bonjour, gendarmerie de Saint-Père-Marc-en-Poulet, on nous a signalé un calembour laborieux sur le nom du dernier album de CHAPELIER FOU.
- Ahah, oui ! Vous tombez bien, je vous explique : l’album s’appelle Méridiens, or, c’est le méridien terrestre qui a servi à l’élaboration du mètre éta…
- NE M’OBLIGEZ PAS À TIRER !

Pardonnez leur nervosité, ils font un métier difficile. Un petit « Constantinople » à la place de la sirène du gyrophare, voilà ce qui leur faudrait pour apaiser leurs administrés. Le rythme est tranquille. Les percussions boisées effleurent les tympans comme des caresses. Un sample de cordes tournoyant vient se superposer sur cette marche débonnaire, accompagné de quelques notes fragiles au piano. C’est impeccable, trop net, alors le chapelier lâche une boucle acide pour chambouler la belle mécanique. À l’écoute, ça paraît tellement simple, tellement évident, mais imaginez-vous cinq seconde le degré de maîtrise qu’il faut avoir sur son propre son pour lâcher un séquenceur caquetant au milieu d’un orchestre de chambre.

Louis WARYNSKI n’est jamais là où on l’attend, c’est pour cela que sa musique procure un plaisir inépuisable. Il commence un morceau comme une danse campagnarde ("La vie de cocagne"), avec un violon qui sent bon les pays de l’est. Puis, il digresse, d’abord légèrement, ça commence par un pizzicato anodin, et BAM ! il glisse une nappe de synthés oppressante et voilà que vous tombez nez-à-nez avec un robot tueur au milieu de votre idylle champêtre à la Janáček. C’est un ninja du son : ils vous porte trois coups mortels, chaque fois avec une arme différente, sans vous laisser le temps de dire « C’est pas mal ce morc… AAAAAaaaaaargh. »

Tandis que les techniciens évacuent le corps du lecteur précédent, je me permets de vous signaler que CHAPELIER FOU sait tout faire. Mélodie pop-rock à la guitare ? Vas-y : "L’État nain". Grosse techno qui tache ? Facile : "Cattenom Drones". Musique électronique des années 70 ? Pas de problème : "Everest Trail". IDM comme à la grande époque ? Tenez, c’est gratuit : "Le triangles des bermudes". Ça part dans tous les sens, mais sans jamais donner l’impression d’un bric-à-brac post-moderne qui se complaît dans ses références. Il n’y a pas de références : personne d’autre ne sait composer comme ça.

Il faut l’écouter pour le croire ! "Le désert de Sonora". Si, si, j’insiste, écoutez "Le désert de Sonora". On y entrevoit, l’espace d’un instant, le fantôme de CHOSTAKOVITCH et de BARTÓK, les deux grands maîtres du quatuor à cordes au XXe siècle. Les cordes sont triturées jusqu’à l’indicible, ça gratte, ça percute, ça feule… Zoom arrière de la caméra : le maestro jouait en fait du crincrin sur l’aire de lancement de Baïkonour. La fusée décolle dans une envolée de synthés 8-bit digne de le B.O. de l’un des premiers Final Fantasy.
« Non, non, c’est trop copieux, je n’y arriverai pas, moi j’aime la musique qui vient des tripes, une gratte, une voix, de l’émotion pure, tu vois ? » Mais de quoi parles-tu petit chaton effarouché ? Le CHAPELIER FOU peut aussi t’envoûter avec trois notes de guitare jetées sur une mélodie fragile ("Le méridien du Péricorde"). Il te cajole de quelques mesures de contrebasse ("Am Slachtensee"). Il souffle la tempête et l’accalmie sur un océan de cordes ("L’austère nuit d’Uqbar"). Il n’y a qu’à se laisser porter.

Merci. Merci papa-maman de m’avoir fait naître à la veille du XXIe siècle, peu de temps après CHAPELIER FOU et dans le même pays, pour que mes conduits auditifs profitent de sa musique exceptionnelle. C’est notre Raïs à nous, un grand homme, il marquera l’histoire.

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   SASKATCHEWAN

 
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- Louis 'chapelier Fou' Warynski (tout)


1. L'austère Nuit D'uqbar
2. Constantinople
3. Insane Realms
4. Cattenom Drones
5. Le Triangle Des Bermudes
6. L'etat Nain
7. Asteroid Refuge
8. Am Slachtensee
9. La Vie De Cocagne
10. Le Méridien Du Péricorde
11. Le Désert De Sonora
12. Everest Trail



             



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