On le sait, Berry Gordy le patron de la motown, voyait dans les frères JACKSON la planche à billet qui lui ferait office de plan épargne retraite. Alors, après avoir lancé avec succès les carrières solo de Michael et de Jermaine – déjà détenteurs de deux albums solos chacun -, il a pensé que l'aîné de la fratrie serait une cible de choix pour un public féminin qu'il imagine déjà acquis à sa cause. Le personnage est central dans les shows, souriant et paraît sain, serein et fiable. Les quelques interventions en solo dont il s'est vu gratifiés au cours de la disco déjà conséquente des brothers ont laissé entendre un filet de voix en mode haut ténor, presque falsetto... Bah, peu importe après tout, il faut surfer sur le succès des frères. La corporation se met rapido au boulot et l'album est enregistré mi 72 mais... ne sortira que plus d'un an plus tard.

Que sait-on de notre Sigmund ? Qu'il est passionné de baseball et voulait devenir pro, qu'il a donc un véritable physique de sportif, et qu'il est fort discret en général. Finalement, sa seule vraie passion voyez-vous, c'est les femmes, ouais, c'est le patronyme qui parle, pas de doutes, et il semblerait que les femmes le lui rendent bien.

Alors comment dire, tout débute avec "Love Don't Want To Leave" et ses intonations poppy. La voix de Jackie choque un peu de prime abord, très haut perchée, tout ceci risque fort de nous donner un registre assez limité. Cette première chanson n'est pas honteuse, mais ne peut clairement pas s'aligner face aux contributions de ses frangins, sans parler des JACKSON 5. "Didn't I", une reprise des DELFONICS est plus sympa avec sa jolie boite à musique. Cette fois, Jackie chante de manière plus grave, et ce registre me semble mieux convenir. Le résultat est sympa en tous cas, mais le refrain, hélas, nous relance dans des errements vocaux franchement dispensables. L'autre reprise est de Smokey ROBINSON, il s'agit de "Bad Girl", qui est tout sauf utile.

Tout le reste provient de la plume de la corporation... On déverse des tonnes d'ambiance sirupeuse sur "It's So Easy", et la voix s'adapte mal à un registre qui se voudrait plus smooth, à l'instar de celui de son frère Jermaine. "You're The Only One" est horrible, et on continue dans le genre avec un "Thanks To You" à vomir. "Do I Owe" nous replonge dans une ambiance doowop, mais Jackie n'est pas Frankie VALLI, sa voix de tête n'a pas la même consistance, le résultat est donc transparent. "In My Dreams" est à peine moins pire, le chant de Jackie ne fait décidément pas l'affaire. L'intro parlée de "Is It Him Or Me" est naze, tout le monde n'est pas Barry WHITE, et le reste du titre ne passe pas le cap de l'écoute. Enfin, "One And The Same" est le seul mid tempo de la bande, au refrain pas mal troussé. Tout cet album n'est finalement qu'une cure de guimauve insupportable.

Avec le temps, nous verrons que Jackie dispose de certains talents de composition, mais pour le chant, il faudra repasser... ou pas. On comprend mieux l'inaction de la motown quand à la sortie invisible de ce disque. Promouvoir une telle bouse relève du masochisme le plus absolu. Il faut être une folle des JACKSON 5 et du personnage de Jackie pour acquérir un tel objet. Ce premier opus de Sigmund JACKSON, l'aîné des fils de Joe, est donc parfaitement dispensable . Croyez moi la dessus, n'écoutez même pas. Un zéro pointé !