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2018 Anguish
 

- Membre : Faust, Dälek

ANGUISH [INTL] - Anguish (2018)
Par K-ZEN le 20 Novembre 2020          Consultée 1053 fois

Ce n’est pas la première fois que DÄLEK rencontre FAUST. En 2004, les deux météores entraient en collision pour un versus, dans la plus pure tradition du hip-hop. De Derbe Respect, Älder, on se remémore avec frisson son épicentre final, le tétanisant « T-Electronique », où le krautrock teinté de drone-indus du groupe allemand épousait parfaitement les lignes distillées par le rappeur américain.

Nos deux entités ont tout pour mutuellement se plaire, ce goût d’abattre les cloisonnements, de défricher des contrées plus ou moins déjà partiellement explorées ou de foncer à tombeau ouvert dans l’inconnu.

C’est dans cette logique d’élargissement du champ des possibles que l’on s’est réunis, à la manière d’un speed-dating mais de 3 jours, dans le petit salon des Scheer Studios, près de la frontière suisse, à Swabia, petite ville allemande. Autour des muffins et des tasses de thé improvisées, on retrouve à nouveau DÄLEK (le MC Will BROOKS et le guitariste Mike MARE), un morceau du groupe de free jazz suédois FIRE ! ORCHESTRA (le saxophoniste Mats GUSTAFSSON et le batteur Andreas WERLIIN) et le maître de cérémonie sera le claviériste Hans Joachim IRMLER, membre originel de FAUST.

Le patronyme utilisé pour ce supergroupe sera ANGUISH. Un mot signifiant « angoisse », savamment illustré.

Regardez cette pochette. Que vous inspire-t-elle ? Un effroi, un malaise ? Ce serpent ayant trouvé refuge au sein d’un crâne humain symbolise-t-il le reptilien présent en chacun de nous ? Celui qui commande de pas reprendre cette cinquième pinte de bière ou de fermer les yeux dans le bus de retour de soirée au nom de l’instinct de survie ? Moi, ce reptile habilement dissimulé me fait également songer à cette araignée surprenant Tintin, nichée dans la rachitique boîte de biscuits sur l’aérolithe mystérieux et démoniaque. Un arachnide sous forme de fil rouge finalement, déjà croisé dans l’observatoire du professeur Calys ou sur l’affiche du prophète annonçant la fin du monde.

L’ouverture des hostilités est instrumentale. "Vibrations" porte bien son nom. Les notes tranchantes de saxophone ténor lacèrent un cadre qui n’en a nullement besoin, un drone downtempo saturé de claviers tempétueux entre SUPERSILENT et SOFT MACHINE, la descente ténébreuse dans la grotte humide "Facelift", première face de Third, revenant dans toutes les mémoires. ANGUISH met dans le mille d’entrée.

Quand DÄLEK débarque à proprement parler, il le fait au son de la guitare de Mike MARE, distillant un bon riff sur le post-punk de "Cyclical/Physical", qui se prolonge sur le plus sombre et bruitiste "Gut Feeling". Entre-temps, le titre éponyme surprend avec son feeling jazz assumé, réminiscence des vapeurs de bourbon et de tabac de Small Change avec un Tom WAITS en devanture, qui n’avait pas encore trempé ses cordes vocales dans l’anthracite et le blues garou de CAPTAIN BEEFHEART.

Cette influence, on la retrouve sur "Healer’s Lament", titre le plus long et méditatif de l’album. Cette chanson s’inscrit en une suite efficace de Untitled, l’album bizarroïde et méconnu de DÄLEK où il se mettait en danger encore plus que d’accoutumée.

L’intense instrumental "DEW" est traversé par les éructations free jazz de GUSTAFSSON au ténor. Titubant sous les coups de butoir, il laisse sa place à "A Maze Of Decay", étrange mixture électronique et industrielle sortie de sa torpeur par les secousses aléatoires de saxophone ou les lignes assénées avec force par BROOKS. "Wümme", baptisé du nom de la ville de formation de FAUST, boucle la boucle avec un krautrock kilométrique, mené de main de maître par la section rythmique (basse, batterie) et se terminant dans la fureur et la folie.

Au cœur du salon de ce minuscule chalet de Swabia, une légère sonnerie fait soudain irruption, semblant venir de la cloison même. Comme habité, Mark, le pianiste de jazz, déplace la bibliothèque et commence à pilonner le mur de sa pioche. CLUSTER, les deux AMON DÜÜL, CAN et Ennio MORRICONE terminent leur bœuf les pieds dans la neige carbonique, entre les flashes cosmiques qui voient se conjuguer supernovæ et lampes à pétrole.

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   K-ZEN

 
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- Will Brooks Aka Dälek (chant, samples, effets, moog, piano)
- Mats Gustafsson (saxophone tenor, claviers, piano)
- Hans Joachim Irmler (synthétiseurs, chant)
- Mike Mare (guitare, claviers, synthétiseurs)
- Andreas Werliin (batterie, percussions)


1. Vibrations
2. Cyclical/physical
3. Anguish
4. Gut Feeling
5. Brushes For Leah
6. Healer's Lament
7. Dew
8. A Maze Of Decay
9. Wümme



             



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