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DOOMED SOUL/HIP HOP  |  STUDIO

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2023 Shook

ALGIERS - Shook (2023)
Par K-ZEN le 17 Juin 2023          Consultée 1149 fois

Très bien le dernier ALGIERS. Plein d’ambiances différentes.

Voici un résumé à peu près fidèle de la description qu’on m’en a faite, chez mon disquaire favori, confirmant une première impression pas si mauvaise donc, puisque je l’avais déjà présélectionné dans mon panier virtuel, aguiché par certains éléments.

Cette jaquette évidemment, un canidé à l’œil accablé, face visant terre, essayant de mordre en vain les chaînes le contraignant. Est-il loup ou chien à cet instant précis, nul ne peut en être certain, tout comme l’endroit où il se tient à l’instant tait. Simplement distingue-t-on deux marches minérales sous ses pattes, un piédestal peut-être où il fut planté, installé en vue d’autres plans. Une humidité ambiante complète le tableau, rude froid polaire polarisant entièrement l’attention et grignotant lentement les chairs.

A l’intérieur du livret, peu de vie supplémentaire injectée. La route timidement éclairée par un pâle réverbère ne se révèle que peu fréquentée, seul un gigantesque arbre se charge d’oblitérer un ciel déjà bien bas. Ce végétal, on le retrouve parmi les premières images composant le clip de "I Can’t Stand It !", peut-être mort, flash parmi les paysages semi-urbains désertés dans lesquels les charognards deviennent rois. Un magnifique titre entre dub et downtempo, invitant Samuel T. HERRING et célébrant souvenirs, regrets mais aussi espoir. Car malgré toutes les épreuves, je sais ce que je veux.

Les dommages sont cependant irréversibles. Et le temps écoulé.

Phrase originelle animant soudain le dubstep des enfers que constitue la collaboration avec le chanteur de RAGE AGAINST THE MACHINE Zack DE LA ROCHA, un audacieux premier single extrait bien en amont. Une tension palpable, alimentée par ce riff de guitare suraigu, sonnant presque comme une cornemuse. Un choc certes non inaugural, le terme apparaissant quelques instants plus tôt dans l’ultime couplet concluant "Everybody Shatter", narré par le rappeur américain BIG RUBE.

Beat robotique, nappes inquiétantes et futuristes, une basse imposante tapie dans l’ombre bientôt rejointe par une voix soul chaude pour infuser tout cela. Un groove invraisemblable prenant sa forme animée sur un refrain ultra accrocheur convoquant des guitares, en même temps qu’un instantané sur lequel figurent les GANG OF FOUR au complet. Voici donc la carte de visite que me présenta ALGIERS lors de notre rencontre originelle.

Réunissant les trois multi-instrumentistes américains Franklin James FISHER, Ryan MAHAN et Lee TESCHE, le groupe est officiellement formé à Londres en 2012 via la sortie de son premier single. Le trio sera rejoint en 2015 par le batteur de BLOC PARTY Matthew TONG. Ils choisirent le terme Algiers en référence à la capitale algérienne, site historique clé en termes de lutte anticoloniale et espace tumultueux où violence, racisme, résistance et religion s’agrégèrent, comme leurs diverses influences artistiques : post-punk, hip hop, la littérature Southern Gothic typique du sud des États-Unis et le concept d’autrui.

Leur conscience politique se manifeste clairement dans l’ultime paragraphe que nous livre "Momentary" et interprété par Lee BAINS III, chanteur au sein des GLORY FIRES, nous renvoyant sans nul doute aux évènements Black Lives Matter : Les marcheurs sur le boulevard. Mettront un genou à terre. Lèveront leur poing. Abandonneront leur visage. Silencieux au cœur du trafic. Comme une pierre dans une rivière déchaînée. Quand nous mourrons. Notre bien-aimé. Notre sang. N’aie crainte. Nous nous dressons. Une fermeture gospel pluvieuse agrémentée de saxophone, accréditant l’appellation soul dystopique, un jour employée par certains critiques à l’égard d’ALGIERS.

Ailleurs nous oscillons entre spoken words inquiétants, titres punk rock étonnants aux riffs incisifs et feelings jazz relativement décontractés. YOUNG FATHERS en featuring avec MASSIVE ATTACK ou pas, clipping., la complexité d’un MARS VOLTA qui sortirait finalement son album rap voire la rage destructrice animant les BAD BRAINS. Shook c’est un peu tout cela à la fois.

Un bien bel ouvrage à ranger entre Ill Communication des BEASTIE BOYS et l’ultime réalisation composée par Gil SCOTT-HERON dans laquelle "Me and The Devil" et à travers elle Robert JOHNSON étaient démentiellement transfigurés.

Au cœur de Norska, ce que l’on nommait septième forme venait d’être révélée aux infortunés par l’intermédiaire d’un monumental volcan suspendu crachant verre et vent. La folie gagnait les rangs, faucons assassinés par leurs éleveurs, combats à mort incompréhensibles entre clones malfaisants. Le diable venait de prendre possession de la Horde, en état de choc catatonique, s’offrant au cataclysme tout proche.

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   K-ZEN

 
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- Franklin J. Fisher (chant, guitare, claviers, basse, violoncelle, samp)
- Ryan Mahan (chant, guitare, basse, claviers, boîte à rythmes, )
- Lee Tesche (chant, guitare, claviers, saxophone ténor, samples)
- Matthew Tong (batterie)


1. Everybody Shatter (feat. Big Rube)
2. Irreversible Damage (feat. Zack De La Rocha)
3. 73 %
4. Cleanse Your Guilt Here
5. As It Resounds (feat. Big Rube)
6. Bite Back (feat. Billy Woods & Backxwash)
7. Out Of Style Tragedy (feat. Mark Cisneros)
8. Comment #2
9. A Good Man
10. I Can’t Stand It ! (feat. Samuel T. Herring & Jae
11. All You See Is…
12. Green Iris
13. Born (feat. Latoya Kent)
14. Cold World (feat. Nadah El Shazly)
15. Something Wrong
16. An Ecophonic Soul (feat. Deforrest Brown Jr. & Pat
17. Momentary (feat. Lee Bains Iii)



             



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