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1963 Trini Lopez At Pj'S

Trini LOPEZ - Trini Lopez At Pj's (1963)
Par LE KINGBEE le 28 Novembre 2020          Consultée 1194 fois

Les musiciens américains ont payé un lourd tribut face au Covid-19. Trini LOPEZ est ainsi décédé le 11 août 2020 à 83 ans à Palm Springs (Californie). D'ascendance mexicaine, Trini est originaire de Dallas où sa famille a débarqué en provenance de Moroléon, ville à mi-chemin entre Mexico et Guadalajara. Issu d’une famille musicienne, son père est chanteur et danseur dans un ensemble folklorique, il passe son enfance à Little Mexico, quartier de Dallas où s’entasse une forte population mexicaine et se met très tôt à la guitare. Adolescent, il fait ses gammes dans les tavernes de la mégapole au sein des Big Beats. Il débute sa discographie en enregistrant deux instrumentaux pour la Columbia dans les studios de Norman Petty, sur les conseils du paternel de Buddy HOLLY. Mais si Trini est un bon guitariste, il préfère avant tout chanter. En 1958, il poursuit chez Volk, un label local, avec "The Right Is Rock". Le single lui permet de se faire remarquer par King Records, la firme de Syd Nathan à Cincinnati qui le prend sous contrat. Le guitariste met en boite une dizaine de singles sans succès probant. Il enchaîne chez Dra Records, label hollywoodien d’Irving Don, sans plus de réussite. Mais producteur avisé et malin, Don garde sous le coude quelques titres qu’il revendra par la suite à la Columbia, toute de suite après la montée en flèche de LOPEZ.

Alors qu’il devait intégrer The CRICKETS, l’ancien groupe de Buddy HOLLY, Trini se retrouve à Hollywood sans un rond et le projet tombe à l’eau. Afin de subsister, il va jouer à Beverly Hill au Ye Little Club et s’établir ensuite à West Hollywood où il décroche un contrat de trois semaines au PJ’s, célèbre club ouvert en 1961. Repéré par Frank SINATRA, Trini joue au PJ’s pendant quinze mois et décroche un contrat de huit ans avec Reprise Records, le label fondé par SINATRA et Dean MARTIN. Alors que la toute la Jet Set, de nombreuses vedettes hollywoodiennes et un jeune public friand de nouvelles tendances se pressent tous les soirs au PJ’s, le club connait son apogée avec les venues des STANDELLS, Rufus THOMAS, Bobby Fuller et Johnny Rivers.

Si le label Reprise connait de bonnes ventes via ses productions Jazz (Duke Ellington, Count Basie, Dizzy Gillespie, Sidney Bechet) et les inamovibles Dean MARTIN, Frank SINATRA et Sammy Davis, c’est Trini LOPEZ qui va rafler la mise avec ce premier disque enregistré en Live dans l’antre du cabaret hollywoodien.

Le single "If I Had A Hammer", une compo de Pete SEEGER et Lee Hayes reprise avec succès par le trio PETER PAUL & MARY, va casser la baraque en atteignant la 3ème marche des charts US, le titre se classant Numéro dans 25 pays européens. L’album Live connaîtra un succès totalement inattendu, et sera annonciateur d’un changement de tendance. SINATRA confie la production du Live à Don Costa, un ancien d’ABC Paramount et United Artists, qui vient de réaliser des prouesses en s’occupant des arrangements de "Sinatra And Strings". En fait, il semblerait que Costa ait connu Trini LOPEZ bien avant le crooner.

Enregistré dans une petite salle en fusion , on est tout de suite dans le bain. Il faut dire que le trio est particulièrement bien rôdé et qu’il bénéficie d’une assistance totalement acquise à sa cause. Le chanteur est secondé par une superbe section rythmique avec le batteur Mickey Jones (futur équipier de Bob DYLAN et Kenny Rogers) et le bassiste Dick Brant (un contrebassiste issu du Jazz. Mais la grande réussite de l’album, outre la joie et la spontanéité du trio, consiste en un choix de chansons assez particulières. Lors d’une interview postérieure, Trini LOPEZ déclarait qu’il avait privilégié les textes mais aussi les mélodies qu’il aimait et que le trio essayait d’en proposer des versions dansantes sans faire abstraction des textes, la notion de message étant importante aux yeux du guitariste.

Quoi de mieux que de reprendre "America" en ouverture ? Issue de la comédie musicale "West Side Story" de Leonard BERNSTEIN et Stephen Sondheim, cette chanson transformée en carton via le film de Robert Wise oscarisé à dix reprises, impulsait une vigueur et une humeur dansante terriblement contagieuse, via Rita Moreno. Ouvrir le concert avec ce titre à West Hollywood où la communauté hispanique est nombreuse est à lui seul un gage de réussite. Si la version de LOPEZ est moins virulente que la version d’origine, elle reprend grosso modo celle de la splendide Rita Moreno. Rien à voir avec l’adaptation d’Henri Salvet chantée par Dario Moreno qui frise non pas la parodie mais le ridicule.
Le trio n’aurait-il pas jeté là toutes ses cartouches dès la première danse ? Non, il suffit d’écouter la puissance de "If I Had A Hammer" titre contestataire par excellence. Repris avec succès juste un an avant par PETER PAUL & MARY,Lopez parvient encore une fois à booster le texte malgré une coloration plus légère et teintée de touches latines. Chez nous, Vline Buggy, pseudo de deux frangines parolières, allait complètement édulcorer la chanson suite à une mauvaise compréhension du texte. Les sœurs Konyn se mélangeront les pinceaux en prenant les camarades syndicalistes pour des frères et des sœurs. Cette incompréhension sera renforcée par l’interprétation d’un jeune blondinet qui ne pensait alors qu’à danser et sauter comme une sauterelle. Lopez délivre l’une des versions les plus porteuses avec celles des Weavers, de Barbara Dana ou d’Odetta.
Vieux titre des années vingt de Ray Henderson, pianiste de Tin Pan Alley, "Bye Bye Blackbird" tombera dans le répertoire de nombreuses chanteuses de Jazz (Peggy LEE, Carmen McRAE, Nina SIMONE) et de quartet de Jazz (Miles DAVIS, Kenny DORHAM, Slam STEWART). Là, si la chanson reprise en chœur par le public est destinée avant tout à faire reposer les soupapes, c’est vers une pigmentation Folk que nous convie le guitariste.

Entre Folk et Folklore, la frontière est parfois assez mince. Le groupe reprend trois intemporels issus d’influences hispaniques : "Cielito Lindo", curieusement accrédité à Trini par Reprise, est une création célèbre du mexicain Quirino Mendoza y Cortes. Là dans une ambiance limite feu de camp, le guitariste parvient facilement à impliquer la salle via un refrain imparable : "Ay, ay, ay, ay - Canta y no llores - Porque cantando se alegran - cielito lindo, los corazones… ". Issu du folklore typique de Vera Cruz, "La Bamba" remonte probablement au début du XXème siècle. Ce titre servant à l’origine à la célébration de mariage fut enregistré avant-guerre par El Jarocho. Si la chanson, célèbre au Mexique a été utilisée lors de la campagne présidentielle de Miguel Valdés en 1946, c’est bien sur Ritchie VALENS (décédé dans le même accident d’avion que Buddy HOLLY) qui allait la populariser en 1958 dans un registre purement Rock n Roll. Immense succès, la version de VALENS n’intègrera jamais le Top 20, il faudra attendre 1987 pour que LOS LOBOS remettent les pendules à l’heure via la BO du film "La Bamba" avec Lou Diamond Phillips. "Granada", autre titre en provenance du terreau mexicain, est une création du tandem Agustin Lara et de l’australienne Dorothy Dodd enregistrée dès les années trente par Pedro Vargas. Le titre tombera dans les mailles du registre Opérette via Mario Lanza, Luis Mariano et Placido Domingo; les crooners Bing CROSBY, SINATRA, Frankie LAINE le reprendront aussi à leur compte. Même le groupe Disco Baccara tentera d’en faire une version dansante. La présente version empreinte d’une légère coloration Folk nous parait plus judicieuse, la guitare flamenca et rythmique de Lopez permet de gommer toute trace de dramaturgie et de lyrisme excessif.

Si elle ne vaut pas l’original, le trio nous délivre une bonne reprise de "What’d I Say", de Ray CHARLES, titre qui implique le public et rempli la piste de danse du PJ. Seconde visite dans le répertoire du Genius avec "Unchain My Heart" dans une interprétation plus Folk que la moyenne des reprises et surtout moins hyperbolique que celle de Joe COCKER.
Comme souvent à cette époque, le trio nous offre un long medley de plus de six minutes regroupant cinq succès éclectiques : "Gotta Travel On" des WEAVERS de Pete SEEGER, "Down By The Riverside", une chanson contestataire qui prend sa source dans plusieurs Spirituals et qui sera mise à toutes les sauces. Si certains auront une préférence pour la version enregistrée par Pete Seeger secondé par le duo Sonny Terry/Brownie McGee ou celle antérieure de Big Bill BRONZY, Lopez et ses musiciens s’en sortent plutôt bien. C’est autre chose que "Il fait bon vivre", adaptation française d’Annie CORDY et des Compagnons de la Chanson. "When The Saints Go Marchin In" a connu de nombreuses variantes entre le Gospel des Paramount Jubille Singers, la protest song des Weavers, la version Jazzy de Louis Armstrong. Là Trini dévie sa source pour la diriger aux confins du Folk. Le trio nous délivre "Marianne", titre folk gentillet des Easy Riders de Terry Gilkinson fortement pompé sur "Mary Ann" de Roaring Lion, chanteur de calypso trinidadien. Chez nous Henri Salvador, les Compagnons de la chanson en offriront des adaptations discutables. On lui préfèrera celle de la soprano Maria Candido. Le trio ferme son medley avec "Volare", tube mondial crée par l’italien Domenico Modugno, mitonné à la sauce américaine par Dean MARTIN et réaccommodé à la française via DALIDA, Tino ROSSI ou George GUETARY avec « Dans le bleu du ciel bleu ». Un titre entendu tellement de fois qu’il finit par asphyxier.
Gardons le meilleur pour la fin avec "This Land Is Your Land", un Folk de Woody GUTHRIE composé en réponse au "God Bless America" d'Inving Berlin que le protestataire jugeait déplacé et neuneu. Si la mélodie est basée sur "When The World-s On Fire" de la Carter Family, elle même pompée sur "Rocks Of Ages" de Blind Willie Davis. Si ce titre plus ou moins protestataire a été mis à toutes les sauces (on recommande la version Soul Vintage de Sharon JONES) ici il sert de fédérateur, Trini LOPEZ parvient avec ce morceau pas très éloigné du message à créer du liant entre les différents titres, son public et ses auditeurs.

Trini jouera par la suite dans une poignée de films. On se souvient surtout de lui dans le rôle Pedro Jimenez, l’un des 12 salopards de Robert Aldrich. Il participera au cours de sa carrière à plusieurs pièces de théâtre. Trini a également représenté le fabricant de guitares Gibson, il est à l’origine de deux modèles portant son nom : la Lopez Deluxe et la Trini Lopez Standard. Deux modèles rares et très recherchés des collectionneurs. Trini LOPEZ s’est produit sur toute la planète jusqu'aux derniers jours de sa vie. Avec ce "Live At The PJ’s", le guitariste laisse derrière lui un album emblématique du Folk US de la première moitié des sixties. Il existe un pressage français de 1963 dont la pochette indique Original Surf, une mention erronée et inutile. Ce disque a depuis fait l’objet de multiples rééditions vinyles et CD.

⃰ Titre homonyme à celui de David Essex.

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   LE KINGBEE

 
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- Trini Lopez (chant, guitare)
- Mickey Jones (batterie)
- Dick Brant (basse)


1. A-me-ri-ca
2. If I Had A Hammer
3. Bye Bye Blackbird
4. Cielito Lindo
5. This Land Is Your Land
6. What'd I Say
7. La Bamba
8. Granada
9. Medley
10. Gotta Travel On/down By The Riverside/marianne/whe
11. Unchain My Heart



             



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