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2003 Chinatown

The BE GOOD TANYAS - Chinatown (2003)
Par LE KINGBEE le 2 Janvier 2021          Consultée 688 fois

La rencontre entre Frazey Ford (aucune parenté avec John et Gerald), Samantha Parton (aucun lien avec Dolly) et Trish Klein remonte à 1999. Les trois Canadiennes se produisaient dans le circuit écolo où elles animaient des Tree Planting Camps, des opérations dédiées à la reforestation en Colombie Britannique, l’une des provinces du Canada. De retour dans une civilisation plus urbaine, les trois amies décident de monter un groupe et posent valises et instruments à Vancouver.
Après une première autoproduction en 2000, le trio décroche un contrat avec Nettwerk, un label canadien au catalogue riche en surprises et dans lequel figurent : Old Crow Medicine Show, Abigail Washburn (ex-UNCLE EARL), Skinny Puppy, Erin McKeown et les Français d’Autour de Lucie. Il faut dire qu’à l’orée du nouveau millénaire, The BE GOOD TANYAS a écumé avec succès le Canada et le Nord des Etats-Unis, draînant derrière lui une foule de nouveaux admirateurs.

En 2007, le groupe se sépare plus ou moins, les trois musiciennes entamant des carrières solo, tout en prenant soin de s’inviter les unes chez les autres dans leurs projets respectifs. Pas facile de couper le cordon ombilical après avoir connu une si solide amitié. En 2011, The Be GOOD TANYAS se reforme et recommence à écumer les scènes du territoire. Suite à un grave accident de voiture qui lui occasionne un AVC, Samantha Parton (à gauche sur la pochette dorsale) se voit remplacée par Caroline Ballhorn ou l’américaine Jolie Holland, complice de la première heure, celle des Tree Planting Camps. Fort heureusement, Samantha a depuis rejoint le gros de la troupe.

Enregistré à Vancouver au Bakerstreet Studios, où le groupe a gravé son premier opus, et au Smilin’ Buddha, une salle de spectacle transformée en 2013 en cabaret-restaurant et dont le patron vient de mettre la clef sous la porte après soixante ans d’activité, Chinatown délivre un superbe patchwork dans lequel s’emboîtent du Folk, du Gospel, du Blue Grass, de la Country Alternative, quatre registres rentrant de plein fouet dans ce que certains médias nomment désormais Americana. Pour plus de précisions, ce recueil est à ranger sous l’étiquette Newgrass.

Chinatown propose une moitié de compositions pour autant de reprises souvent issues du Traditionnel. Frazey Ford (à droite sur le visuel dorsal) demeure la principale pourvoyeuse en matière d’écriture avec quatre compo'. Samantha Parton en délivre deux autres tandis que "Horses" est le fruit d’une création collective.
En ouverture, "It’s Not Happening" propose une agréable métaphore sur la solitude et le déni de la réalité. Le chant parfois irrégulier, à l’image des cordes tour à tour frottées, grattées ou caressées, instaure un climat ambigu entre réconfort et angoisse. "The Junkie Song" dévoile un caractère plus sombre et dénonce l’absence d’une prise en charge des toxicomanes qui fourmillent la nuit dans un quartier de Vancouver. Entre compassion et colère, Frazey Ford n’oublie pas qu’elle pourrait se retrouver de l’autre côté de la barrière, un sentiment renforcé par le cornet d’Olu Dara (ex-Henry THREADGILL, Cassandra Wilson, Corey Harris). "Ship Out On The Sea" renvoie encore une fois à un amour incertain sur un tempo médium qui pourrait s’inscrire dans un recueil de Joni MITCHELL. Les harmonies vocales se mêlent à un délicat assemblage de guitares, de banjo et d’une petite basse. Entre comptine et berceuse, "Dogsong 2" évoque le départ du meilleur ami de l’homme parti pour des jours meilleurs, enterré dans la colline où la bête aimait se balader avec sa maîtresse. Une chanson mélancolique très proche d’une histoire vécue. Le plaintif "In Spite Of All The Damage" évoque encore une fois un amour perdu et gâché. Thématique similaire avec "Lonesome Blues", une valse hyper lente, pleine de nostalgie et dans laquelle le fiddle de Jolie Holland accentue la tristesse.

Le trio reprend également plusieurs Traditionnels cuisinés à la sauce Newgrass. C’est ainsi qu’on retrouve "Rowdy Blues", un blues rustique gravé à la fin des années vingt par Kid Bailey, encore une histoire d’amour qui ne verra jamais le jour. Une version qui nous paraît plus sincère et moins ampoulée que celle de Fiona Boyes. Avant que les ANIMALS n’en fassent un hit mondial, transformant les arpèges de DYLAN et en y ajoutant des volutes d’orgue, "House Of The Rising Sun" avait fait l’objet de nombreuses versions sous plusieurs titres. Enregistré pour la première fois par le tandem appalachien Clarence Ashley/ Gwen Foster sous l’intitulé "Rising Sun Blues", le titre est accommodé à toutes les sauces. Ici, le trio propose une version décalée en octave dans la lignée de celles de Joan BAEZ ou Joni MITCHELL. Un titre d’une douceur incomparable sur laquelle les guitares acoustiques et le banjo s’entrelacent avec une rayonnante simplicité. C’est autre chose que l’adaptation française de Vline Buggy popularisée chez nous par HALLYDAY et massacrée plus tard par Lââm. Œuvre de Blind Willie Johnson, célèbre prédicateur non-voyant, "Jesus Make Up My Dying Bed" se retrouve transformé en "In My Time Of Dying" dans le premier disque de Bob DYLAN. Cette variante où un homme aspire à rejoindre le Seigneur dans la plus parfaite tranquillité connaît de bonnes reprises (Pop STAPLES, John MELLENCAMP ou les Hollandais de Shocking Blue). Le titre est l'objet d'une résurgence par le biais d’une version Heavy Blues de LED ZEP. Encore une fois, la symbiose tout en simplicité entre les accords de guitare, d’ukulélé, de banjo, la voix de Frazey Ford et les chœurs est à tomber par terre, malgré une thématique peu festive encore une fois. Dernier Trad. avec "I Wish My Baby Was Born", un vieux titre issu du folklore appalachien figurant au générique du film "Retour à Cold Mountain" avec Nicole Kidman, Renée Zellweger et Jude Law, sorti la même année. Si les intonations de Frazey Ford peuvent parfois faire penser à Natalie MERCHANT, la mandoline de Trish Klein instaure une ambiance pleine de grisaille alors qu’en arrière-plan un accordéon tente d’apporter un brin de chaleur.
Le trio agrémente le disque de deux reprises plus contemporaines : le sombre "Waiting Around To Die" de Townes Van Zandt, une ode à l’alcool, la drogue, à la médication et à la mort dans une version aussi somptueuse que lugubre. En guise de fermeture, elles reprennent "Midnight Moonlight" de Peter ROWAN. Si l’auteur a repris son titre à moult reprises, lui offrant de multiples colorations, la chanson est souvent utilisée par de nombreux petits groupes de Bluegrass, ceux-ci apportant une note plus festive. Ce morceau traite de compassion, de rédemption et d’un Sauveur. La guitariste Tish Hinojosa en proposait une excellente version parfumée d’une teinte Tex-Mex assez joyeuse. A contrario, c’est une teinte mélancolique mais pleine de douceur que nous propose le trio.

Chinatown propose de superbes entrelacs de cordes venant se poser sur un tissu sonore relativement austère. Le côté sombre du Folk Hillbilly des Appalaches se reflète nettement sur l’ensemble du contenu. La simplicité des instruments essentiellement acoustiques, la qualité des arrangements et des harmonies vocales font de ce disque une pure pépite de Newgrass. Il serait très étonnant que les lecteurs se mettent à danser la Chenille en écoutant ce disque, mais ces trois musiciennes nous offrent un retour vers un Folk basique souvent ambigu et sibyllin. A l’image de certaines teintes neutres et grises dont aiment à se parer les décorateurs contemporains, il arrive que la tristesse soit pourvoyeuse de fulgurances, à l’image d’un linceul éclatant de blancheur. Un disque à ranger entre Joni MITCHELL, Alison KRAUSS, UNCLE EARL et CROOKED STILL.

⃰ Titre homonyme à celui de The Firm.

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- Frasey Ford (chant, choeurs, guitare, mandoline 2)
- Samantha Parson (chant, choeurs, guitare, ukulélé, mandoline, piano)
- Trish Klein (guitare, banjo, mandoline 12, harmonica, choeurs)
- Andrew Burden (contrebasse)
- Roey Shemesh (contrebasse 1, basse 4-5)
- Glenn 'ike' Eidsness (batterie)
- Paul Clifford (batterie 5)
- Jolie Holland (fiddle 10, choeurs 5-10)
- Ketch Secor (fiddle 7)
- Doug Thordarson (viole 5)
- Martin Green (accordéon 12)
- Diane Williams (choeurs 14)


1. It's Not Happening
2. Waiting Around To Die
3. Junkie Song
4. Ship Out On The Sea
5. Dogsong
6. Rowdy Blues
7. Reuben
8. House Of The Rising Sun
9. In Spite Of All The Damage
10. Lonesome Blues
11. In My Time Of Dying
12. I Wish My Baby Was Born
13. Horses
14. Midnight Moonlight



             



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