Mettons les choses au point pour commencer. Il est un peu réducteur de considérer Chris STAPLETON uniquement comme un artiste country. Soit, il vit à Nashville, soit il a un chapeau de cow-boy, soit il a un look outlaw, soit il a composé pour des chanteurs de country au début de sa carrière.
Rien qu’avec ces éléments, n’importe quel critique un peu porté sur le côté franchouillard l’habille pour l’hiver en sortant les bons vieux clichés bien éculés. Ce qui prouve une totale méconnaissance du sujet.
Alors, si vous aimez le southern-rock, les outlaws, les grands compositeurs-interprètes américains, et un peu la country, ceci est pour vous.

Déjà Benmont Tench et Mike Campbell jouent sur beaucoup de titres (au fait ce sont deux des membres fondateurs des Heartbreakers de Tom Petty, pas vraiment un groupe country) et aussi le virtuose de la steel guitar, Paul Franklin qui a multiplié les collaborations avec des artistes d’horizons différents.
Les autres membres sont les compagnons habituels, Davis Cobb à la guitare acoustique, qui produit l’album, Chris Morgane Stapleton au chant, J.T. Cure à la basse et Derek Mixon à la batterie.
Et les compositions ! Là au petit jeu des influences, on peut citer, Gregg Allman, ou Steve Earle de « Copperhead » dans « Hillbilly Blood ». On peut aussi y trouver des réminiscences de The Band, voire de Nirvana. En égrenant ces noms, on est plus proche du country-rock, de l’américana du southern-rock que de la country.
Il est aussi crucial d’indiquer que Stapleton est une star immense dans son pays, jouant dans des stades, alors que sur le vieux continent, je ne suis pas certain qu’il remplirait le New Morning.
Sa musique, accentuée par les superbes envolées de guitares et de steel, est parfaite pour parcourir les routes américaines, longs rubans asphaltés qui traversent des paysages de rêve.

Chris a écrit la quasi-totalité des morceaux avec son pote des Steel Drivers Mike Henderson et trois cover complètent l’album. « Joy Of My Life », qui figure sur le Blue Moon Swamp, de John Fogerty est grandiose, à la première écoute j’ai cru que c’était le grand John qui officiait.
Et en hommage au grand compositeur texan Guy Clark, « Worry B Gone » et « Old Friends » ponctué par une superbe partie de chant de Madame.
« Watch You Burn », co-écrit avec Mike Campbell avec ses chorus acérés et agrémenté d’une chorale de huit personnes est une chanson anti-guerre. Maggie’s Song évoque un chien abandonné sauvé par les deux époux.
« Starting Over » et « Arkansas » sont des hits en puissance, et « Nashville TN » qui clôture l’album et évoque le départ est d’une grande beauté.
Cet album est beaucoup plus long que les précédents, il est remarquablement écrit, on sent qu’une étape a été franchie, l’interprétation est riche et originale.

Notre homme casse la baraque et il est quasiment certain que l’album va cartonner dans les charts, pour une fois la qualité et le succès public feront bon ménage.
A noter qu’il devrait remporter l’Oscar de la pochette la plus laide de l’année. On dirait qu’il a tout investi dans la musique !