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1971 Family Album

STONEGROUND - Family Album (1971)
Par LE KINGBEE le 9 Décembre 2020          Consultée 684 fois

STONEGROUND fait partie des innombrables formations qui ont vu le jour à l’orée des seventies, sous le beau soleil de la Bay Area. Fondé en 1970 à Concord, patrie de Dave BRUBECK et du label de Jazz du même nom, à 50 bornes de San Francisco, l’ensemble évolue d’abord sous la forme d’un trio. Les guitaristes Tim Barnes, Luther Bildt et le batteur Mike Mau ont des liens étroits avec la Hog Farm, l’une des premières communautés hippie dirigée par l’activiste Wally Gravy. Après avoir servi de première partie lors d’un concert d’Albert KING, le trio se fait remarquer par le producteur, programmateur radio Tom Donahue. Visé par une enquête sur le scandale PAYOLA (pots de vin versés à certains animateurs radio impliquant notamment Dick Clark et Alan Freed), Donahue s’est installé à San Francisco depuis dix ans ; il dirige la KMPX, première station de radio alternative des Etats-Unis. Manager du groupe Silver Metre du guitariste Leigh Stephens (ex-BLUE CHEER), il prend en charge le trio. Sous la houlette de leur nouveau producteur, le trio décide de s’agrandir avec les arrivées du chanteur Sal Valentino (ex-Beau Brummels) et du bassiste guitariste John Blakely.
Suivant le concept de l’adage « Plus on est de fous, plus on s’amuse », le quintet double sa line-up avec les arrivées de quatre chanteuses Lynne Hugues (ex-Tongue On Groove et Charlatans), Lydia Phillips, Annie Sampson révélée par la comédie musicale "Hair" et Diedre LaPorte, petite amie de Valentino.
La formation intègre la Medecine Ball Caravan remplaçant au pied levé GRATEFUL DEAD. Cette vaste tournée organisée par la Warner leur permet de se faire connaître sur tout le territoire, au Canada et à Londres où le groupe se produit entre l’été 1970 et février 1971.
Warner édite dans la foulée une compilation dédiée à cette tournée avec deux titres de Stoneground. BB KING, Doug Kershaw et Delaney & Bonnie figurent eux aussi au programme, réédité au format CD en 2017 par Wounded Bird Records. Dans la foulée, le groupe qui s’adjoint les services du claviériste anglais Pete Sears (ex-Steamhammer) enregistre en 1971 un premier disque éponyme qui ne rencontre pas le succès escompté par la Warner, malgré une bonne campagne de promotion.

STONEGROUND continue de se produire activement sur ses terres ; grâce à la forte popularité qu'il acquiert comme groupe de scène, la Warner décide d’éditer un album en public sous la forme d’un double disque. Au lieu d’enregistrer le groupe lors de divers concerts, la firme l'envoie à la KSAN, une station radio de San Francisco spécialisée dans le Rock et sponsor des San Francisco 49ers, une équipe de football américain. Après s’être produit en juin au Fillmore West en compagnie de COLD BLOOD et Boz SCAGGS, le groupe doit faire face aux départs de Pete Sears qui part rejoindre Rod STEWART en Angleterre et Luther Bildt qui décide de quitter la musique.

Enregistré le dimanche 8 août dans les studios de la KSAN, "Family Album" est avant tout issu d’une séance promotionnelle censée promouvoir le groupe un jour de grande écoute. L’album voit l’arrivée de trois nouveaux membres avec l’organiste Cory Lerios, le batteur Stephen Price et le bassiste Brian Godula. Du quintet originel, seuls Barnes, Blakely et Valentino ont résisté au temps.
Présenté avec une double pochette ouvrante, ce double album propose donc trois faces captées en direct lors d’un show radio et enfin une dernière face enregistrée dans les studios de Records Plant à Los Angeles. Si le procédé n’est pas nouveau, il contribue à diffuser une impression d’inégalité entre les faces. Sentiment renforcé par la présence d’un public peu nombreux, les studios de la station radio ne pouvant probablement pas accueillir plus de gens avant tout pour une question de sécurité mais aussi afin d’avoir une restitution sonore correcte.
Après une brève présentation digne d’un club de Jazz, le combo s’attaque à "Get Rhythm" de Johnny CASH, titre Sun figurant en face A du célèbre "I Walk The Line". Mais il faut bien tendre l’oreille pour reconnaître le morceau. Alors que l’original offrait un Hillbilly Rock gravé en trio, là c’est une troupe de musiciens se comptant dur les doigts des deux mains qui s’engouffrent dans le titre. Chacun y met son grain de sel et de la bonne volonté mais la mise en place s’avère déficiente, un peu comme dans une jam. Si Stoneground demeure le premier à reprendre le titre, les interprétations de Brian SETZER, Ry COODER ou Lee BRILLEAUX nous paraissent plus solides. "Passion Flower", une compo de Lynne Hugues nous entraîne vers un bon mélange de Country Soul, un titre dynamique et rafraichissant. Standard de Bo Carter, "Corrine, Corrina" a été mitonné à toutes les sauces, passant du Blues Rural au Western Swing (Bob Wills), au Folk (DYLAN, Hugues AUFFREY), à la Country (Doc & Merle Watson) à la Pop (Rod STEWART), au R&B (Joe Turner) jusqu’au Rockabilly avec Johnny Carroll. Le combo nous brosse un tableau proche du Delta, incluant une slide qui finit par devenir lassante, une dualité dans le chant peu complémentaire et une légère touche de psy du genre fleur aux dents. Le morceau aurait mérité d’être raccourci, cela l’aurait empêché de tourner en rond. Les amateurs de Blues se retourneront probablement vers les versions des Mississippi Sheicks, Babe Stovall, Mississippi John Hurt ou Boz SCAGGS. Cette première face se termine comme elle avait commencé, avec une visite à Johnny CASH via "Big River", autre titre enregistré dans les studios Sun à Memphis. Si l’original reposait sur un chant à la limite de la spoken song et les riffs hypnotiques de Luther Perkins, les Californiens nous assènent un long assemblage fait de bric et de broc où Country Rock, Gospel, Psy tentent de cohabiter. Une tentative trop longue, manquant de Groove, qui finit par perdre l’auditeur en route.

La face B débute avec ""Won’t Be Long", une compo du pianiste Leslie McFarland popularisée par Aretha FRANKLIN. Dès les premières notes pleines d’entrain, on devine que le groupe s’éclate totalement avec cette orientation Country Soul pleine de peps et d’envie. On conseille au passage les reprises de Mama’s Biscuits, excellent groupe de Blues français ou de la regrettée Eva Cassidy. "Super Clown" s’oriente vers un Country Rock classique, on regrette juste le chant trop maniéré de Sal Valentino. "Richland Woman", titre de Mississippi John Hurt, peine vraiment à démarrer à tel point qu’on se demande si deux ou trois membres ne se sont pas absentés pour boire un coup. Ce Folk Blues ne se met en marche qu’au bout de deux minutes, ce qui fait long comme atermoiement. "Queen Sweet Dreams" nous renvoie au cœur du Summer of Love, avec un Rock aux connotations Heavy Blues et Psy. Un titre qui remue. A contrario, le premier volume s’achève sur "Precious Lord", un Spiritual de Thomas Dorsey, auteur peu connu pour sa fougue. Là Annie Sampson chante a capella, juste épaulée par la slide de Tim Barnes, un titre longuet qui pourrait attirer l’auditeur vers la félicité s’il ne finissait pas avant par nous endormir.

La dernière face Live propose deux virées en territoire dylanesque : "If You Got To Go" délivré sous forme de Country Rock. Le groupe ne s’en sort pas trop mal et la version s’inscrit en droite ligne avec celles des FLYING BURRITOS BROS ou de MANFRED MANN. Pour les curieux, on conseille la version du FAIRPORT CONVENTION chantée en français. Pioché dans "Highway 61 Revisited", "It Takes A Lot To Laugh (It Takes A Train To Cry" ne paraissait pas indispensable, l’interprétation n’apporte strictement rien et nous semble moins captivante que les reprises du trident BLOMFIELD/KOOPER/STILLS, de Martha VELEZ ou de Bun E. CARLOS. "I Can’t Help It", une ballade de Blakely et Cory Lerios, risque de laisser de marbre de nombreux auditeurs. La ballade bluesy "It’s Not Easy" apportée par le producteur Ron Elliott nous paraît plus judicieuse. On la croirait sortie des studios de Muscle Shoals. Enfin, le combo reprend un inusité de Swamp Dogg (alias Jerry Williams) dans une veine à la J GEILS BAND. Si l’original nous paraissait plus groovy, la présente version nous paraît s’éterniser inutilement, mais vaut largement celle proposée par le rassemblement ISLEY BROTHERS/SANTANA, via un bon solo de batterie.

La dernière face enregistrée en studio s’ouvre avec "You Must Be One Of Us", un Folk Rock inspiré de l’univers de DYLAN. La ballade "All My Life" pourrait s’inscrire dans un album de Billy JOEL, mais n’a rien de mirobolant. "Where Will I Find Love", une ballade bluesy de Lynne Hugues, ne parvient pas à sortir du lot en tentant vainement de marcher sur les traces de Tracy NELSON, Janis JOPLIN ou COLD BLOOD. Le groupe se montre plus à son avantage sur "Gonna Have A Good Time", un Rock des Easybeats, inférieur cependant à la version des Count Bishops. Le disque s’achève sur une jam instrumentales de presque 6 minutes, un morceau correct mais qui ne fait pas avancer le coquetier d’un pouce et qui en fin de compte fait office de remplissage.

Ce double live reste malheureusement marqué par de nombreuses inégalités. Après trois faces captées lors d’un show radio, on se demande pourquoi la Warner n’a pas opté pour une face de Live, phénomène incompréhensible d’autant que le groupe s’était produit fréquemment. D’autre part, on a l’impression que Stoneground ne sait pas vraiment comment se placer, hésitant sur son orientation, ce qui fait qu’il a toujours le cul entre deux chaises, ce qui est gênant surtout quand on s’appelle STONEGROUND. Si les groupes éclectiques proposent souvent de beaux paysages bien bigarrés, ici la polyvalence du groupe joue contre lui. Enfin, il n’y a ici aucune plage qu’on puisse se remémorer durablement hormis peut-être "Passion Flower" et "Won't Be Long". Dernière chose, les amateurs de cinéma peuvent voir le groupe dans le film "Dracula A.D. 1972" (curieusement devenu "Dracula 73" chez nous) un nanar de la Hammer avec Christopher Lee et Peter Cushing. Le disque a été réédité sous forme d’un double CD en 2016 par BGO.

La chronique de ce disque provient du second pressage US de 1973.

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   LE KINGBEE

 
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- Annie Sampson (chant, chœurs)
- Lynne Hugues (chant, chœurs)
- Deirdre Laporte (chant, chœurs)
- Lydia Moreno (chant, chœurs)
- Sal Valentino (chant, chœurs, percussions, guitare)
- John Blakely (guitare)
- Tim Barnes (guitare)
- Brian Godula (basse)
- Steve Price (batterie)
- Cory Lerios (claviers)


1. Get Rhythm
2. Passion Flower
3. Corrina
4. Big River
5. Won't Be Long
6. Super Clown
7. Richland Woman
8. Bqueen Sweet Dreams
9. Precious Lord
10. It Takes A Lot To Laugh (it Takes A Train To Cry)
11. I Can't Help It
12. No Doreen
13. It's Not Easy
14. If You Got To Go
15. Total Destruction To Your Mind
16. You Must Be One Of Us
17. All My Life
18. Where Will I Find Love
19. Gonna Have A Good Time
20. Jam It



             



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