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1954 Honky Tonkin''

COMPILATIONS

1955 Memorial Album

Hank WILLIAMS - Honky Tonkin' (1954)
Par LE KINGBEE le 11 Décembre 2020          Consultée 1045 fois

Cet album 25 cm sort aux Etats Unis le 24 septembre 1954. La MGM a perdu son étoile montante ou filante au matin du 1er janvier 1953. Hank WILLIAMS bouffe malheureusement les pissenlits par la racine depuis plus de vingt mois quand sort "Honky Tonkin’". Pour la MGM, il faut rentabiliser le décès de son ancienne vedette. La firme n’arrive pas à concurrencer la RCA et Columbia, deux géants dans le monde de l’industrie phonographique. Rien qu’en 1954, la MGM a décidé de ne pas publier six albums de son crû tellement ils sont mauvais. Si Arthur Smith maintient la tête du label hors de l’eau, les productions Jazz ou instrumentales ne rapportent pas assez d’argent. La MGM décide qu’il est grand temps de ressortir un disque posthume d’Hank, il faut ramener un peu de sous dans des caisses qui ont tendance à se vider.

Historiquement, "Honky Tonkin'" devient le 5ème disque du chanteur si l’on prend en compte "Hank Williams Was Luke The Drifter" édité en mars 1953. Ce disque constitué de huit morceaux ne comprend que des titres classés dans les charts Country, mais curieusement la MGM opte pour "Honky Tonkin’" comme nom d’album, soit le titre le moins bien classé (14ème rang). Les sept autres titres accèderont tous entre la 1ère et la 4ème marche des classements. "Jambalaya" et le prémonitoire "I’ll Never Get Out Of This World Alive" monteront sur la plus haute marche en 1952.
Si le disque propose 8 titres classés, il a une autre particularité. Alors qu’Hank Williams a enregistré quasiment tout son répertoire à Nashville, la MGM incorpore "My Bucket's Got A Hole In It" enregistré à Cincinnati dans les studios de Bucky Herzog. Au cours de sa courte carrière, Williams aura enregistré huit titres à l’E.T. Herzog Studio lors de deux sessions datées au 22 décembre 48 et 30 aout 1949.

A tout seigneur tout honneur, commençons par "Honky Tonkin’"⃰ , titre donnant donc son nom à la galette. C’est une impression de tristesse qui frappe l’esprit et les oreilles à l’écoute du titre. Il se dégage ici un sentiment de désolation renforcé par le fiddle de Tommy Jackson et la steel de Jerry Byrd. Etrangement, hormis la reprise de Townes Van Zandt en 73 et celle de Merle Haggard en 2001, pratiquement tous les repreneurs ont gommé ces traces de mélancolie. Spade Cooley transformant même la chanson en une sorte de Boogie Tonk festif alors que l’actrice chanteuse Connie Stevens en fera une Nashville Sound presque parodique. De nombreuses reprises perdent ainsi toute l’âme de la chanson, comme si l’essence s’évaporait en prenant un chemin de traverse.
Poursuivons avec les deux Numéros Un : "Jambalaya (On The Bayou)" est probablement une œuvre conjointe de Williams et du pianiste Moon MULLICAN, celui ci n’est pas accrédité mais aurait été payé de la main à la main, un procédé choisi par l’éditeur Fred Rose pour ne pas avoir un verser un sous au label King pour lequel Mullican était sous contrat. Lors d’une tournée de l’Hadacol Caravan, les deux musiciens entendent parler du Jambalaya, un plat louisianais à base de riz créole et de jambon. Cette idée culinaire en aurait inspiré plus d’un. Pour l’anecdote, Mullican a mis en boite le titre pour le label King quelques jours après le Drifter. La chanson comporte cependant quelques différences au niveau du texte. Par contre, au niveau de la mélodie "Jambalaya" puise son eau sur la mélodie de "Gran Prairie", titre cajun enregistré en 1940 par Happy Fats LeBlanc & The Rayne-Bo Ramblers, un sympathisant du KKK. Tombé dans les besaces de la Country, du Cajun, du Zydeco, du R&B NOLA et de la Pop, ce titre repris près de 400 fois se révèle souvent dansant. Avec ses influences acadiennes et culinaires, la chanson ne pouvait échapper à diverses adaptations. Armand Mestral, Hugues AUFRAY et Dick RIVERS nous en offriront quelques fumets.
Second Number One, "I'll Never Get Out Of This World Alive" a laissé chez nous beaucoup moins de souvenirs. Honky Tonk désenchanté, repris par Asleep At The Wheel et Steve Earle, il sera transformé en boogie piano par Jerry Lee LEWIS. Bien évidemment, le rejeton et petit-rejeton Williams reprendront le titre à leur compte, mais à l’instar du plat de la veille, ça sent un peu le réchauffé.

D’autres titres parus en singles intègreront les trois plus hautes marches du Billboard : "My Bucket’s Got A Hole In It", un trad. attribué à Clarence Williams et Buddy Bolden. Ce Rag à la sauce New Orleans popularisé par Washboard Sam puis par Kid Ory fera l’objet de nombreuses reprises. Hank Williams délivre ici un excellent Hillbilly à la lisière du Country Folk et de l’Old Time Western.
Avec son intro de fiddle, 'Howlin’ At The Moon" ⃰ ⃰ nous expédie dans l’ambiance d’un saloon de western hollywoodien, la steel guitare renforce l’esprit Honky Tonk tandis que Don Helms tente d’imiter le hurlement d’un loup qui tient plus ici de Rantanplan que d’un animal sauvage. La voix nasillarde de Williams contribue à apporter une touche mélancolique sur "Baby, We’re Really In Love", titre à mi chemin entre ballade et Honky Tonk. Le titre connaitra une vingtaine de reprises ayant comme dénominateur une poussée des gaz singulière, la chanson perdant ainsi une partie de son essence. "I Won’t Be Home No More" reprend tous les codes du Honky Tonk fifties, la steel guitare déclenche encore un spleen et une morosité ambiante.
Terminons par l’un des titres emblématiques de Williams. "Honky Tonk Blues" un pur Honky Tonk capable de faire verser une larme à n’importe quel dur à cuire a été repris par une flopée de countrymen, des versions n’apportant malheureusement pas grand-chose. On conseillera les interprétations décalées de Huey LEWIS & The NEWS ou la version instrumentale de Joe Pass, brillant guitariste de Jazz. Le regretté Jack Scott et DION figurent parmi les bons repreneurs du standard avec des versions sincères. Un titre rentré dans l’inconscient collectif des gens du Sud : "Well I left my home down on the rural route -I told my paw I'm going steppin out and get the -Honky tonk blues -Well Lord I got 'em … ".

Deux ans plus tard, la MGM publiera le disque sous la forme d’un LP (Long Player) avec quatre titres supplémentaires. Quatre ans tard, la firme allait rééditer le disque avec une pochette pleine de couleurs, plus avenante. En 2009, le label italien Doxy proposait un vinyle avec la pochette d’origine et cette fois dix titres supplémentaires. A l’instar de certains labels spécialisés dans les rééditions, le label russe DOL a édité en 2016 le même disque en version 180 grammes, les joies du Domaine Public ! Les amateurs d’Honky Tonk et de Hillbilly fifties seront comblés, les autres trouveront le recueil vieillot et daté.

⃰ Titre homonyme à celui de Troy Seals.
⃰ ⃰ Titre homonyme à ceux des RAMONES et Peter ROWAN.

PS : Remerciements à Didier "Big Ears" pour le prêt de ce 25 cm mono. Celui-ci se négocie actuellement entre 20 et 90 €.

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- Hank Williams (chant, guitare)
- Sammy Pruett (guitare 2-4-5-6-7-8)
- Eddie Hill (guitare 4-5-6-7-8)
- Zeke Turner (guitare 1-3)
- Jack Shook (guitare 2)
- Don Helms (steel guitare 2-4-5-6-7-8)
- Jerry Byrd (steel guitare 1-3)
- Ernie Newton (contrebasse 2-3-4-5-6-7-8)
- Louis Innis (contrebasse 1-3)
- Jerry Rivers (fiddle 2-4-5-6-7-8)
- Robert Wise (fiddle 1)
- Tommy Jackson (fiddle 3)
- Owen Bradley (piano 1-2-4-5-6-7-8)


1. Honky Tonkin
2. Howlin' At The Moon
3. My Bucket's Got A Hole In It
4. Baby We're Really In Love
5. Jambalaya
6. I Won't Be Home No More
7. Honky Tonk Blues
8. I'll Never Get Out Of This World Alive



             



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