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1994 1 Hex
2004 ///Codename: Dustsucker

COMPILATIONS

1994 Independency

BARK PSYCHOSIS - ///codename: Dustsucker (2004)
Par K-ZEN le 19 Décembre 2020          Consultée 1066 fois

La syntaxe est décisive dans sa complétude.

C’est une affaire entendue, le triple slash en fait intégralement partie, parfois oublié, par simple flemme ou manque de rigueur. Trois barres à 45 degrés, trois tours de Pise immortalisées, simplifiées, dupliquées. Un vague aspect geek. Un nuage de rouille se formant au fur et à mesure que l’on fixe ce carré de cuivre au rôle de vitrine-jaquette. Une pochette "écrivez votre propre histoire" avec ce champ à compléter. Comme un formulaire de dégâts des eaux à remplir, une attestation d’écoute sur l’honneur, garant d’une administration qui se dézingue à toute vitesse.

En informatique, on connait bien le slash – ou barre oblique dans son appellation typiquement française – et son démon-dual voisin l’antislash. Pas seulement pour les codeurs, regardez l’url de la page où vous vous trouvez actuellement. Mais si on sort d’Internet, on le retrouve aussi dans le chemin de ce répertoire caché où vous gardez bien précieusement vos vidéos pornos et vos albums précipitamment téléchargés. En descendant encore d’un niveau, ce signe symbolise le commentaire dans certains langages de programmation, doublé ou accompagné d’une étoile.

/* Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un bon code n’a pas besoin de commentaire. */

"Veuillez nous excuser pour cette interruption, dans un instant la suite de votre programme".

De la rouille alors ? Pas tant que cela finalement. Des colorations. Des odeurs. Des fleurs délicates s’échappent de cette seconde livraison de BARK PSYCHOSIS, 10 ans après la précédente, inaugurant une habitude qui en définitive n’en sera pas une. En effet, 16 ans plus tard, nous attendons toujours un successeur, quel qu’il soit, à ///Codename : Dustsucker.

"From What Is Said To When It's Read", après un bref signal photo-électrique strident, se vautre dans une langueur encore inhabituelle à cet instant. Non, ce n’est pas Laurent VOULZY qui chante mais les voix semblent entremêlées, comme si le leader Graham SUTTON ne suffisait plus à assumer seul la charge du chant, en plus de toutes les autres casquettes (instruments, production) sur sa tête. La musique est harmonieuse, presque gazeuse, la percussion régulière, métallique, mécanique, pareille à l’engrenage d’une horloge. Les guitares carillonnantes évoquent certains visages des SWANS, voire le raffinement des CHAMELEONS UK. C’est un peu "Big Shot" revisité, titre ouvrant l’exquis Hex, mais pris d’une fatigue extrême. Après un léger break électronique, le morceau part dans une dérive supersonique qui peuplera son quotidien jusqu'à la clôture. 5 minutes magnifiques.

"The Black Meat" nous ramène dans des paysages plus familiers notamment au niveau des vocaux avec ces douces vocalises caractéristiques de SUTTON. La chanson est assez lumineuse, introduit des nouveautés pour le groupe outre ce climat peu tempétueux : les accords d’une guitare acoustique que l’on retrouvera par la suite, omniprésente, pour un aspect pop plus prononcé. Le lyrisme d’une trompette se fait également remarquer, renforçant ce feeling typiquement anglais mais également jazz, les vapeurs de TALK TALK en précipité dans le brouillard londonien, le batteur du groupe anglais Lee HARRIS participant d’ailleurs à ce disque. "400 Winters" est tout aussi éclatant, et poursuit ses recherches vocales et musicales avec la présence d’un vibraphone et l’introduction d’Anja BUECHELE au chant. "Burning The City" convoque les mêmes ingrédients mais se ferme un peu plus à la conversation, retranché derrière cet énigmatique égrenage de chiffres et ces intermittentes notes de piano. Même les décharges d’une guitare électrique ne peuvent le perturber, explosant soudain dans le magnifique "Shapeshifting", un solo distordu et déchiqueté, éruption solaire au cœur des rétines, comme une impression fugace de PINK FLOYD époque 70-71 ("If", "A Pillow of Winds"), renforcée par cet orgue délicieusement rétro.

Plus introverti, "Miss Abuse", sa grosse basse et sa mixture électronique en bandoulière, fait tomber une bassine d’acide chlorhydrique sur les géraniums. "INQB8TR", à l’intitulé mystérieux de relevé d’identité bancaire, poursuit son exploration de contrées industrielles, aquatiques et souterraines, certaines partitions d’AUTECHRE revenant en mémoire, "Bronchusevenmx" en tête sur l’audacieux Garbage. Piste lente, presque trip hop et instrumentale si ce n’est ces murmures vitaux de respiration sous-marine, le morceau essaye de rejouer la partition du merveilleux "Pendulum Man" et y parvient assez honorablement. C’est un peu Mortimer réussissant, après un parcours hasardeux dans le dédale des égouts de Londres, à s’introduire dans le repère de la Marque Jaune.

"Rose" referme le chapitre BARK PSYCHOSIS sur un air de sublime. Des faux-airs de "Runeii", ce titre minimal final de Laughing Stock. Ambient, planant, il n’est seulement interrompu dans son sommeil naissant que par ces affirmations inintelligibles dans une langue inconnue. Les nappes de synthé se frottent au tamboura, instrument à cordes oriental, de la même manière que sur "Moss Garden" les synthés se conjuguaient au koto japonais, sous la houlette de David BOWIE et Brian ENO. Une superbe note d’espoir. Il finira bien par arriver le successeur à ce disque, même si c’est dans une autre vie.

Le romantisme baroque de TALK TALK. Les répétitions nauséeuses des SWANS. Les explosions de SLINT. BARK PSYCHOSIS porte tout cela à la fois dans son ADN. Nom de code : suprême post-rock.

(La même année, à une mer d’écart, (par télépathie ?), un chanteur français abîmé contait cette Seconde Elégie. "Va doucement car sur mes rêves. Tu vas".)

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- Graham Sutton (chant )
- Lee Harris (batterie, percussions)
- Colin Bradley (guitare)
- Pete Beresford (vibraphone)
- Rachel Dreyer (piano, chant )
- T. J. Mackenzie (trompette)
- Anja Buechele (chant )
- Chicken (chant « gonk »)
- Neil Aldridge (indicateurs)
- Shaun Hyder (sindhi tamboura)
- David Panos (basse)
- Alice Kemp (guitare à l’archet)
- Silke Roch (chant )
- Mark Simnett (batterie « trouvée »)
- Del Crabtree (trompette « trouvée »)


1. From What Is Said To When It's Read
2. The Black Meat
3. Miss Abuse
4. 400 Winters
5. Dr. Innocuous/ketamoid
6. Burning The City
7. Inqb8tr
8. Shapeshifting
9. Rose



             



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