Les carrières solo de The CORRS - on peut donc préciser celle de la grande sœur Sharon Corr et celle de la petite sœur Andrea -, ont été mises en stand-by depuis le début des années 2010. Le quartette irlandais s'est reformé le temps de deux albums remarquables, White Light (2015) qui reprend les meilleurs éléments de leurs anciennes productions mais sur un ensemble complet de chansons, et Jupiter Calling (2017) qui, par son ambiance, fait un grand pas en avant dans la maturité.

En pleine période de Noël 2020, Andrea CORR seule à nouveau continue d'aller dans ce sens, avec d'abord une autobiographie (Barefoot Pilgrimage) en 2019, suivie cette année d'un E.P de quatre chansons traditionnelles et standards. On pourrait penser à un excès de facilité, surtout lorsqu'on ne fait pas preuve d'attachement envers un groupe comme The CORRS, à l'identité forte.

Cependant, à l'écoute de "Have Yourself a Merry Little Christmas", l'impression donnée est tout autre. Ce piano jazzy, lent et smooth en premier lieu, et ensuite, ce chant ! La voix d'Andrea CORR, avec son timbre enfantin qu'on lui a toujours connu, apparaît ici légèrement plus rauque et voilée dans les tenues ainsi que le vibrato, presque étranglée dans les fins de phrases, très imprégnée de cette musique dépouillée au final. De quoi surprendre plutôt agréablement.

C'est simple, joli, mais cette proximité avec l'artiste n'est pas le meilleur moment du disque. "O Holy Night" nous permet de retrouver un piano sautillant cette fois, à peine frôlé, doté d'un arrangement de cordes. Le choeur d'hommes de Perth, Australie, avec qui Andrea CORR a travaillé à distance (époque oblige) et pour trois chansons, offre de beaux développements tandis que la chanteuse irlandaise verse dans le dramatique avec la plus grande justesse.

"In the Bleak Midwinter" et ses accords de piano posés simplement, espacés, les choeurs en vocalises et de plus en plus présents jusqu'à la fin, nous confirment la qualité apportée aux arrangements et l'intérêt d'une telle démarche. Sur ce titre, l'interprétation d'Andrea CORR n'est pas sans rappeler celle de son duo avec Alan STIVELL, non moins magnifique, sur "Ar Hyd y Nos/All Through the Night" il y a deux ans (sur l'album Human-Kelt de l'artiste breton).

Quant à "Begin Again", où le piano se voit remplacé par des ukulélés, il est habité par un balancement valsé et le falsetto magnifique d'Andrea CORR, plus proche que jamais d'un registre soul classique. Ponctuée d'arrangements de cordes, de jeux rythmiques, cette version est réellement superbe et l'une de mes favorites concernant ce titre connu plus souvent sous le nom "God Rest Ye Merry Gentlemen" ! Un beau pari pour un disque court, certes, mais qui se suffit à lui-même.