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Andrea CORR - Lifelines (2011)
Par MARCO STIVELL le 4 Juillet 2011          Consultée 2867 fois

On ne va pas vous refaire le coup du speech sur l'exercice de la reprise, même si cela concerne pour la énième fois de ces dernières années un nouvel album entier. Tout le monde sait (trop) bien combien cette expérience peut être périlleuse, pour sa petite personne comme pour l'image de l'artiste qu'on a tant chéri (ou non). Tout le monde sait qu'on peut être facilement déçu, peut-être agréablement surpris, mais surtout frustré, peut-être même dégoûté. Votre serviteur lui-même reconnait qu'il n'a pas particulièrement accroché aux fournées de ses chéris de toujours, Phil Collins et Peter Gabriel. Donc quand on apprend qu'Andrea Corr, la chanteuse du (feu ?) groupe The Corrs, va à son tour s'essayer à l'exercice de la reprise pour un album complet, on frétille ou on frémit.

En fait, ce scénario, on commence à le connaître. La chanteuse voulait avant tout reprendre des chansons qui ont marqué sa vie. C'est mignon, mais vous devez vous dire que le discours commence à perdre de sa crédibilité. Forcément, pour vous, Andrea Corr, c'est comme Nolwenn Leroy, elles ont fleurté d'une manière ou d'une autre avec la variété (les fameuses ballades que tout le monde "sensé" déteste), alors n'importe quoi qu'elles puissent faire, c'est le zéro pointé. Pourtant, à propos des reprises, on a été quelques-un(e)s à y croire encore, et dans le cas d'Andrea, on était même beaucoup. Il faut dire que le "N°9 Dream" de John Lennon remanié par l'éternel "bébé" des Corrs avait de quoi séduire à plus d'un titre, pourtant assez fidèle à l'original. Mais si on avait quelques craintes auparavant, on était franchement rassurés. On en arrivait même presque à déjà oublier le joli Dream of you de la grande soeur Sharon sorti à la fin de l'année précédente. Bien que toujours animée par un esprit fleur bleue, Andrea semblait aussi avoir mûri depuis les Corrs et (surtout) son premier opus solo qui n'avait pas fait l'unanimité. Ce Lifelines attisait donc la curiosité dans le sens positif du terme, et vous pouvez toujours le considérer comme un possible moyen de revoir votre jugement sur la plus pétillante des chanteuses irlandaises. Car si jusque là pour vous, The Corrs et bon sens n'ont jamais fait la paire, le bon sens ici pour ce Lifelines est d'écouter la musique avec un esprit neutre. Mais si, vous pouvez y arriver !

Car Lifelines reste, et ce n'est pas qu'un point de vue subjectif, sans doute l'un des plus beaux albums de reprises qu'on nous ait proposé depuis bien longtemps. La sauce est pop-rock, dans la bonne tradition de l'univers d'Andrea, mais il y a quelque chose en plus. Le "bébé" s'est particulièrement appliqué : d'abord les morceaux ne sont pas forcément très connus, et ils bénéficient parfois d'un remaniement pas si "facile" que ça. Le disque s'ouvre avec le traditionnel "I'll Be Seeing you", repris maintes fois depuis la grande Billie Holliday), et deuxième tentative de musique jazz par Andrea (mais sans les Corrs cette fois) depuis "Time Enough for Tears". Et force est de reconnaître que ça marche encore. La voix de la chanteuse se fait plus veloutée que d'ordinaire, accompagnée d'un adorable piano, le tout sur un effet vinyle certes prévisible mais sympathique.

"N°9 Dream", le "Blue Bayou" du non moins génial Roy Orbison, ou encore le "Tinseltown in the Rain" de The Blue Nile prolongent le rêve, à leur manière c'est à dire dans un registre plus proche du traditionnel pop-rock, léger mais quand même atteint de violonnite aigüe. Pour certains comme le Blue Nile, ça change par rapport au son d'époque (en l'occurence new-wave) et ça reste très appréciable, tout en étant fidèle. Mais le rêve est présent partout dans ce Lifelines. Mettons de côté le plus funk et punchy "State of Independance" de Jon & Vangelis, à propos duquel j'ai presque envie de dire que la chanson est d'Andrea tant l'original m'énerve (c'est pas faute d'apprécier le génie grec et Jon Anderson) et cette reprise est plaisante. Ce rêve prend tout son sens aussi bien sur le folkisant "They Don't Know", que la reprise assez orientée musique des îles du "From the Morning" du regretté Nick Drake (oui, elle a osé, mais c'est superbe, point barre !) que sur les deux dernières chansons de l'album, mention spéciale au feutré "Some Things Last a Long Time". Il faut dire encore que sur toutes (?) ces chansons, maître Brian Eno est venu apporter une dose d'arrangements plutôt subtils (discrets mais audibles) qui renforcent le côté prise de risque, ce qui n'est pas négligeable et preuve supplémentaire que rien n'a été fait au hasard.

Mais ce qui fait que j'adore cet album, c'est encore plus que tout ça. Ca tient en trois mots : "Pale Blue Eyes". Avec cette chanson du culte Velvet Underground, Andrea s'est attaquée à du lourd, du très lourd même. Et encore une fois, je sais que face au dandy Lou Reed, la midinette chanteuse d'un des pires groupes de pop de la planète (sic !) n'a pas beaucoup de crédibilité, mais après avoir écouté cette reprise, je vous invite, vous provoque même à réinventer un sens au mot "crédibilité", voire aux jugements de valeur (ou valeurs de jugements) qu'on peut avoir en musique. Ce "Pale Blue Eyes" a l'origine plein de charme mais assez minimaliste - ce qui n'est pas un mal, dixit le fan d'Anthony Phillips -, se retrouve transcendé par ce petit bout de femme qui décidément n'a peur de rien (et a bien raison). Après un début "classique" et conforme à la chanson du Velvet, le morceau se voit "soulevé" par l'intervention d'instruments et de choeurs multiples et on peut bien le dire, avec cette dimension épique, la première dame d'Irlande (moi non plus, je n'ai peur de rien) a plus que bien réussi à respecter (plutôt que "meubler") les six minutes de cette perle de chanson. Pour le coup, un chef-d'oeuvre...

Derrière un espace sonore plus ou moins léger, Andrea a réussi en un album de quarante minutes (c'est court, mais suffisant) à livrer quelque chose de consistant, de mûri, et surtout doté de ce que j'ai toujours apprécié chez ce type de chanteuse (voire en musique en général), ici encore mieux que jamais : l'émotion. Consistant grâce à des arrangements dosés et fort louables (guitares, violons et "Enossifications"), mûri parce qu'à bientôt quarante ans, on maîtrise son propos tout en réussissant à faire rêver, et émotionnel... parce que, c'est tout. Ballades ou pas ballades, Lifelines a ce quelque chose qui l'empêche d'être "l'album de reprises de plus". Il faut chercher du côté de la grâce, celle des anges, car cet album à encore un esprit fortement angélique. Je me suis souvent demandé quel serait l'album qui m'ouvrirait les portes du paradis (si jamais j'y vais), et je n'aurai plus à chercher dorénavant. Ce n'est plus Andrea Corr, mais Andrea, marquise des anges !

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   MARCO STIVELL

 
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- Andrea Corr (chant)
- Clare Kenny (basse)
- John Reynolds (batterie, percussions)
- Damien Dempsey (guitares acoustiques)
- Kevin Armstrong (guitares)
- Justin Adams (guitares)
- Julian Wilson (claviers, orgue hammond)
- Brian Eno (claviers, programmations, choeurs)
- Caroline Dale (violoncelles)
- James O'grady (cornemuse irlandaise)
- Sinead O'connor (choeurs)
- Lumiere (choeurs)


1. I'll Be Seeing You
2. Pale Blue Eyes
3. Blue Bayou
4. From The Morning
5. State Of Independence
6. N°9 Dream
7. Tinseltown In The Rain
8. They Don't Know
9. Lifeline
10. Tomorrow In Her Eyes
11. Some Things Last A Long Time



             



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