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OPERA MULTI STEEL - Cathedrale (1985)
Par RICHARD le 4 Janvier 2021          Consultée 1314 fois

Avec les années 80, j'ai un sacré problème qui ne semble pas près malheureusement d'être résolu. Elles souffrent en effet pour moi d'une désastreuse réputation et demeurent le plus souvent dans notre mémoire collective hexagonale synonymes de BEZU et LICENCE IV. C'est bien triste car elles valent forcément mieux que ceci. Pour les curieux, elles offrent assurément un éventail époustouflant de styles et d'émotions. C'est sans doute encore plus vrai du monde des musiques sombres. Ces dernières par essence n'avaient vraiment rien à espérer d'un succès grand public. Cette absence de contrainte et de toute idée de compromission développa une liberté totale qui, pour tout dire, même en 2021, laisse assez pantois, et ce encore plus lorsqu'on constate le conformisme actuel et la frilosité ambiante. OPERA MULTI STEEL en est une de ses plus belles et discrètes incarnations.

Ce trio originaire de BOURGES est apparu en 1984 avec un quatre titres*. L'année suivante sort Cathédrale de nos jours considéré comme un classique, une référence de la scène synth-cold wave. Définir en quelques mots le style de ce groupe n'est pas nécessairement aisé. Si son ossature est évidemment froide, les paroles sibyllines ainsi que le chant clair, limite pop, atténuent clairement ce caractère qui pourrait rebuter les plus frileux d'entre vous. Si les formations atypiques étaient loin d'être rares, O.M.S (que l'on nommera ainsi pour plus de commodité) est la seule à ma connaissance à combiner ambiances médiévales et électronique glacée parfois farceuse à la limite du kitsch.

Les Berruyers noirs, à l'image de l'hommage rendu à l'édifice religieux de leur ville, se réfèrent à l'Histoire de France et au catholicisme pour exposer un monde à nul autre pareil. Il n'est pas ici question de monde à la BERNANOS. O.M.S crée simplement des images, un imaginaire à la PROUST accompagné de ses madeleines culturelles et cultuelles. C'est à la fois savoureux et déstabilisant. Le trio aime indéniablement brouiller les pistes et l'auditeur a parfois du mal à savoir sur quel pied danser.
Prenez par exemple les introductifs "Du Son des Cloches" et "Forme et Réforme". Sous une avalanche de claviers estampillés "BONTEMPI à un doigt" et de boîtes à rythmes foisonnantes se posent alors comme un cheveu sur la soupe les paroles surréalistes et emplies d'humour de Patrick L. Robin. Tout l'attrait du groupe réside dans ces subtils équilibre et mélange des genres. Il les développera avec plus ou moins de bonheur tout au long de sa conséquente carrière. O.M.S deviendra une esthétique et un son d'emblée identifiables.

Le combo passe donc sans gêne d'un air orientalisant et léger ("Empire") à celui d'une simili-comptine pour enfants avec flûte AULOS façon cours de musique de 6ème au collège (l'excellent "Brasier Communiquant"). On ne peut que souligner encore une fois l'originalité des paroles. De prime abord loufoques (l’insupportable "Piscine à Tokyo"), elles se présentent en définitive comme autant d'invitations à une farandole, une danse sans fin (l'excellent "Cathédrale"). Le groupe sème le trouble car si l'austérité sonore induit normalement un visage impassible, les paroles libèrent un souffle d'air bienvenue. A ce titre, les superbes "Massabielle" et "Jardin Botanique" parlent d'eux mêmes. La basse montante, les refrains entêtants conférent à l'ensemble un incontestable petit goût de revenez-y pour peu que les chemins balisés vous hérissent le poil.

Si vous aimez donc voyager hors des sentiers battus, OPERA MULTI STEEL pourrait bien être pour vous. Adepte d'une synthpop originale, ce groupe unique prouvait avec brio et malice que les années 80 n'étaient pas exclusivement le sacro-saint classement du Top 50.

* L'album chroniqué est la réédition de 2007 publiée par INFRASTITION. Il regroupe l'album Cathédrale et le quatre titres de 1984▲

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1. Du Son Des Cloches
2. Forme Et Réforme
3. Empire
4. Brasier Communiquant
5. Piscine À Tokyo
6. Cathédrale
7. Frantz Est Mort
8. Attitudes
9. Ils S'eloignent
10. Un Froid Seul
11. Jardin Botanique ▲
12. Massabielle ▲
13. Rien ▲
14. Fêtes Komité ▲



             



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