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2008 Never Walked Away

The ZYDECO DOTS - Never Walked Away (2008)
Par LE KINGBEE le 9 Janvier 2021          Consultée 588 fois

Au début des années 80 (loin de moi l’idée de paraphraser une célèbre chanson de IAM), Tom Potter, Ted Pacholik et le batteur-frotteur Mike Vowell, alors étudiants à l’Université du Kentucky, se rencontrent et se découvrent une passion commune pour la musique folklorique allant de la polka au Zydeco.
En 1981, les trois musiciens décident de s’établir à Houston. Ted, l’accordéoniste, prend en main les destinées du trio qui joue alors sous le nom de Ted & The Polka Dots. Originaires de l’Illinois, Pacholik et Vowell, grands fans de Polka, sont aussi des passionnés de Blues, registre dont on ne peut que difficilement s’échapper quand on vit à Chicago. Au fil des mois, le trio s’imprègne d’un répertoire Zydeco, registre qui va bientôt configurer totalement leurs concerts.
En 1987, Ted regagne le Kentucky et le groupe s’adjoint les services de Pierre Blanchard, un authentique Niçois établi au Texas depuis de longues années. Ancien élève de Clifton CHENIER, le Français vient de mettre fin à Pierre & The Nightcats, petit groupe dans lequel il officiait à l’harmonica et à l’accordéon. L’arrivée de notre compatriote bouleverse la composition du combo qui se transforme totalement en groupe de Zydeco. Le groupe s’agrandit avec les arrivées du bassiste Thurman Hurst, recommandé par l’accordéoniste Wilbert Thibodeaux, du saxophoniste L.V. Davis et du batteur Joseph Rossyion, Mike Vowell lâchant les baguettes au profit de la planche à laver et du frottoir métallique. La formation se transforme alors en Pierre & The Zydeco Dots, enregistrant artisanalement trois cassettes, aujourd’hui pratiquement introuvables, suivies de "Naked Zydeco" qui paraît sous format CD en 1994. Alors que le groupe ne cesse de se produire principalement en Louisiane et au Texas, décrochant une solide renommée, Blanchard décide de partir, laissant le combo exsangue, l’accordéon étant la pierre angulaire de tout orchestre Zydeco avec le frottoir.
Pierre Stoot remplace le Français, ce qui permet à l’ensemble de se produire toujours sous le même nom. Malheureusement, cette embellie ne dure pas et à partir de 1995, de nombreux accordéonistes se succèdent au sein du groupe qui se transforme logiquement en The ZYDECO DOTS. Lil’ Jabo, rejeton du célèbre Jabo, le vétéran Leon Sam, ancien membre de la formation familiale Sam Brothers Five, officie pendant sept ans avant d’être remplacé par Raymond Chavis, un cousin de Boozoo CHAVIS qui allait se révéler la figure de proue du combo, alors qu’il n’avait jusqu’alors jamais mis les pieds dans un studio d’enregistrement.

En 2008, The ZYDECO DOTS enregistrent "Never Walked Away" pour le label Mis. Ce brûlot est réédité en 2016 par CD Baby, célèbre plateforme ayant mis fin à ses activités de VPC pour se concentrer sur le digital en mars 2020.

Si sur scène les prestations des Zydeco Dots sont souvent chaudes et hautes en couleurs et si le groupe a raflé onze fois d’affilée le titre de meilleur groupe de Houston, il nous balance ici une véritable référence de Zydeco Blues. Malgré une pochette aussi grise qu’austère qui ne permet pas de visualiser le quintet, ce "Never Walked Away" dont le titre pourrait se traduire par "Jamais Parti" ou "Toujours Là" semble indiquer une prise de position. Malgré les aléas et les difficultés à produire un disque, les ZYDECO DOTS sont toujours présents, bien décidés à faire danser les foules.
Premier constat, l’accordéoniste "Ray Ray" Chavis contribue à apporter une personnalité et une sonorité encore plus Bluesy. Sur les treize titres, on ne compte qu’une seule reprise, celle de "Paper In My Shoe", standard de Boozoo CHAVIS enregistrée dans des conditions dantesques (l’accordéoniste un peu éméché serait tombé du tabouret sur lequel il était juché et on entend une canette rouler sur le sol du studio Goldband). Si Tom Potter et Joe Rossyion apportent chacun une compo', Raymond Chavis demeure le principal pourvoyeur du groupe avec dix nouveaux titres.

Quelques coups de baguettes ouvrent le disque avec "Never Walked Away", un two step ambigu dans lequel l’accordéon pose les bases d’un ancrage dans le Zydeco, alors que la guitare s’offre au milieu un superbe solo bien tranchant. Le combo récidive avec "Hullabaloo", un autre two step bien rythmé mais qui dévoile toutefois un sentiment de mélancolie ou plutôt de retenue avec, encore une fois, un bref solo de guitare fuzz bien incisif. Autre two step particulièrement festif, "Bye Bye Jonee" se décline comme un beau clin d’œil au "Johnnie Billy Goat" de Boozoo CHAVIS avec un époustouflant Mike Vowell au frottoir. Il suffit parfois d’un instrument, souvent du plus insignifiant, pour que la teneur d’une chanson change du tout au tout. C’est le cas du frottoir dans "Way Down" qui imprime au titre une allure pleine de nuances.

Le Zydeco est avant tout une musique festive qu’on peut écouter lors d’un concert, d’un pique-nique mais aussi en dégustant diverses spécialités culinaires du terroir comme un boudin bien épicé. L’impayable "Boudin Man", devenu un standard du Zydeco également utilisé dans le registre cajun, délivre ici une somptueuse farandole sous forme d’un dévastateur two step. Encore plus énergique, "Come On Baby" se révèle à la frontière entre Zydeco Heavy Blues et two step bourré de vitamines. L’instrumental "Big City" reprend tous les ingrédients chers à Clifton Chenier ou Boozoo Chavis : peps, rythmique fracassante et un formidable appel à la fête. L’emploi d’un accordéon à boutons instaure une sonorité plus rurale à "Bye Monife", superbe valse mêlant souvenir d’enfance, berceuse et valse teintée d’un soupçon de mélancolie. Un régal ! Seule reprise "Paper In My Shoe" respecterait presque trop les traditions, mais le titre parvient à donner son lot d’émotions et de sourires. Une version dans la lignée de celles de Boozoo CHAVIS, Clifton CHENIER ou Horace Trahan.

Mais c’est dans le registre du Zydeco Blues que le groupe étonne. "Torn Love" pourrait s’inscrire dans un disque de Clifton CHENIER. L’accordéon double rang tisse un obsédant décor aussi mélodique qu’envoûtant. Entre valse rapide et two step modéré, "Friday Night" s’annonce comme un excellent amuse-bouche destiné à ouvrir les festivités d’un vendredi soir dans un dancefloor texan. Là encore derrière une rythmique métronomique, on retrouve une guitare fuzz qui s’entrelace remarquablement avec le mélodéon. Autre grand moment avec "Maria", un long Zydeco Blues de presque six minutes, dans lequel le rubboard de Vowell rythme la cadence tel le balancier d’une horloge comtoise. Les instruments sont encore dans une symbiose totale, la guitare délivrant un solo aussi aérien que flamboyant. Les Zydeco à Pois, parce que c’est la traduction qui leur convient le mieux, terminent l’opus sur "Zyde-Slide", un instrumental rageur gorgé de slide que ne saurait renier George THOROGOOD.

Alors que de nombreux groupes américains (comme leurs collègues européens) se retrouvent en carafe, les ZYDECO DOTS viennent de publier un nouveau disque digital en 2020 sous le titre de "Homeland Bâton Rouge". Une nouvelle qui se veut rassurante car certains pensaient que le groupe avait stoppé toutes activités, faute de pouvoir se produire dans le circuit de la crawfish food, d'autant plus que Ted Pachomik semble avoir rejoint ses anciens camarades. Si certains lecteurs envisagent un jour un détour à Houston, on ne saurait trop leur recommander d’aller au Big Easy Social & Pleasure Club situé sur Kirby Drive, le club où le groupe se produit le plus souvent.

Groupe méconnu dans notre contrée, les ZYDECO DOTS balancent avec "Never Walked Away" tout simplement l’un des meilleurs albums de Zydeco de ce nouveau millénaire. Rompus au groove et aux scènes louisianaises et texanes ces cinq virtuoses délivrent un assemblage exceptionnel respectant les traditions et les codes du Zydeco tout en apportant une touche de modernisme. Serais-je outrancier ou dithyrambique en plaçant cette galette parmi les dix meilleurs disques de Zydeco jamais enregistrés jusqu’alors ? Note maximale pour cette obscurité bourrée de peps et de groove.

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- Raymond Chavis (chant, accordéon)
- Tom Potter (guitare)
- Thurman Hurst (basse)
- Joseph Rossyion (batterie, chant)
- Mike Vowell (frottoir)


1. Neverwalked Away
2. Hullabaloo
3. Torn Love
4. Friday Night
5. Bye Bye Jonee
6. Paper In My Shoe
7. Maria
8. Boudin Man
9. Come On Baby
10. Way Down
11. Big City
12. Bye Monife
13. Zyde-slide



             



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