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1970 Toe Fat
 

- Style + Membre : Uriah Heep

TOE FAT - Toe Fat (1970)
Par LE KINGBEE le 28 Janvier 2021          Consultée 984 fois

Drôle de nom et pochette surprenante qui n’attirera guère la foule. Traduisible par Gros Orteil, TOE FAT se monte en juin 1969 à l’instigation de Cliff Bennett, ancien chanteur de Cliff Bennett & The Rebels Rousers, groupe qui aura connu deux ou trois succès au milieu des sixties. Tour à tour chanteur de Soul, de R&B, de Beat Pop, Bennett qui invitait ses admiratrices à venir danser le Watusi, danse éphémère à la mode, se rend bien compte que les modes changent et que pour survivre musicalement il va devoir changer son fusil d’épaule. En juin 1969, Cliff Bennett rencontre Ken Hensley ♠ (futur URIAH HEEP, BLACKFOOT), le bassiste John Glascock⃰ et le batteur Lee Kerslake▪ (futur URIAH HEEP), trois membres des Gods avec lesquels il monte TOE FAT. Ancien poulain du producteur Joe Meek, le bon Cliff décroche un contrat avec Parlophone, maison de disque pour laquelle il a enregistré plusieurs singles qui n’ont pas révolutionner l’Industrie Phonographique.

Parlophone expédie les quatre chevelus aux studios EMI de Londres, devenus depuis peu l’Abbey Road Studios suite au carton du disque des Fab Four. Le groupe est confié à Jonathan Peel°, un songwriter arrangeur producteur qui a déjà collaboré avec Bennett. Le bonhomme n’a jusqu'alors jamais fracassé les charts anglais et il pense à l’instar de son pote Cliff qu’il est temps de changer la donne. Le groupe enregistre en trois sessions dix titres dont les trois quart proviennent de l’imagination fertile de Bennett. Parlophone décide de confier la pochette du disque à Hipgnosis, une petite firme de designer qui vient de connaitre un grand succès avec la pochette d'Ummagumma de PINK FLOYD. Si Aubrey Powell et Storm Thorgerson demeurent les auteurs de nombreuses pochettes principalement pour Parlophone, Liberty ou Harvest et si Hipgnosis fourmille d’idées plus délirantes les unes que les autres, le concept de ce visuel ne sera d’aucun secours pour le groupe. Alors qu’il est supposé interpeller le quidam cette étrange pochette si elle peut interpeller n’attire pas les acheteurs.

Alors que le disque n’est pas encore dans les bacs des disquaires, TOE FAT effectue une tournée en Amérique, le groupe est alors complété du guitariste Alan Kendall (futur BEE GEES) par Brian Glascock, frère aîné de John et futur membre de CAPTAIN BEYOND et The MOTELS. Organisée par la Robert Stigwood Organization, la boite de production du label RSO, le groupe se retrouve à l’abandon suite à une faille dans le contrat, Stigwood lâchant brutalement le groupe au profit de DEREK & The DOMINOS. Mais par un curieux concours de circonstance, le disque est publié en Amérique par Rare Earth, la filiale Rock de la Motown. La pochette de l’édition américaine est différente, suite à la censure, l’étrange couple naturiste à tête de doigt sur la gauche est remplacé par une chèvre.

Le disque s’ouvre sur "That’s My Love For You", un mélange de Hard Bluesy et Psyché avec grosse ligne de basse, bien dans le répertoire d'URIAH HEEP et annonciateur du futur FOGHAT. "The Wherefors And The Whys" s’apparente à un Folk Psy bien dans l’air du temps, une ballade bourrée de glissando de guitare dans laquelle on peut fermer les yeux pour se trouver en pleine quiétude. A contrario "But I’m Wrong" vient bousculer ce sentiment de douceur et d’apaisement via des riffs de guitares oscillant entre Heavy Blues et Hard Rock portés par une basse infernale qui ne baisse jamais la garde. S’ensuivent deux plages plus courtes : "Just Like All The Rest" voit l’arrivée du flutiste harmoniciste Mox Gowland (ancien équipier d’Alexis Korner, Peter GREEN et CLAPTON). Un titre qui navigue entre Rock Psy et un maelstrom de Jazz Blues à la JETHRO TULL. "Working Night" a du mal à trouver sa voie, entre un rythme Hardos et une direction Heavy Blues gorgée de slide. Les vingt premières secondes de "I Can’t Believe" peuvent évoquer ANGEL CITY ou BACHMAN TURNER OVERDRIVE avant que la guitare ne s’engouffre dans une sonorité à la RAINBOW ou URIAH HEEP. Un morceau bien dur pour une guitare trop stridente. Titre de fermeture, "You Tried To Take It All" se déguste entre un Boogie Rock à la STATUS QUO et un Hard à la FOGHAT avec un bon break bien bluesy au deux tiers du morceau.


Trois reprises viennent agrémenter le disque sans trop se soucier d’une ligne éditoriale claire. C’est ainsi qu’on retrouve "Bad Side Of The Moon" un titre d’Elton JOHN. Ici après une brève intro acoustique, la guitare d’Hensley et la basse boostent la chanson de l’homme aux lunettes tandis que l’orgue de Bennett tente d’adoucir la sauce. Une version qui nous semble plus convaincante que l’originale ou des reprise de Bo DIDDLEY et des canadiens d’April Wine. Avec "Nobody", le groupe s’oriente cette fois ci vers une Soul Psy. Si les claviers et la guitare diffusent par moments une sonorité étrange ressemblant au curieux mariage entre une cithare et une cornemuse avant qu’une Strate rageuse ne prenne le relai, c’est un vrai délice de Soul Rock Psy que nous offre le groupe. Enregistré quelques semaines plus tôt par la paire Larry WILLIAMS/Johnny "Guitar" WATSON épaulé du groupe KALEIDOSCOPE, la présente version relègue à des années lumière la version ultra lente de Kim Weston. Dernière reprise, "Just Like Me" marque encore l’intérêt du groupe pour la Soul. Hit mineur des COASTERS dans une veine évoquant Ray CHARLES, le morceau avait fait l’objet de plusieurs préparations mitonnées à la sauce Mersey Beat (The Hollies, The Searchers). Là le ton monte d’un cran, le chant prend une poussée à la Joe Cocker et la guitare d’Hensley semble prendre feu par moment.

Ce disque ne connaîtra qu’un succès très limité lors de sa sortie. Le guitariste Ken Hensley quittera le groupe en novembre 69 dès la fin des premières sessions. Une rumeur prétend que Rare Earth, filiale de la Tamla Motown spécialisée dans le Rock, aurait édité le single "Just Like Me" couplé à "Bad Side Of The Moon" sans en avoir entendu la moindre note. Berry Gordy aurait publié le single après avoir vu le nom du groupe sur un flyer annonçant un concert. Curieusement ce disque connaîtra une popularité assez tardive grâce à sa pochette. Si cet éponyme s’avère inégal et demeure plombé par une production manquant de sobriété, certains titres valent néanmoins le détour et sont annonciateurs d’un registre bien représentatif du British Hard post sixties mêlant Rock, Prog et une pointe de Blues Psyché avec le plein de vitamines.

Le disque a été réédité en format CD à plusieurs reprises, le label Beat Goes On (BGO) a publié les deux premiers vinyles sur un coffret deux en un. Ultime précision, nous avons opté pour la pochette originale, celle avec le couple nu sur la plage, au profit du visuel américain avec une biquette toute blanche. Note réelle 2,5.

⃰ Suite à une erreur, le nom de John Konas apparaît sur le dos des pochettes en lieu et place de John Glascock.
° Jonathan Peel n’a aucun lien avec le célèbre John Peel.
▪ Lee Kerslake est décédé en septembre 2020 à 73 ans.
♠ Ken Hensley rejoindra son fidèle équipier en novembre 2020. Il avait 75 ans.

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   LE KINGBEE

 
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- Cliff Bennett (chant, piano)
- Ken Hensley (guitare, orgue, chant)
- John Glascock (basse)
- Lee Kerslake (batterie)
- Mox Gowland (flûte 7, harmonica 7)


1. That's My Love For You
2. Abad Side Of The Moon
3. Nobody
4. The Wherefors And The Whys
5. But I'm Wrong
6. Just Like Me
7. Just Like All The Rest
8. I Can't Believe
9. Working Nights
10. You Tried To Take It All



             



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