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HEAVY BLUES ROCK PSY  |  STUDIO

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1970 Brother Bat Bone

CREEPY JOHN THOMAS - Brother Bat Bone (1970)
Par LE KINGBEE le 27 Février 2021          Consultée 1226 fois

John THOMAS ⃰ est originaire de Sydney. Suite au divorce de ses parents, il atterrie chez ses grands-parents propriétaires d’une gigantesque plantation de bananes. Si le grand-père joue de l’orgue dans la paroisse locale, John se met à la guitare, instrument plus fun. En 1959, il regagne Sydney et se produit au sein des plusieurs petits groupes locaux : The Checkmates, The Telstars. Deux ans plus tard, de retour à Melbourne il intègre The Renegades avant de fonder The Flies. Le groupe décroche un contrat avec la RCA, avec à la clef cinq singles et un EP enregistrés entre 1963 et 65. Les Flies servent alors de première partie aux Newbeats, aux STONES, Roy ORBISON. L’Australie n’aura pas échappé pas à la British Invasion.

En 1967, il rejoint Düsseldorf en compagnie de son amie avant de gagner Londres. En 69, il fonde Rust en compagnie de deux anciens membres des Washington DCs, le batteur Brian Hillman et le bassiste Walt Monaghan (futur IF, Ted NUGENT). Le groupe enregistre à Cologne "Come With Me" édité par Hor Zu, un label indépendant, disque qui ne connait qu’un succès d’estime parmi les fans de Rock Psyché.
A Londres, il fait la rencontre de Conny Plank, futur producteur et ingé-son pour KRAFTWERK, NEU, Kluster, GURU GURU, qui lui permet de décrocher un contrat avec la RCA suite à des démos envoyées à Ian Grant. Grand admirateur d’Howlin’ WOLF, de Muddy WATERS et du duo Sonny Terry/Brownie McGee, John décide de rallonger son nom qu’il juge trop commun. La mode étant aux sobriquets sinistres et théâtraux (CAPTAIN BEEFHEART, Howlin’ WOLF, The ZOMBIES ou BLACK SABBATH), il opte pour CREEPY JOHN THOMAS en référence à la chanson "Creepy John" figurant dans l’album "Blues, Rag & Hollers" du trio Koerner, Ray & Glover.

Devenu Creepy John Thomas, John s’associe avec le bassiste guitariste Andy Marx⸋ , le batteur Helmut Pohl (futur Gomorrha) les trois musiciens enregistrent un premier album éponyme qui ne révolutionne pas l’Industrie du disque. Le répertoire quelque peu chaotique flirte entre Heavy Blues et Rock Psyché. L’album sera édité sous trois pressages différents, le pressage allemand propose une pochette différente et des erreurs de line-up.

En 1970, John Thomas met en boite son second opus sous son nom. Mais alors que les titres sont enregistrés et pressés, le titre est victime d’un imbroglio. John étant en Californie, il communique par téléphone avec Conny Plank et « Brother Bad Bone » va devenir « Brother Bat Bone », l’allemand ayant mal entendu. Il n’y a là pas mort d’homme, mais on se demande ce que viendrait faire une chauve souris dans l’album, surtout au vu de la pochette représentant un chien accroupi avec deux pattes formées de mains humaines. Au vu de la grandeur de la feuille à droite de la pochette, on ne retrouve aucune trace de perspective, hautement figuratif presque enfantin ce visuel s’inscrit pleinement dans l’art naïf à l’instar de certains tableaux du Douanier Rousseau, d’André Bauchant ou Camille Bombois.

Edité par Telefunken, "Brother Bat Bone" contient pas moins de six brûlots oscillant entre Heavy Blues, Folk Blues Psyché. Cette fois, John chante sur tous les titres qu’il a lui-même composés. "Down In The Bottom" ⃰ ⃰ se déguste d’un trait, à mi chemin entre Blues Psy et ballade bluesy plaintive, la mélodie devient vite obsédante avec une bonne complémentarité entre la basse et les deux guitares. Le groupe prend un virage à 90 degrés avec "What’s The Matter With The Mill" un excellent Folk Blues dans la lignée des anciens grands maitres Blind Lemon JEFFERSON, Sleepy John Estes, Big Joe Williams. Interprété juste avec une guitare acoustique et un léger nappage de percussions, les paroles chantées par Creepy John sont reprises par Andy Marx, dans un procédé de question réponse, méthode utilisée dans le Vaudeville et le Gospel de manière à renforcer les liens et aussi d’augmenter la force de persuasion. Un titre dans la lignée du duo Brownie McGhee/Sonny Terry. Arrivée de "Brother Bat Bone", long titre de plus de 9 minutes donnant son nom à l’album. Là encore la formation opère un gros changement de direction, on pourrait croire que le titre provient d’un disque de MOTÔRHEAD, un morceau annonciateur du groupe stoner LEAF HOUND, d’ailleurs l’analogie entre les deux formations ne peut être ignorée, le groupe de Pete French s’étant fait connaitre initialement sous le nom de Black Cat Bones. Les riffs de guitare terriblement tenaces deviennent vite entêtants presque grisants juste entrecoupés par un gros solo de basse au bout de 5 minutes.

La face B s’ouvre sur le dynamique "This Is My Body", un Rock tendance Psyché dans lequel les baguettes témoignent d’une rage contagieuse. La voix aigüe de Thomas contraste avec la rondeur de la basse et l’exubérance des guitares qui envoient le pâté. "Standing In The Sunshine", titre dépassant les 8 minutes se révèle rapidement envoutant. La basse et la dualité entre les deux guitares débouchent sur une atmosphère psyché dont on ressort complètement happé. Dernière piste de l’album, "100 Lib. Noomy" nous délivre encore un bon contrepied, le morceau se dévoilant comme un bon petit Boogie Rock festif et sans prétention, peut être un peu court.

Hormis "This Is My Body" qui nous semble moins captivant, ce disque longtemps recherché de certains collectionneurs regorge de bonnes petites pépites. La batterie souvent percutante, le mariage des deux guitares, une basse bien présente aussi ronde qu’hypnotique et des mélodies qui bien que bigarrées parviennent à entretenir une trame cohérente sont autant d’atouts non négligeables. Il aurait juste fallu une promotion en conséquence pour que cette galette connaisse un meilleur succès, à une époque où l’esprit créatif fourmillait d’idée avec l’émergence de nombreux petits combos.

Après cet album, Creepy John Thomas en bon adepte des paradis artificiels s’installera en Californie où il tourne pendant un an dans le giron de Mitchell Holman bassiste de It’s A Beautiful Day et de Jorma KAUKONEN. De retour en Angleterre, le guitariste intègre le groupe d’Edgar Broughton puis collabore avec Annie Lennox et Dave Stewart (futurs EURYTHMICS) le couple logeant au dessus d’un magasin de disques servant de base arrière au guitariste A la fin des seventies, John regagne Berlin et fonde Johnny & the Drivers. John a enregistré en 2003 l’album "Remember Me This Way" suivi de "Running Jumping Standing Still". Aujourd’hui il se produit sporadiquement, participe à quelques sessions histoire de se dégourdir les doigts.


⃰ Homonyme au guitariste de Budgie, groupe gallois bien connu.

⃰ ⃰ Titre homonyme à celui de Willie Dixon popularisé par Howlin’ Wolf.

⸋ Andy Marx jouera ensuite au sein de Tanned Leather, Family Tree et Amon Dull avant de s’établir aux Etats Unis où il sera naturopathe pour son ami Frank Zappa.

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   LE KINGBEE

 
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- Creepy John Thomas (chant, guitare)
- Andy Marx (guitare)
- Dave Hutchins (basse)
- Roy Octemro (batterie)


1. Down In The Bottom
2. What's The Matter With The Mill
3. Brother Bat Bone
4. This Is My Body
5. Standin' In The Sunshine
6. 100 Lib. Noomy



             



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