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1969 Dusty In Memphis

Dusty SPRINGFIELD - Dusty In Memphis (1969)
Par LE KINGBEE le 15 Mars 2021          Consultée 1121 fois

Lors des funérailles de Mary Isobel Catherine Bernadette O’ Brien, Elton JOHN déclarait à qui voulait l’entendre : « Dusty SPRINGFIELD est la plus grande chanteuse blanche qui ait existé ». C’est bien connu dans le milieu du showbiz, les gens ont une fâcheuse habitude à se passer de la pommade. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça !

L’occasion nous est donnée ici de reparler de l’une des plus grandes chanteuses anglaises. Mary voit le jour à une encablure de Londres en 1939. Elle s’intéresse très tôt à la musique avec son frère Tom. Suite à une annonce parue dans un canard local, elle intègre The Lana Sisters, devenant la troisième roue du trio. Mary quitte l’ensemble au bout de deux ans et fonde The Springfields avec son frangin et Tim Field. Mary se transforme alors en Dusty SPRINGFIELD. On est au tout début des sixties et la mode est aux trios Folk Pop bien propres sur eux. Le groupe enregistre quatre albums pour Philips et bizarrement alors que le groupe commet péniblement de petits succès, leur dernier disque "Folk Songs From The Hills" enregistré à Nashville se révèle comme le chant du cygne. En Amérique, la belle blonde découvre la Soul et tombe admirative de la Motown. Dusty décide de se lancer dans une carrière solo, quitte son frangin, le copain Tim. A l’image de la fable de Lafontaine : Adieu veau, vache, cochon, couvée!

Son culot est récompensé dès septembre 63 avec "I Only Want To Be With You", adapté par Richard Anthony sous le nom "A présent, tu peux t’en aller". La chanson se classe à la 4ème place des hit-parades anglais et atteint la 12ème marche des charts US. Dès 1964, Dusty détrône Lulu, Petula Clark et Sandie Shaw dans le cœur des anglais. La chanteuse accumule les succès, comme d’autres enfilent des perles, elle aura bientôt ses émissions de télé. Les hits s’amoncellent: "You Don’t Have To Say You Love Me" devient Number One en avril 66. Elle participe à la B.O du film Casino Royal en 1967 alors que "I Close My Eyes And Count To Ten" décroche une honnête 4ème place durant l’été 68. Mais dans la réalité, les choses s’annoncent moins clinquantes : l’Anglaise a tendance à lever le coude, devient addictive aux cigarettes qui font rire et à la poudre et révèle divers problèmes de comportement (elle sera diagnostiquée bipolaire). En novembre 68, l’album "Dusty Definitely" sort dans les bacs des disquaires. Le choc est rude pour la chanteuse, le disque fait un flop.

Suite à l’échec de son disque, Dusty Springfield décide de changer de crèmerie. Alors qu’elle a toujours enregistré pour Philips, hormis quelques singles Fontana lors de la période Lana Sisters, l’Anglaise décroche un contrat chez Atlantic via Jerry Wexler.
Le producteur s’est mis dans la tête de lui faire enregistrer un disque de Soul Sudiste et l’expédie à l’American Sound Studio de Memphis, propriété de Chips Moman. Tout est réuni pour faire un carton, sauf qu’en répétant la dizaine de titres proposés par Wexler, la chanteuse n’en retient que deux: "Breakfast In Bed", une compo du tandem Eddie Hinton/Donnie Fritts et "The Windmills of Your Mind", une ballade de Michel LEGRAND figurant au générique du film L’affaire Thomas Crown. Lors d’une interview postérieure, Jerry Wexler affirma que la session d’enregistrement fut pénible, la chanteuse n’en n’avait fait qu’à sa tête, proposant un répertoire bien éloigné de l’idée de départ. Wexler déclara que seule la reprise de "Son Of A Preacher Man", création de John Hurley et Ronnie Wilkins destinée préalablement à Aretha FRANKLIN, était la seule bonne idée ayant germé dans le cerveau de l’Anglaise. La chanteuse répondra plus tard que les propos de Jerry Wexler étaient exagérés. Mais on sait que si Jerry Wexler était financièrement très doué et sans pitié dans les affaires, qu’il ne déformait très peu la réalité. Devant le manque total de confiance et de maîtrise de la chanteuse, les titres sont enregistrés à Memphis et New-York dans les studios d’Atlanta, sous la houlette d’Arif Mardin, Tom Dowd et de Terry Manning venu prêter main forte derrière les consoles. "Dusty In Memphis" sort dans les bacs des disquaires en janvier 69 et s'avère un échec commercial. Réédité par Philips quelques mois plus tard, suite à un accord entre les deux firmes, il ne connaît pas plus de succès. Le disque se classe à une décevante 99ème place dans les classements américains.

Aujourd’hui, on se dit que c’est une super troupe d’auteurs-compositeurs qui a été conviée à l’élaboration de l’album. On retrouve les tandems Barry Mann/Weil, Bacharach/David, Goffin/ Carole King se taillant la part du lion avec quatre chansons tandis que Randy NEWMAN apporte sa contribution sur deux titres.

Commençons ce panorama par les titres véritablement Soul. "Breakfast In Bed" est une pépite de Soul Sudiste. Si on peut regretter le nappage de cordes, Dusty semble ici à son aise, même si on décèle comme une crainte sur certains passages. Quelques mois plus tard, Baby Washington en délivre une version resplendissante captée à Muscle Shoals. Carmen McRAE, Joan OSBORNE et Shelby Lynn en délivrent elles aussi des essais valant le détour. Chris Hynde, chanteuse des PRETENDERS s’associe à UB40 pour une version commercialement réussie mais musicalement de moindre intérêt. "Son Of A Preacher Man" gagne lui aussi ses galons de titre Soul haut la main. 9ème dans les charts anglais, 10ème chez les ricains, on peut penser que le titre aurait pu connaitre une meilleure place avec une promotion plus large. On ne compte plus le nombre de reprises souvent serviles du titre, mais on revient généralement à cette version, Dusty Springfield était dans un jour de grâce. Erma FRANKLIN, Bobbie GENTRY, Mavis Staples en fourniront de belles covers, alors que Nicoletta témoignait qu’elle avait du coffre dans son adaptation "Le grand amour".
C’est tout pour ce qui est de la Soul. Le reste appartient à un mélange hybride conjuguant Pop et ballades. Le tout est formidablement bien écrit, bien tourné malgré quelques volées de violons intempestives, bien interprété mais cela n’en fait pas un disque de Soul.

En ouverture "Just A Little Lovin’", compo de la paire Barry Mann/Cynthia Weil, avait été enregistré par Lana Cantrell pour la RCA sans le moindre succès. S’agit-il d’une refourgue habile ? Toujours est-il que la chanson résume à elle seule la tonalité de l’album, de la Pop. Les deux compos de Newman confirment cette même orientation. "I Don't Want To Hear It Anymore" avait fait l’objet d’une version sirupeuse de Jerry Butler. Là, si la chanson s’avère moins poisseuse, l’ennui prend le pas sur la beauté et la douceur. Même impression avec "Just One Smile", si BLOOD SWEAT & TEARS parvenait vaguement à entretenir l’attention, Gene Pitney et les Tokens s’étaient eux cassé les dents sur ce morceau. Là, Dusty nous offre une ballade certes plus goûteuse, mais c’est insuffisant pour marquer les esprits.
Grand carton de l’année 69, "The Windmill Of Your Mind" connaît rien que cette année plus d’une vingtaine d’essais. Si le chanteur-acteur-skieur Noel Harrison (fils de Rex) chantait le titre dans le film de Jewison, la version de Dusty nous semble plus juste tant au niveau du chant que de l’orchestration. Chez nous, Michel LEGRAND, auteur de l’original "Les moulins de mon cœur", en avait livré une version intéressante.
Parmi les compos de la paire King/Goffin, "So Much Love" aurait pu devenir un titre de Soul. Après tout, le morceau avait été enregistré par Ben E KING et Percy Sledge. Mais le titre est inondé par un florilège de cordes et de violons qui prennent invariablement une orientation Pop, limite variété. Impression presque similaire avec "Don’t Forget About Me", gravé trois ans plus tôt par Barbara LEWIS, sauf que la qualité de la mélodie et du chant prend le pas sur les arrangements ampoulés dans lesquels même les Sweets Inspirations ont bien du mal à se fondre. "No Easy Way Down" pourrait figurer comme l’exemple même de la refourgue parfaite. Enregistré sans la moindre once de succès par The Germz, repris par Jackie DeShannon, une autre belle blonde mais du Kentucky, ici cette ballade Pop se situe à la lisière de la Soul Music. Quel dommage que les volutes d’orgue du début soient peu à peu remplacés par d’agaçants violons. En fermeture, "I Can’t Make It Alone" laisse perler une légitime déception. Si le chant est excellent, c’est encore une fois une orchestration surchargée, presque grandiloquente, qui vient plomber la chanson, rappelant la sonorité des productions de Phil Spector.

Aujourd’hui, avec le recul, ce disque demeure la meilleure contribution de Dusty Springfield. Il est regrettable qu’Arif Mardin ait autant surchargé la tonalité d’ensemble de cordes et de violons, une habitude chez cet arrangeur producteur réputé. Si Dusty avait eu un peu plus de flair et enregistré ne serait-ce que la moitié des titres suggérés par Jerry Wexler on aurait pu avoir un disque du tonnerre. Mais en réalité, ce sont les premières influences Soul de Dusty qui se détachent de ce patchwork, une identité sonore marquée par les Girls Groups et la Motown.

Les années 70 s’avèrent assez pénibles pour la chanteuse avec un seul Top 40 "How Can I Be Sur ?" en 1970. Elle enregistre plusieurs disques, apparaît dans divers shows télés et des concerts destinés à un public nostalgique. Fin seventies, elle s’essaie au Philly Sound sans succès et enregistre "Private Number" en duo avec Spencer Davis. Avec sa coiffure alliant choucroute et girl group sixties, Dusty ne fait plus recette. Des révélations sur son homosexualité et un comportement parfois instable font la une des tabloids anglais. L’Amérique puritaine la range au placard. Elle disparaît de la circulation et s’établit en Californie. Contre toute attente, elle revient au premier plan en 1987 avec "What Have I Done To Deserve This?" enregistré avec les PET SHOP BOYS, loupant de peu la première marche des charts. Elle décède en 1999, juste avant ses soixante ans, victime d’un cancer du sein.

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- Dusty Springfield (chant)
- Reggie Young (guitare, sitar)
- Tommy Cogbill (basse, guitare 9)
- Gene Chrisman (batterie)
- Bobby Emmons (orgue, piano électrique, congas 5)
- Bobby Wood (piano 8)
- Mike Leach (congas 8)
- Estelle Brown (chœurs)
- Cissy Houston (chœurs)
- Myrna Smith (chœurs)
- Sylvia Guions-shewell (chœurs)


1. Just A Little Lovin'
2. So Much Love
3. Son Of A Preacher Man
4. I Don't Want To Hear It Anymore
5. Don't Forget About Me
6. Breakfast In Bed
7. Just One Smile
8. The Windmills Of Your Mind
9. In The Land Of Make Believe
10. No Easy Way Down
11. I Can't Make It Alone



             



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