Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1978 City To City
1979 Night Owl

GERRY RAFFERTY - City To City (1978)
Par LE KINGBEE le 13 Avril 2018          Consultée 3852 fois

Drôle de parcours que celui de l’Ecossais Gerry RAFFERTY. Originaire de Paisley, une bourgade située à une encablure de l’aéroport de Glasgow, Gerry voit le jour en 1947. Issu d’une pauvre famille de mineurs, il s’intéresse très tôt à la musique par le biais d’une mère fan de Scottish et d’Irish Folk. A ce mélange, somme tout logique pour un gars du coin, viennent se greffer les influences Folk de Bob DYLAN et la Pop des BEATLES. Rejeton d’un père poivrot et violent décédé alors qu’il n’a à peine 16 ans, Gerry doit se mettre au boulot rapidos afin de subvenir aux besoins de sa famille. Ce qui ne l’empêche pas de former un premier groupe The Mavericks (Les Dissidents) avec Joe Egan, un ancien copain d’école. A 18 ans, il enchaîne au sein des Humblebums, groupe dans lequel chante le banjoïste Billy Connolly qui embrassera bientôt une carrière d’acteur (il sera au générique du « Dernier Samouraï » et d’un épisode du « Seigneur des Anneaux »).

Mais c’est au sein de STEALERS WHEEL (Les Voleurs de Roues) qu’il se fait connaitre avec son ancien équipier Joe Egan. Le groupe à tendance Folk se fait connaitre avec la chanson « Stuck In The Middle With You » qui grimpe à la 6ème place des charts US. En 1992, le titre connaîtra une résurrection inattendue via la bande son du film « Reservoir Dogs ». Rappelez-vous de la séquence où Mister Blonde (Michael Madsen) découpe l’oreille d’un flic en uniforme en dansant sur le morceau. Mais Gerry Rafferty, peu prédestiné à devenir une gloire montante de l’Industrie du Disque, a de plus en plus de mal à supporter sa notoriété et dissous le groupe en 1975.

Si notre Ecossais avait gravé un premier album solo en 1971 qui ne connaîtra aucun succès avec « Can I Have My Money Back », disque dont la pochette flirtait entre tristesse et désarroi, il lui faut attendre 1978 pour se replacer sous le feu des projecteurs avec « City To City ». N’allez pas croire que notre Ecossais est un cossard pur jus, le guitariste n’a tout simplement pu enregistrer sous son nom pendant une période de trois ans suite à des poursuites judiciaires faisant suite à l’arrêt de Stealers Wheel.

En 1977, Rafferty décroche un contrat avec United Artists qui ne place pas trop d’espoirs en lui. Rafferty décide de s’atteler à son disque avec l’appui du producteur Hugh Murphy. Jusqu’à présent Murphy n’a jamais fait de vagues, mais le garçon poursuit son petit bonhomme de chemin, il a surtout l’avantage de bien connaitre le guitariste chanteur, il a produit son premier disque, s’est retrouvé derrière la console et a même joué du tambourin. L’Écossais a eu tout le temps de peaufiner de douces mélodies composées entre son domicile de Glasgow et l’appartement que lui prête un copain londonien basé à Baker Street.

« Baker Street » justement va se révéler comme un tube imparable, avec son gros solo de sax. Et dire qu’au départ, ce solo n’était pas prévu. Lors de l’enregistrement, l’Écossais bafouille son intro et n’est pas satisfait de la partie guitare. Raphael Ravenscroft, qui traîne dans les parages, lui suggère une intro en seconde main basée sur un 8 mesures décalé. A la surprise générale, « Baker Street » investit les radios, atteint la seconde place des classements américains, se classe à la 3ème place en Angleterre (on n’est rarement prophète dans son pays) et devient Number One en Australie, en Afrique du Sud et au Cash Box US, concurrent du Billboard. En Europe, le titre fait un carton et grimpe dans les Tops Five de la plupart des pays.

Un beau coup d’épée et une heureuse initiative alors que la planète se trémousse encore sur les pistes de « Saturday Night Fever ». Dans l’Hexagone, « Baker Street » se révèle comme un pied de nez à toute la daube que nos radios ne cessent de nous faire ingurgiter jusqu’à plus soif. Oui chez nous autres, Michèle Torr demande qu’on l’emmène danser ce soir, SARDOU reprend « En Chantant » tandis que la voix éraillée de Bonnie Tyler ne cesse de répéter « It’s A Heartache ».

Alors « Baker Street » est l’un des plus beaux cartons surprise de l’année, une chance pour United Artists qui au départ hésitait à publier le titre en single. Mais la force et la puissance mélodique de « City To City » ne se résume pas à son plus gros succès, cela serait trop réducteur pour un album construit comme un fil rouge sur une idée de voyage, d’une introspection nous invitant à philosopher sur l’amour, le bien être et la quiétude. Si le rythme s’inscrit résolument sous la forme d’une Pop romantique, la qualité des arrangements, des textes et une production bien léchée font de ce disque l’un des meilleurs albums Pop de la décennie.

En ouverture, « The Ark » diffuse une sonorité celtique avec un violon qui contribue à apporter une touche mélancolique. On retrouve une connotation issue du Folk sur « City To City » mais sur un rythme plus enjoué avec l’harmonica de Paul Jones. On n’ira pas jusqu’à dire qu’on a entre les oreilles un morceau festif, cela serait exagéré, mais le titre donnant son nom au disque s’avère plus énergique.
« Mattie’s Rag » se situe à mi chemin entre un rag américain et un folk écossais avec accordéon et mandoline. « Whatever’s Written In Your Heart » débute comme un Gospel, le chant et le piano instaure une ambiance quasi religieuse digne de Randy Newman. « Island » fait réapparaitre le saxophone pour une ambiance veloutée rehaussée par de nombreux chœurs.

Si « Baker Street » a connu depuis sa création près d’une quarantaine de reprises souvent médiocres, l’intemporel « Right Down The Line », 12ème au Billboard Hot 100 a lui aussi fait l’objet d’une quinzaine de relectures. La plus connue demeure la version de Bonnie Raitt* qui orientait le morceau d’une touche exotique titubant entre Reggae et Americana aussi surprenante que malvenue. Plus récemment le groupe Newyorkais Lucius en délivrait une version electro pop d’une rare subtilité. L’album se conclut sur une pigmentation plus Rock avec « Waiting For The Day » une vraie farandole dans laquelle les guitares, le piano et les claviers s’emboitent comme des pièces d’horlogerie.

Hormis les 25 premières secondes de « Home And Dry », trop Rock FM, il n’y a strictement rien à jeter dans ce disque d’une grande richesse poétique. Et puis « Baker Street » fait partie de ces morceaux qui passent toujours en boucle sur les radios et dont on ne se lasse pas, chose rare ! Le premier couplet fait figure de démarque, rappelez-vous : « Winding your way down on Baker Street – Light in your head and dead on your feet – Well another crazy day – You’ll drink the night away...». Une note de 5 ne parait pas usurpée, Gerry Rafferty avait apporté avec « City To City » une touche de fraîcheur et de pureté qui n’a aujourd'hui pas pris une ride. La suite sera moins rose pour ce multi-instrumentiste excellent songwriter. En proie à une addiction congénitale à l’alcool et sujet à une dépression, Gerry Rafferty, artiste effacé qui fuyait, probablement par pudeur et humilité, les feux de la rampe et le star-système, décède en 2011 suite à une hépatite.

*A titre personnel, j’avoue avoir toujours eu énormément de difficulté à apprécier la sincérité et le répertoire de cette chanteuse guitariste californienne qui oscille entre Blues et Americana au gré des modes et du choix de ses éditeurs. Cela n’engage que moi.

A lire aussi en POP par LE KINGBEE :


Rickie Lee JONES
Rickie Lee Jones (1979)
Après le phrygien, le basque, le béret californien




TONIO K
Life In The Foodchain (1978)
Album de référence en pop rock 70's


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Gerry Rafferty (chant, guitare, piano)
- Jerry Donahue (guitare)
- Hugh Burns (guitare)
- Nigel Jenkins (guitare)
- Andy Fairweather-low (guitare)
- Michael Moody (guitare 5)
- Brian Cole (steel guitar, dobro 4-4-5-6-9)
- Gary Taylor (basse, chœurs)
- Henry Spinetti (batterie 1-2-3-4-5-6-8-10)
- Glen Lefleur (batterie 7-9, percussions 1-2-3-9-10)
- Tommy Eyre (piano, claviers)
- Graham Preskett (fiddle, mandoline)
- Raphael Ravenscroft (saxophone 2-9)
- Willy Ray (accordéon 6-9)
- Paul Jones (harmonica 4)
- Hugh Murphy (tambourin 4)
- Barbara Dickson (chœurs 1-7)
- Vivian Mcauliff (chœurs 4)
- Joanna Carlin (chœurs 7)
- Roger Brown (chœurs 4)
- Rab Noakes (chœurs 4)
- John Mcburnie (chœurs 4)
- The Bushwackers ( fiddle, concertina, bodhran 1)


1. The Ark
2. Baker Street
3. Right Down The Line
4. City To City
5. Stealin' Time
6. Mattie's Rag
7. Whatever's Written In Your Heart
8. Home And Dry
9. Island
10. Waiting For The Day



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod