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MUSIQUE IMPROVISéE  |  STUDIO

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1999 Hanging Gardens
2015 Vertigo
 

- Style : Villalobos / Loderbauer

The NECKS - Hanging Gardens (1999)
Par K-ZEN le 21 Mars 2021          Consultée 545 fois

Une heure c’est à peu près la durée d’un vol intérieur Paris-Nice. Quoique, j’en viendrais presque à douter, tant les aéroports représentent des notions particulièrement abstraites dernièrement.

Une heure.

Je vais fermer le hublot, sinon je vais me retrouver avec un coup de soleil à la descente.

Une heure.

Le temps pour certains de s'envoyer deux fioles de spiritueux ou pour d'autres de faire un petit tour par la case chiottes en emmenant une paire de lunettes à la main, on se demande bien pour en faire quoi, tant il paraît compliqué de ne pas retrouver le loquet ou le papier dans une boîte exiguë de 1m sur 0,5m, même myope comme une taupe.

Une demi-heure à tenir. Putain de migraine. Comme un rondin de bois qui pénètre sans gants par les sourcils. Je serai peut-être mort avant la descente.

Le problème, quand on n’a pas de casque de qualité, c’est le foudroiement continu du moteur, impossible à oblitérer. Alors on pousse le volume à fond. En plus d’avoir les oreilles bouchées toutes les deux secondes. Ou alors on écoute du violent, permettant de moduler l’obsolescence programmée de ses tympans.

Je ne peux plus arrêter maintenant. Bienvenue à Orly. La température est de X degrés, le RER bondé vous attend.

Les hôtesses et les stewards font de leur mieux sur la chorégraphie de mise en situation du gilet de sauvetage mais le succès n’est plus au rendez-vous pour les abonnés.

Une heure.

Soit soixante minutes. Soit trois mille six cents secondes. Soit la durée modulo une demi-minute de Hanging Gardens. Une paille. Un seul titre de forte amplitude, c’est toujours une certaine curiosité en soi.

Ceci devrait être prescrit par tout médecin dans le cadre de dilatations temporelles dangereuses. Idéal pour les week-ends dunkerquois à venir et passés, à la mi-temps de Sátántangó, sur une plage en attendant le cataclysme final ou dans une crevasse gelée sans espoir de sortir. Ample. Minimal. Fascinant. Il fera votre bonheur complet.

Trouvé par pur hasard sur Recommended Records, label de Chris CUTLER, à un prix modique de cinq livres. On reconnaît un grand disque à la capacité qu'il a à vous harceler des jours durant.

The NECKS est un trio australien qui fait les choses à sa manière, un peu comme SUPERSILENT perché sur leur label Rune Grammofon. La musique exécutée sur cet album est totalement improvisée, toutefois plus orientée jazz que noise. Un aspect krautrock se dégage aussi, nettement.

Le début est souterrain, aquatique sur des agilités percussives. Bientôt la basse résonne. Nous partons à la recherche d’éléments remarquables, sur un rivage avec un détecteur à métaux. Ils sont rares et chers. Des samples de guitare, une sinusoïde, une rigidité.

Les sept notes de piano graves seront un bon checkpoint. Dès que l’on se sent perdu, se référer à cette boussole.

Ta-da-da-da-da-da-da. IIIIII. Tang-Tang-Tang-Tang-Tangtang.

Je serai le dernier à sortir. L’hôtesse n’est pas très jolie. Je ne souffre pas d’insomnies. Mon voisin ne ressemblait pas à Tyler, du moins tel que je l’imagine.

Je ne crois pas être mort. Plutôt plus rêche ou tendu que jamais.

Parfois, je me demande ce qui se passerait si le présentateur du journal télé faisait un infarctus en plein direct. Ou le pilote en plein atterrissage. Une chance sur un million, comme recevoir une pierraille d’un volcan ou anticiper le tirage du loto.

Denfert-Rochereau prendre à gauche. Oulan-Bator directement à votre droite.

Ta-da-da-da-da-da-da. IIIIII. Tang-Tang-Tang-Tang-Tangtang.

Les orgues renvoient invariablement à SOFT MACHINE. L’ambiance dans son ensemble, plutôt à Miles DAVIS, In a Silent Way évidemment. Mais je le trouve cependant plus inquiet, comme si les échos relatifs aux flamants roses n’étaient pas loin.

La batterie se décide à prendre le lead de la machine. Les deux motifs de basse et de piano restent incrustés. Manuel GÖTTSCHING avance le pion protégeant le roi de deux cases. Le piano disparait ensuite, remplacé par un motif abscons au clavier électrique. La basse toujours tapie dans l’ombre se montre de plus en plus téméraire.
Les humeurs se relayent ainsi, une journée, une année s’égrènent lentement. Les musiciens relayent leur tour de garde. Tout est mathématique, scientifiquement disposé alors que c’est pourtant imprévisible.

Parfois, une simple pulsation subsiste à l’instar du final, ayant peur de prendre congé.

Parfois, la lumière se lève. Les simples garde-fous : les sept notes de piano, le motif de basse, droit devant puis bifurquant.

Une vague carillonnante. Cuisine minimaliste ne veut pas dire ascétisme. Miles DAVIS aurait apprécié. Les jardins suspendus ne vont pas s’effondrer. Loin de là.

Ta-da-da-da-da-da-da. IIIIII. Tang-Tang-Tang-Tang-Tangtang.

Le grand bleu ornant sa pochette se fissure peu à peu. Le trop plein d’oxygène entraîne le délire. Les porte-bonheurs chinois resteront six pieds sous eau. Les requins ouvrent grand la gueule pour montrer qu’ils sont les patrons.

Je m’engouffre dans l’escalator glacé conduisant au métro.

Dans les trois triangles monochromes apparaissant dans la rame parcourant le dos du wagon final, je vois la rassurante tête de Terry RILEY me toiser. C’est idiot, j’avais bien aimé Rainbow In Curved Air. Le visage s’approche. Deux phares m’aveuglent.

[Rien]. Pas même celui de FAUST.

L’oasis s’abîme dans le silence. Hanging Gardens n’est que la première étape. Sur le chemin d’une nouvelle renaissance.

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- Chris Abrahams (piano, hammond, rhodes, claviers)
- Tony Buck (batterie, percussions, samples)
- Lloyd Swanton (basse, contrebasse)


1. Hanging Gardens



             



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