Recherche avancée       Liste groupes



      
BRITPOP TARIE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2001 The Invisible Band
2003 12 Memories

TRAVIS - 12 Memories (2003)
Par K-ZEN le 22 Mars 2021          Consultée 496 fois

La mémoire, quand elle ne ment pas, se regénère par fragments et rafales. Les tempêtes, logées sous les crânes ne sont pas seulement ioniques. Ce qui était vrai il y a 20 ans n’est pas encore forcément complètement obsolète.

Les hockeyeurs brandissaient leurs crosses au-dessus de leurs têtes comme des torches ; (il faut que je trouve celle nécessaire dans Luigi’s Mansion troisième du nom). Ils n’en restaient pas moins frigorifiés. Aucune peur ne perle de leurs paupières.

Derrière ce rythme étrange, réalisé sans nul doute électroniquement, s’avance un motif acoustique inoubliable. La frêle voix de Fran HEALY se fait doucement entendre, commençant à expliquer l’inaudible. Putassier, surtout sur son refrain, "Re-Offender" a longtemps hanté les obscurs recoins tapissant ma matière mémorielle. C’était aussi un des seuls souvenirs marquants et radiophoniques que je conservais de TRAVIS. Bien plus que « Sing », vitrine d’assurance ou banque que sais-je. Ultime.

Les feuilles ont jauni, voire bruni mais elles sont revenues, année après année. Pour comprendre le sens profond des rêves, il faut creuser sous la surface, reconstituer le puzzle. Les visages s’effacent, celui de Marty McFly lorsque ses parents s’éloignent l’un de l’autre.

Quand je suis allé au Canada, mes pérégrinations m’ont mené à un petit disquaire d’Ottawa. J’en ai profité pour compléter ma collection d’introuvables non réédités. EURYTHMICS. TRAVIS. Il faisait froid. Ce n’était pas le jour le plus froid de la saison mais on s’en approchait. Lentement. Echarpes et gants pour tous, sans exception.

DJ PROSPER est là, juste en dessous, à gauche. C’est l’ambianceur officiel des Senators d’Ottawa pour chaque mi-temps. Les gradins tremblent sous le coup de la ferveur. A l’instar de PINK FLOYD sur "Fearless", les supporters s’époumonent sur "Peace The Fuck Out".

A la toute conception de cet album, le batteur Neil PRIMROSE souffrait d’un traumatisme médullaire dû à une mauvaise chute dans une piscine. En gros, les douze souvenirs ont failli être réduits à peau de chagrin.

Dans ma poche, entre les photos souvenir, un petit billet tout droit déchiré d’un carnet précieusement gardé par un cabinet comptable. Une écriture soyeuse, parfaitement lisible. "TRAVIS – 12 Memories – 13 $ ou pas loin". "Désolé mademoiselle, je ne suis pas du coin, mais je garderai de vous une empreinte dans mon esprit". Killroy était ici mais ne repassera que sporadiquement. Fi des centimes.

Pourtant, les couleurs des maillots sont étrangement similaires. Comme si un volcan avait tout recouvert. Et le silence n’est qu’omniprésent.

Le groupe est peut-être encore plus invisible que lorsqu'il était niché dans cet arbre deux ans auparavant. La pochette est familière. Let It Be des BEATLES. Pop de U2. Le son s’est transformé, durci, électrisé. Le champ lexical est grave : violence domestique, invasion américaine en Irak, mélancolie, dépression. Le groupe vit sa crise de la trentaine, similaire à la mienne, m’obligeant à éviter toute main basse sur coiffeur. L’amour, encore présent par fragments, se raréfie.

"Happy To Hang Around" est magnifique, zonant sans prétention du haut de son solo distordu et sa fatigue apparente. Tout autant, "The Beautiful Occupation", carillonnant, presque innocent si ce n’était sa lourde thématique. Placé en ouverture, "Quicksand" installe les barricades nécessaires pour maintenir le mal à bonne distance.

Jean-Paul Belmondo parcourt la ville désertée par le match de coupe d’Europe. Peter Falk dans la tribune désertée, réfléchit. Des notes de musique psychédélique, une horloge sonnant la demi-heure. Un écho à ce bloc de glace qui se dissout lentement dans le chlore de la piscine ; au fur et à mesure, le sang s’échappant de l’homme sans nom se coagule. Une mèche de cheveux s’échappe, les moustaches de Robert Culp se dérident sous l’effet de l’adrénaline, dans ce costume immaculé de marchand de glaces.

A lire aussi en ROCK par K-ZEN :


BLACK MIDI
Schlagenheim (2019)
Une des sensations de l'année 2019




Dennis WILSON
Pacific Ocean Blue (1977)
Équinoxe irisé


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Fran Healy (chant, guitare, piano)
- Andy Dunlop (guitare, banjo, chœurs)
- Dougie Payne (basse, chœurs)
- Neil Primrose (batterie)


1. Quicksand
2. The Beautiful Occupation
3. Re-offender
4. Peace The Fuck Out
5. How Many Hearts
6. Paperclips
7. Somewhere Else
8. Love Will Come Through
9. Mid-life Krysis
10. Happy To Hang Around
11. Walking Down The Hill/some Sad Song



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod