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1976 Any Way You Like It

Thelma HOUSTON - Any Way You Like It (1976)
Par LE KINGBEE le 27 Mars 2021          Consultée 796 fois

En premier lieu, Thelma HOUSTON n’a aucun lien de parenté avec la fratrie Houston (Cissy, Whitney) ni avec Eddie Houston un second couteau auteur d’une poignée de singles pour Capitol et Ovation, pas plus qu’avec le saxophoniste Joe Houston. En dehors de ces divers homonymes, la carrière atypique de Thelma HOUSTON s’avère bourrée de contradictions.

Native de Leland (Mississippi), bourgade au nord de Jackson, Thelma vient au monde en mai 1946. Décidée à quitter son statut de ramasseuse de coton, Madame Houston quitte la misère du Delta pour tenter sa chance avec ses trois fillettes, répondant comme beaucoup d’autres à l’appel de la Californie. De Long Beach où la famille s’est installée à Hollywood, il n’y a que cinquante bornes, et les rêves de cinéma et de paillettes germent très tôt dans l’esprit de la gamine. Mais la gloire va mettre un bout de temps à arriver. Devenue infirmière, le quotidien de Thelma HOUSTON est tout autre : maman divorcée de deux bambins, celle qui rêvait à des rôles de princesse a du mal à joindre les deux bouts. Pour échapper à son quotidien, elle chante au sein de petites chorales puis intègre The Art Reynolds Singers, ce qui lui permet d’enregistrer en 1966 deux singles sous son nom édités par Capitol. Ses prestations au sein de la troupe d’Art Reynolds tapent dans l’œil de Marc Gordon, producteur des 5th Dimension, qui parvient à lui décrocher un contrat avec ABC-Dunhill. En 1969, elle enregistre "Sunshower" un premier disque sous la houlette de Jimmy Webb. Malgré la qualité de "Jumpin’ Jack Flash" emprunté aux STONES, le disque ne connaît aucun succès et l’ancienne infirmière se retrouve sans maison de disque.

En 1972, Thelma signe avec MoWest, la nouvelle filiale de Tamla Motown à la recherche d’artistes locaux. Malgré une reprise de "Me And Bobby McGee", ce second disque éponyme ne connaît pas plus de réussite que le précédent. Après avoir enregistré une demi-douzaine de 45-tours pour MoWest et sa maison-mère, le single "You’ve Been Doing Wrong For So Long" lui permet d’être nominée aux Grammy Awards en 1974, d’où elle ressort Vache comme Grosjean. Berry Gordy l’invite à participer à « The Bingo Long Traveling All-Stars And Motor King », une comédie sur le sport de l’excellent John Badham qui restera anecdotique. Pour faire bouillir la marmite et élever ses deux enfants, Thelma n'a d'autre ressource que de se produire le soir dans le circuit des clubs et des discothèques qui poussent comme des champignons.

Les choses vont soudainement tourner en 1976. Alors qu’elle vient de participer à "My Name Is Jermaine", troisième opus de Jermaine JACKSON, le producteur Hal Davis lui suggère de reprendre "Don’t Leave Me This Way", titre du groupe de Philadelphie Harold Melvin & The Blue Notes chanté avec douceur par Teddy Pendergrass. A l’origine, Hal Davis prévoyait que la chanson figure en face B de "Love Hangover", single de Diana ROSS remplacé par "One Love In My Lifetime" et jamais enregistré par l'ancienne patronne des SUPREMES. Un heureux concours de circonstance pour Thelma HOUSTON qui du jour au lendemain allait devenir la star de l’année propulsée sous les feux de la rampe. Une bonne trouvaille pour Hal Davis, besogneux producteur auquel on doit la découverte de Brenda Holloway.

Thelma HOUSTON refusant de se laisser enfermer dans le Disco, registre qui inonde alors les ondes et le marché de l’industrie du disque, connaît par la suite une carrière en dents de scie, marquée au fil du temps par l’émergence de plusieurs hits avec plusieurs enregistrements publiés par la RCA, MCA et Reprise. Auteure de bons duos avec Jerry Butler, elle traverse les décennies avec élégance, œuvrant aussi bien dans le rayon de la Pop que de la Soul. La chanteuse figure au générique de plusieurs films et séries télé. Thelma se produit au sein des Sisters Of Glory, chantant devant le Pape Jean-Paul II à Rome. En 1997, elle contribue à l’album "Tore Down House" du guitariste Scott Henderson. Dix ans plus tard, surgissant tel un diable de sa boîte, elle enregistre "A Woman’s Touch" dans lequel elle reprend des titres d’Al GREEN, STING et Luther Vandross. Très impliquée dans la lutte contre le Sida, Thelma est toujours très prisée des plateaux de télévision, participant à l’occasion à des émissions comme "American Idol". En 2020, on la retrouve sur le seul titre potable de "I am Not A Dog On A Chain" de Morrissey (ex SMITHS).

Aujourd'hui, quasiment 45 ans après la sortie d'"Any Way You Like It", il ne reste pas grand-chose à se mettre sous la dent. Rappelons toutefois que le disque sort en pleine période Disco. Ce qu’on retient désormais se résume en peu de mots : une production boursoufflée bien dans les cadrans de l’époque, des arrangements aussi ronflants que pompeux, des ballades mitonnées à la sauce Disco incapables de résister au temps, des reprises à la gomme lorgnant maladroitement sur le style Cabaret. Enfin pour synthétiser, du Disco de série. Un produit de consommation courante auquel on ne prête même plus attention, à l’instar du paquet de papier toilette que l’on glisse machinalement dans le caddy de son supermarché. Niveau production et arrangement, Motown a fait appel à une ribambelle d’intervenants, mais pas un seul ne parvient à s’extirper de la matière dans laquelle il s’est englué.

Seule compo' de la chanteuse, "Any Way You Like It" résume à elle seule la grandiloquence du propos, sans compter que le titre s’éternise à n’en plus finir (plus de six minutes). La Motown nous refourgue une vieille purge de Stevie WONDER avec "Don’t know Why I Love You" dont les nombreuses versions (Al KOOPER, STONES, JACKSON 5) ont laissé une impression mitigée. A l’image d’une course de Formule 1, voir une 2 CV rafler un grand prix semble plus qu’improbable. C’est la même chose en matière de musique. Autre exemple de refourgue avec "Come To Me"»⸋ , une ballade insipide et ennuyeuse de Jermaine JACKSON. La chanson est si médiocre que Jackson ne l’incorporera que des années plus tard dans l’album "Dynamite".

Dans le registre de la ballade lascive et énamourée, "Don’t Make Me Pay (For Another Girl’s Mistake)" se taille une part de roi polluée de nombreux passages parlés. Mais "Sharing Something Perfect Between Ourselves" peut lui ravir le sceptre de l’ennui et celui de la ballade sentimentale pleine de clichés.
Contrairement à ce qu’annonce l’adage : "C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures", reprendre "If It's The Last Thing I Do" une vieillerie des années 30 de Tommy Dorsey reprise par SINATRA, Dinah Washington ou Nancy Wilson n’inaugurait rien de bien emballant, d’autant plus que l’orchestration passe ici du coq à l’âne. Une version bien inférieure à celle d’Esther Phillips. Belle ballade de Ralph Graham, "Differently" aurait pu faire illusion sans sa surenchère d’arrangements aussi bourratifs qu’intempestifs et bien dans l’air du temps.

La conclusion s’avère terrible, mais pouvait-il en être autrement ? De ce disque, seul le théâtral "Don’t Leave Me This Way" a traversé sans encombre le temps. Il y a ici une certaine ironie quand on y regarde de plus près : si le titre demeure l’un des plus gros carton Disco de la Motown, il ne faut pas oublier qu’il est issu de l’imagination de la paire Kenny Gamble/Leon Huff, deux artisans de la Philadelphia Soul, un pied de nez pour l’empire de Berry Gordy. Le titre connaît de multiples reprises. En 1986, les COMMUNARDS de Jimmy Sommerville lui redonnent une seconde vie, la reprise se classant à la 1ère place des charts anglais, comme quoi il arrive qu’on soit prophète dans son propre pays. Cette ode à la stimulation orale deviendra l’un des hymnes de la communauté LGBT.
En 2015, Soul Music a réédité l’album au format CD avec six bonus dont la version du single US de "Don’t Leave Me This Way". Entretemps, Thelma HOUSTON en a réenregistré plusieurs versions, il n’y a pas de mal à se remplir les poches avec trois fois rien. Ce disque échappe à la note la plus basse par la grâce et le succès de son titre phare. Signalons qu'il est toujours impossible de dresser une liste complète de la line-up, aucune indication ne figurant dans le livret et de nombreuses archives ayant été détruites.

Note réelle 1,5.

⸋Titre homonyme à ceux de Marv Johnson, Otis Redding, Björk.

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- Thelma Houston (chant)
- Art Wright (guitare 2-4)
- Harold Johnson (piano, claviers 6)
- Clayton Ivey (claviers 8)
- Ted Stovall (claviers 8)
- Paul Riser (trombone 7)


1. Any Way You Like It
2. Don't Leave Me This Way
3. Don't Know Why I Love You
4. Come To Me
5. Don't Make Me Pay (for Another Girl's Mistake)
6. Sharing Something Perfect Between Ourselves
7. If It's The Last Thing I Do
8. Differently



             



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