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1967 Knock On Wood

Eddie FLOYD - Knock On Wood (1967)
Par LE KINGBEE le 3 Janvier 2017          Consultée 2151 fois

Né en Alabama en 1935, Eddie FLOYD grandit à Detroit dès son enfance. Gamin, il fait son apprentissage dans la chorale de sa paroisse. Au milieu des années 50, alors qu’il est employé dans une bijouterie, il se fait connaître au sein des Falcons*, véritable pépinière de talents où se succèdent Wilson PICKETT, Joe Stubbs et Sir Mack Rice. De 1955 à 1963, The Falcons enregistrent abondamment pour une multitude de labels, Robert West, l’oncle d’Eddie et patron de plusieurs labels, leur mettant le pied à l’étrier. En 1959, le groupe rate de peu la 1ère marche des classements avec « You’re So Fine ». L’aventure des Falcons prend plus ou moins fin en 1963, bien que Tonton West, propriétaire du nom du groupe, fasse perdurer un groupe renouvelé jusqu’en 1966.

Personnage modeste, d’une grande humilité, Eddie FLOYD décide de quitter Detroit, le règne de la Motown étant quasi hégémonique dans la Motor City, pour se poser à Washington. Avec Al Bell alors disc-jockey et Chester Simmons (ex Moonglows), il fonde Safice (acronyme de leurs initiales) un minuscule label.
En 1965, son pote Al Bell le fait embaucher chez Stax, malgré les réticences de Jim Stewart. Celui-ci le cantonne alors dans l’écriture. Pendant deux ans, Eddie FLOYD compose des chansons pour ses collègues de l’écurie Stax, souvent secondé par Steve Crooper : « Sugar Sugar » (The Mad Lads), « Marching Off To War » (William Bell), « Stop ! Look What You’re Doing, Comfort Me » (Carla Thomas), « Ninety-Nine And A Half (Won’t Do) » (Wilson Pickett, Creedence), «Funky Mississippi» (Rufus Thomas), «Never Get Enough Of Your Love » (Oscar Toney Jr.), «Raise Your Hand» (Geno Washington) ou bien « 634-5789 » (Pickett, Chuck Jackson et Otis Redding).
Mais il arrive parfois que les choses tournent dans le bons sens. Le 13 juillet 1966, après des jours de tractations Eddie FLOYD met en boîte « Knock On Wood », titre coécrit avec Crooper qui devait initialement être attribué à Otis Redding. Hostile au projet, Stewart suit les conseils de Jerry Wexler son alter ego d’Atlantic Records, et décide de presser la chanson en single couplée à la ballade « Got To Make A Comeback » (future reprise de Robert Cray Band). Dès sa sortie, « Knock On Wood », malgré un manque de promotion, intègre le Top 30 Pop, puis atteint la 28ème place du Hot 100 avant de devenir Numéro 1 des charts R&B. Pour un essai, c’est un coup de canon que vient d’expédier Eddie. Ce titre sera le seul Number One d’Eddie mais contribuera à le lancer dans une carrière solo. N’oublions pas que ce n’est que la troisième fois seulement que la firme aux doigts qui claquent décroche la timbale avec un Number One.
L’expression « Battre le fer pendant qu’il est chaud » revient souvent sur FP, en clair profiter de la planche à billets avant qu’elle ne tombe en panne. Devant le succès inattendu de « Knock On Wood », Jim Stewart se retrouve obligé de renvoyer Eddie en studio pour enregistrer un album complet. Le 27 décembre, Eddie retourne en studio à Memphis pour graver dix titres. Stewart a décidé de faire appel à l’équipe présente lors de l’enregistrement du single, seul Isaac HAYES manque à l’appel, indisponible ce jour-là. Secondé par la crème des musiciens de la Stax et de Memphis, Eddie FLOYD lance sa carrière solo avec cet album. Eddie poursuit sur sa lancée, avec certes une moindre réussite, jusqu’en 1974 avec 9 chansons grimpant dans le Top 30 Soul. Pas mal pour un mec qui n’écrivait que pour les autres. De nouvelles orientations artistiques prises à l’instigation d’Al Bell font disparaître progressivement Eddie FLOYD des feux de la rampe, mais cet individu humble et fidèle continue à composer pour la Stax jusqu’à ce que celle-ci mette la clef sous la porte.
Les années Disco s’annoncent ardues pour FLOYD qui réussit toutefois à placer une poignée de titres dans les classements. A la fin des années 70, Eddie tente sa chance en s’installant quelques temps en Angleterre. Ses apparitions sur les tournées des ex Stax (Steve Crooper et Donald Dunn) et au sein des Blues Brothers ou des Rhythm Kings de Bill Wyman le maintiennent à flot. Durant le nouveau millénaire, Eddie pouvait profiter de son statut de Soul Legend, le chanteur réalisant quatre albums qui passent hélas inaperçus.

On ne sait pas précisément ce que veut nous dire Eddie avec cette pochette singulière. A-t-il l’intention de couper du petit bois, ou bien veut-il « toucher du bois », une façon de conjurer le mauvais sort ? Toujours est-il que « Knock On Wood » marque l’année 1967. Eddie FLOYD propose ici une audacieuse combinaison de Soul diversifiée. Capable de se propulser entre Detroit, Memphis, l’Alabama (Muscle Shoals) et la Nouvelle Orleans, le chanteur distille des ballades millimétrées : « I Stand Accused », enregistré par Jerry Butler pour Vee-Jay trois ans auparavant, le timbre d’Eddie et les arrangements placent cette version sur un rang similaire à celles de Percy SLEDGE ou Jimmy Hugues. « If You Gotta Make A Fool Of Somebody », à l’origine une curieuse ballade bluesy garage de James Ray reprise par de nombreux combos blancs au début sixties, est ici atténuée par un rythme délicat pour une interprétation digne des versions de Maxine Brown pour Wand Records ou Timi Yuro pour la Columbia. Ce titre sera repris par Aretha FRANKLIN sur l’album « Soul 69 ».
Autres excellentes ballades avec « I’ve Just Been Feeling Bad » ou « Warm And Tender Love », gravée initialement par Joe Haywood. La présente version nous paraît supérieure en émotion à celle trop sucrée de Percy SLEDGE. Ne voulant pas enfoncer le clou de notre histoire musicale et éviter ainsi tout risque de grossièreté, j’éviterai tout comparatif avec l’adaptation de DALIDA sous le titre « Un Tendre Amour ». Enfin terminons ce cycle de ballades avec « Got To Make A Comeback », une vraie pépite de Deep Soul gorgée d’émotion. Du grand art !

Si FLOYD excelle dans le domaine de la ballade, il se montre également à son aise sur des pièces médium : « Something You Got », une composition de Chris Kenner pour Instant, se retrouve gommée d’une partie de ses effluves New Orleans. On pourra cependant lui préférer les versions du duo Chuck Jackson/Maxine Brown ou celle de Barbara George pour le label louisianais Seven B. A noter que ce titre connaîtra moult versions (THE MOODY BLUES, THEM, Arthur Conley jusqu’au crooner Harry Connick Jr.). « I Don’t Want To Cry », œuvre du tandem Chuck Jackson/Luther Dixon, a souvent été reprise dans des versions mollassonnes et sirupeuses ou avec des orchestrations bourrées de violonades indigestes. Difficile de transformer une purge en une chanson captivante. L’humoristique « 634-5687 » dans laquelle FLOYD propose son numéro de téléphone à la gente féminine avait été enregistré préalablement par PICKETT et REDDING ; FLOYD nous en délivre une version classique qui ne s’envole véritablement jamais. Cette composition a connu un bon nombre de versions (Ry COODER, BON JOVI, Tower Of Power jusqu’à Bruce SPRINGSTEEN) mais on conseillera celle en Live du duo Robert Cray/ Tina TURNER, l’ancienne Ikette mangeant tout cru le bluesman guitariste. Une nouvelle version figure dans le film « Blues Brothers 2000 » interprétée par le triumvirat Eddie Floyd/Wilson Pickett/Jonny Lang. Standard blues de Tommy Tucker, « High-Heel Sneakers » a été accommodé à toutes les sauces (The Searchers, The Rokes pour une version Rock Beat, Elvis, Chuck Berry jusqu’à T Model Ford pour un blues primitif). Eddie FLOYD nous en délivre une interprétation trop médium qui ne figurera pas dans les anales, le chanteur semble ici avoir le cul entre deux chaises. A noter que Johnny HALLIDAY adapte le morceau sous le titre « Plus Je Te Regarde » aux paroles d’une pauvreté consternante.

Dernier registre dans lequel le chanteur s’avère dans son élément, la Soul dynamique. FLOYD booste l’album avec « But It’s Alright », une compo de J.J. Jackson gravée en 66 pour Calla. Un bon shuffle énergique et dansant repris plus tard par Huey Lewis. Eddy MITCHELL a adapté la chanson sous le titre « Quelqu’un a dû changer la serrure de ma porte » figurant dans le disque « 7 colts Pour Schmoll », avec une certaine réussite. « Raise Your Hand », l’un de ses grands titres, fut publié en single par la Stax. Ce parfait prototype de Flower Soul Power aussi pétillant que dansant est repris en Live par le « Boss » SPRINGSTEEN, Janis JOPLIN et surtout le J. Geils Band qui transforme le morceau en tuerie sur le double Live « Blow Your Face Out ». Terminons ce bref tour d’horizon par le blockbuster du chanteur « Knock On Wood ». Repris plus d’une centaine de fois, le titre a été cuisiné parfois avec des ingrédients surprenants et souvent peu goûteux. « Knock On Wood », une ode pleine d’humour sur la superstition, connaît une seconde vie (hélas) avec la version Disco d’Amii Stewart en 1979, suivi par celle de Brotherhood Of Man (une chanteuse et un groupe qui auraient dû naître muets). Ah … bien sûr, Johnny HALLIDAY* *ne peut s’empêcher de reprendre le titre en 67 sous l’intitulé « Aussi Dur Que Du Bois ». Là encore, on s’épargnera un avis catégorique, mais la Nation n’en sort pas grandie. Un demi-siècle après sa sortie, cet excellent album de Southern Soul n’a pris que quelques rides à peine visibles. Trois titres plus faibles l’empêchent d’accéder à la note maximale.

*Durant les années 50, de nombreuses formations de Doo-Wop s’attribuèrent des noms d’oiseaux (The Flamingos, The Penguins, The Cardinals, The Orioles, The Blue Jays). Deux groupes se produiront sous le nom des Falcons. Le premier et le plus connu sera celui d’Eddie Floyd tandis que le second originaire de Detroit était dirigé par Carlis « Sonny » Monroe. Pour corser le tout, les deux groupes ont enregistré quelques singles sur les mêmes labels (Contour, Lu-Pine).
** Johnny Hallyday : Je m’étonne toujours que ce garçon sans le moindre groove ait connu une si longue carrière. Dont acte !

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- Eddie Floyd (chant)
- Steve Crooper (guitare)
- Donald 'duck' Dunn (basse)
- Al Jackson (batterie)
- Booker T. Jones (piano, orgue)
- Isaac Hayes (piano 1-8)
- Wayne Jackson (trompette)
- Andrew Love (saxophone)
- Joe Arnold (saxophone)


1. Knock On Wood.
2. Something You Got.
3. But It's Alright.
4. I Stand Accused.
5. If You Gotta Make A Fool Of Somebody.
6. I Don't Want To Cry.
7. Raise Your Hand.
8. Got To Make A Comeback.
9. 634-5789.
10. I've Just Been Feeling Bad.
11. High-heel Sneakers.
12. Warm And Tender Love.



             



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