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1970 Träd, Gräs Och Stenar

TRÄD, GRÄS OCH STENAR - Träd, Gräs Och Stenar (1970)
Par K-ZEN le 6 Avril 2021          Consultée 371 fois

Cette chose verte figure dans la NWW List, ce mystérieux catalogue d’artistes obscurs de l’avant-garde musicale ayant grandement influencé le projet des bruitistes industriels NURSE WITH WOUND, servant parfois de liste de courses au Père Noël pour certains.

TRÄD, GRÄS OCH STENAR signifie "Arbres, herbes et pierres". Hormis le côté chasse, pêche, nature et tradition, on notera les similarités des langues suédoise et anglaise, aux mêmes racines germaniques. Il s’agit de la quatrième incarnation d’un groupe existant depuis l’été 1967, s’appelant à l’époque PÄRSON SOUND.

Plus qu’un groupe, on peut parler d’une constellation, formée de Bo Anders PERSSON à la guitare, Thomas TIDHOLM aux vocaux, saxophone et flûte, Arne ERIKSSON à l’alto, Urban YMAN au violon, Torbjörn ABELLI à la basse et Thomas GARTZ derrière les fûts. Tout autant influencés par le minimalisme à l’œuvre chez Terry RILEY que le psychédélisme irradiant l’époque, le collectif développe une musique expérimentale faite de drones, boucles, ragas et rythmes motorik proto-krautrock. Sans sortie officielle, suivront en 1968 puis 1969 les projets INTERNATIONAL HARVESTER puis HARVESTER, crédités chacun d’un album studio. Plus que musical, le dessein est multiple, avec des happenings, performances artistiques et pièces de théâtre.

A l’été 1969, apparaît dans le paysage TRÄD, GRÄS OCH STENAR, devenant rapidement un quatuor. Thomas TIDHOLM officialise en effet son départ avant l’enregistrement de "l’album vert", jugeant le nouveau matériel trop mercantile à son goût.

Depuis le tout début, et dans toutes ses incarnations successives, la bande était au cœur de la scène progg suédoise.

Oui, oui. "Progg". Pas "Prog". Je ne suis pas frappé par une dyslexie foudroyante ou un accès de folie m’obligeant à ajouter des g à certains motsg.

Du nom du mouvement musical non-commercial suédois qui commença à la fin des années soixante et devint encore plus proéminent dans les années 70. Rien à voir cependant avec le rock progressif classique, "progg" étant la contraction de "progressivisme". Certains groupes progg jouaient du prog, mais ce n’était pas une condition nécessaire pour faire partie du mouvement.

Cette tendance ne se limitait pas à la musique, connectée également aux arts, théâtre et design et doté d’un mode de vie et de visions de gauche, un peu similaire au mouvement hippie américain et à la pléiade San-franciscaine du GRATEFUL DEAD. Alors que l’engagement pouvait revêtir un aspect politique, ce n’était pas une obligation : certains groupes labellisés progg n’étaient pas vraiment alignés.

La scène progg culmina en 1975 lors de l’Eurovision qui se tint à Stockholm après la victoire d’ABBA un an plus tôt à Brighton. Les protagonistes déclarèrent que "la musique ne saurait être un concours" et un "contre-festival" fut organisé en protestation. En conséquence de ce débat, la Suède ne participa pas au concours suivant en 1976.

Alors que vaut précisément ce disque ? Est-il vraiment si différent des autres projets et plus convenu ?
Quatre compositions originales en suédois se partagent l’affiche avec deux reprises exécutées en anglais.

Une première de "All Along The Watchtower", passage presque obligé pour tout rocker qui se respecte depuis que DYLAN l’a enfanté, covers qui commencent à se multiplier dangereusement dans mon esprit et mon disque dur. Rien à voir toutefois avec la flamboyance de Jimi HENDRIX. Cette relecture est cramée, presque vannée, son rythme totalement transformé, lancinant avec un son de guitare très acid rock. Orgue discret et chœurs à la ramasse se renvoient la balle, l’humeur est maussade, incertaine. La mousson est venue un peu plus tôt que d’habitude cette année.

Tout aussi enfumée, presque stoner avant l’heure, "(I Can’t Get) No Satisfaction", piquée aux STONES, souffre un peu de sa longueur malgré son aspect jam improvisé et son incoercible et progressive accélération. "Sanningens Silverflod" est un autre moment de choix, une surf song savoureuse, comme une vague de mutilation précoce.

Suivent deux titres moins intéressants enregistrés live, dans la lignée des happenings de PÄRSON SOUND. "Tegenborgsvalsen", vif garage au son étouffé présente un intérêt tout à fait relatif. "All Makt Åt Folket", chant de révolution moyenâgeux et anarchiste est tout aussi difficile à assimiler, une bonne indication sur leurs concerts de l’époque, où l’audience pouvait être conviée dans une improvisation totale et bon enfant.

"Svarta Pärla" ("La Perle Noire"), portant judicieusement son nom, termine en beauté ce disque. Un drone inquiétant ("Not Waving" signé THIS HEAT une dizaine d’années auparavant) mené par violon, violoncelle et guimbarde, très cinématographique finalement, on songe à "Seven Angels" closant l’aventure FREE, aux bandes-son d’Ennio MORRICONE servant les desseins western spaghetti de Sergio Leone ; ou même à leurs séquences sans musique, la scène d’ouverture fameuse d’Il Était Une Fois Dans L’Ouest, l’attente du train, silencieuse, seulement dérangée par une mouche, un télégraphe et le grincement lent d’un rocking-chair, le vent semblant faire tourner une lointaine girouette invisible à l’œil nu.

Plus au sud, en Palombie, Zorglub tombe, foudroyé par la terrifiante arme paralysante de Zantafio. Les champignons de l’oubli sont lâchés, c’est comme si rien ne s’était produit dans cette petite forêt. Nous, pendant ce temps, on déguste cet album un peu court mais non dénué de curieuse curiosité au petit-déjeuner, entre lait, flocons d’essence, cire de bougie et papier d’Arménie lentement consumé.

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- Bo Anders Persson (guitare, chant, violon, flûte)
- Arne Eriksson (piano électrique, violoncelle, flûte)
- Torbjörn Abelli (basse, guimbarde, flûte)
- Thomas Gartz (batterie, guimbarde, flûte, chant)


1. All Along The Watchtower
2. I Can’t Get No Satisfaction
3. Sanningens Silverflod
4. Tegenborgsvalsen
5. All Makt Åt Folket
6. Svarta Pärla



             



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