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ROCK N'ROLL  |  COMPILATION

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2019 Rock N Roll Ruby

Johnny CARROLL - Rock N Roll Ruby (2019)
Par LE KINGBEE le 18 Avril 2021          Consultée 636 fois

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le premier disque de Johnny CARROLL est publié 22 ans après son premier single. Il faudra attendre 29 ans pour voir apparaître dans les bacs une première compilation éditée par Charly Records, label plus ou moins pirate à l’époque désormais semi-référencé. Second détail, alors que les domaines du Rock' N' Roll et du Hillbilly regorgent de Carroll (Bob, Chuck, Cathy, Colleen, David, Don, Eddie, Evans, Gene, Jimmy, Wayne, sans oublier Carroll County Boys, les Carroll Brothers ou bien encore les Carroll County Revelers) le Johnny dont il est question ici aurait du échapper à cet engorgement. C’est suite à une faute de typographie du label Decca que Johnny Carrell devient bien malgré lui Johnny CARROLL. De telles erreurs se produisaient alors souvent à cause d'une mauvaise prononciation ou écoute téléphonique.

Si l’amateur de Rockabilly pur et dur s’identifie bien souvent aux artistes du label Sun, il convient de ne pas mésestimer certaines grandes firmes, à commencer par Decca qui enregistra dès le milieu des fifties Bill HALEY, Buddy HOLLY, Brenda LEE, Patsy CLINE, Moon MULLICAN, Roy Hall, Don Woody, Terry Noland ou Gene Maltais pour ne citer que les principaux. Decca et ses annexes Coral et Brunswick ont publié de nombreux singles, format alors en plein boom.

Parmi tous ces artistes, Johnny CARROLL fait figure d’épouvantail par ses rythmes endiablés et une voix stridente à la limite de la rupture. Johnny Carrell naît à Cleburne, grosse bourgade à 80 bornes au sud de Dallas (Texas), en 1937. Il se met à la guitare dès dix ans par l’entremise de sa mère. A l’image de nombreux gamins du Sud, il écoute les programmes du Grand Ole Opry retransmis sur les ondes de la WSM. C’est ainsi qu’il se nourrit d’influences Hillbilly en écoutant Gene Autry, Tex Ritter, Hank SNOW avant de découvrir le Honky Tonk via Ernest Tubb. Un de ses cousins, propriétaire d'une petite compagnie de juxebox, lui fait écouter plusieurs artistes noirs comme Ruth BROWN, Big Joe Turner et du Doo-Wop avec les Clovers, les Ravens et les Charms.

En 1952, le jeune Texan monte son premier combo The Texas Moonlighters. Le groupe passe sur les ondes de la KCLA, la radio de Cleburne. Trois ans plus tard, la formation rebaptisée Johnny Carroll & The Hot Rocks remporte un concours local et enrôle le guitariste Jay Salem. Johnny enregistre quelques démos qui n’intéressent aucune maison de disques. En novembre 55, le groupe enregistre à Dallas quatre titres au Top Ten Recording Studio, dont deux édités par le label texan Sarg Records. La jeune formation se produit en première partie du countryman humoriste Ferlin Husky, ce qui lui vaut de se faire remarquer par Jack "Tiger" Goldman. « Tiger » qui dispose de portes d’entrées chez Decca parvient à décrocher un contrat avec la firme.
Les 25 et 26 avril 56 à Nashville, Johnny CARROLL enregistre en compagnie de Grady MARTIN et des frères Bradley six titres dont le furieux "Crazy, Crazy Lovin’" qui aujourd’hui encore figurent dans de nombreuses anthologies dédiées au Rockabilly. Aux portes du succès, un E.P étant même édité en France, Johnny, victime de sa fougue et de sa jeunesse, se brouille avec John "Tiger" qui décide de le laisser en plan. Après avoir participé au film "Rock Baby Rock It" avec Rosco Gordon et The Five Stars, Johnny reprend le chemin des studios et enregistre quatre morceaux issus du film. Ces titres apparaîtront bien plus tard dans diverses compilations.

Quand on vous disait que le fougueux guitariste n’avait pas enregistré chez Sun, il convient d'émettre un petit bémol. Le 23 juin, Johnny et ses Hot Rocks, épaulés par George Jones, à la batterie, enregistrent quatre titres dans les studios de Cliff Herrings à Fort Worth. Deux titres sont édités non pas par Sun mais par sa filiale Phillips International. Mais comme cela lui est arrivé plus d’une fois, Sam Phillips retient "That’s The Way I Love" et "I’ll Wait" au détriment de "Rock Baby, Rock It" bien supérieur. Le titre sera publié bien plus tard sous l’étiquette Sun par l’intermédiaire des Frères Barbat et d’Henri Ferrero (Sun 603) couplé avec "You Made Me Love You", titre à cheval entre slow rock et ballade. Suite à l’échec commercial du single Phillips Int., Johnny Carroll poursuit sa route jusqu’à Dallas où il fait la rencontre de Gene VINCENT. Si les deux hommes sympathisent rapidement, Johnny tombe en admiration totale voire béate devant son aîné qui connaît un succès foudroyant avec "Be Bop A Lula". En 1959, toujours avec le pianiste Bill Hennen, Johnny enregistre six titres, autour d'une nouvelle équipe, dont deux singles édités par Warner. L’influence servile de Gene Vincent est évidente.

Au début des sixties, il enregistre pour WA, un micro label de Dallas, "Trudy", un Rock Teen sans grand intérêt, et "Run Come See" une soupe entre Gospel et Doo Wop. Il enchaîne avec deux 45-tours publiés par Duchess, un label de la Nouvelle Orleans, sans plus de succès. Johnny CARROLL range sa guitare sous son lit et devient programmateur et arrangeur à Forth Worth dans un club du producteur Bill Sellers. Le bonhomme disparaît quasiment des écrans radars, on annonce même prématurément sa mort à l'orée des seventies. En 1974, le producteur Ronnie Weiser lui met le grappin dessus et l’incite à revenir en studio. Johnny CARROLL enregistre quelques titres tribute à son ami Gene Vincent. En 1978, Johnny enregistre son premier disque pour le label de Rollin Rock de Weiser avec le décevant "Texabily". Il fait ensuite équipe avec la chanteuse mannequin Judy Lindsey, enregistrant plusieurs galettes Country Rock dans lesquelles la fougue et le dynamisme du début n’est plus que peau de chagrin. En 1995, Johnny décède des suites d’une transplantation du foie à 48 ans.

Cette compilation publiée en édition limitée propose 29 titres dont 4 bonus (plages 26 à 29) enregistrés en mai 57 à Dallas au Sellers Co Studio. Ce recueil comprend des titres de haut calibre mais aussi des pièces plus faiblardes, une pratique coutumière dans ce genre de compilations. Ce sont principalement les six titres Decca (plages 1-2-3-4-8-9) qui frappent les esprits. Si on peut reprocher l’absence d’une chronologie cohérente, "Crazy, Crazy Lovin’" nous met d’entrée l’eau à la bouche. Le chant tourne entre le suraigu, le syncopé pour 138 secondes de frénésie. A l’écoute de "Hot Rock", on comprend mieux pourquoi le Texan, malgré une discographie guère luxuriante, figure parmi les légendes du Rockab. Toutes les influences noires sont tangibles sur "Wild Wild Women" enregistré par Ruth BROWN sous le titre "Wild Wild Young Men". Le R&B sera repris à la sauce Western Swing/ Hillbilly Rock par Rose Maddox avant que Johnny ne le modifie à la sauce Rockab.

Autre standard de la musique noire, "Corrine, Corrina" de Bo Carter. Si le titre a été enregistré par Carter et Charlie McCoy en 1929, il passe à la postérité cinq ans plus tard par la grâce des Mississippi Sheiks, l’un des jug band phare. En mars 56, Joe Turner le transforme en un R&B hyper dansant, avant que Johnny le transpose en un excellent Rockab. La version de Bill HALEY gravée quelques mois plus tard pour la même firme apparaît pleine de bonnes intentions malheureusement bouffies par une surenchère d’instruments et une surcharge de production. Compo du tandem noir Rose Marie McCoy/ Charles Singleton, "Tryin’To Get To You" n’a rien à envier à la version d’ELVIS, la guitare de Grady Martin soutenant fièrement la comparaison avec celle de Scotty Moore.

"Sugar" pourrait représenter à lui seul toute l’influence laissée malencontreusement par Gene VINCENT. Même sentiment avec "Little Otis" et le quasi instrumental "Rag Mop" avec Howard Reed (brièvement membre des Blue Caps de Gene VINCENT). Ces deux titres ont été publiés par Warner Bros au nom des Spinners. Le compilateur glisse quelques titres plus rares : "Sexy Ways", une reprise des Midnighters d’Hank Ballard gravée en 1955, "You Two-Timed Me One Time Too Often", un bon Hillbilly Rock sans oublier "Crazy Little Mama" qui n’est autre que le "At My Door Front" des El Dorados, future reprise d’Harry NILSSON.

Cette compilation contient du bon (les titres dynamiques) et du moins bon voire du très quelconque, synthèse malheureusement inhérente à ce genre de recueil. Signalons toutefois la belle présentation du digipack en trois volets et un livret intérieur (total 8 pages) soigné. Cette compilation intéressera en priorité les amateurs de Rockabilly et les néophytes qui ont laissé échapper "Rock Baby, Rock It" éditée Bear Family en 1996.

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- Johnny Carroll (chant, guitare)
- Jay Salem (guitare 5-6-15-16-17-18-19-20-21-26-27-28-29)
- Howard Reed (guitare 7-10-11-12-13-14-22-23)
- Grady Martin (guitare 1-2-3-4-8-9)
- Harold Bradley (guitare 1-2-3-4-8-9)
- Grady Owen (basse 7-10-12-14-22-23)
- Billy Buntin (contrebasse 17-18-19-21-26-27-28-29)
- Artie Glenn (contrebasse 7-14)
- Marvin Montgomery (mandoline )
- Bill Hennen (piano 5-6-7-10-12-14-15-16-18-26-27-28-29)
- Owen Bradley (piano 1-2-3-4-8-9)
- George Jones (batterie 5-6-15-16)
- Royce Mcaffe (batterie 7-10-12-14-22-23)
- Juvie Gomez (batterie 26-27-28-29)
- Dude Cohn (batterie 18)


1. Crazy, Crazy Lovin'
2. Hot Rock
3. Wild, Wild Women
4. Rock 'n' Roll Ruby
5. That's The Way I Love
6. I'll Wait
7. The Swing
8. Corrine, Corrina
9. Tryin' To Get To You
10. Sugar
11. Rag Mop
12. Lost Without You
13. Little Otis
14. Bandstand Doll
15. Rock Baby, Rock It
16. You Made Me Love You
17. Sexy Ways
18. You Two-timed Me One Time Too Often
19. Cut Out
20. Crazy Little Mama
21. Stingy Thing
22. The Sally Ann
23. Run Come See
24. Trudy
25. Run Come See (alternate)
26. Crazy, Crazy Lovin'(alternate)
27. Wild, Wild Women (alternate)
28. Rockin' Maybelle
29. Sugar Baby



             



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