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BABY WASHINGTON - A Handful Of Memories 1956-1962 (2021)
Par LE KINGBEE le 10 Avril 2021          Consultée 622 fois

Oubliée depuis longtemps, Baby WASHINGTON semble avoir laissé un plus gros sillon de son passage auprès des amateurs de Northern Soul et du public anglais que sur ses propres terres à Harlem, preuve que nul n’est prophète en son pays comme l’annonce l’adage.

Justine WASHINGTON (aucune parenté avec Dinah, Ella, Cora, Grover, Steve, Walter ni avec Denzel) fait ses premiers pas en 1940 à Bamberg, bourgade située à cent bornes au Sud de Columbia (Caroline du Sud). Elle est encore enfant quand sa famille décide de quitter la région pour migrer à Harlem où les offres d’emplois et les perspectives sont plus réjouissantes. En dehors de son école et de sa paroisse, Justine prend des cours de chant, de danse classique et de claquettes, ce qui alimente sa passion pour la musique. Elle n’a pas encore seize ans quand elle est recrutée par Zelma Sanders, propriétaire d’une petite société de production afin d’intégrer The Hearts, un ensemble vocal dans lequel figurent Joyce Peterson, Theresa Chatman, Anna Barnhill et le pianiste Rex Garvin. Si l’ensemble avait enregistré dès 1955 trois singles édités par Baton Records, label dirigé par Sol Rabinowitz, le succès n’était guère au rendez-vous, seul "Lonely Nights" grimpant à la surprise générale à la 10ème place des classements R&B. L’arrivée de Justine, rebaptisée Baby, change quelque peu la donne. Si les changements de personnel sont incessants, l’arrivée de Baby WASHINGTON correspond à un second petit hit avec "Going Home To Stay" en mars 56. Au milieu de l’année et devant le manque de succès de l’écurie Baton, l’impatiente "Zell" Sanders décide de monter son propre label, J&S Records.
Placée par Sanders comme figure de proue au sein des Hearts, Baby chante parallèlement au sein des Jay Netts, un autre ensemble vocal du label J&S. Si "I Wonted To Be Free" passe modestement sur les ondes, les Jay Netts se feront connaître bien plus tard avec le hit "Sally Go Round The Roses" repris par les Ikettes et plus tardivement par les COMATEENS en duo avec Etienne DAHO.

La carrière de Baby WASHINGTON s’accélère soudainement en 1957 quand Zell Sanders décide de la lancer en solo. La productrice manager n’est pas sourde. Si elle se rend compte des limites de ses différents girls groups, elle a parfaitement saisi que sa dernière pouliche avait un organe vocal sortant de l’ordinaire. A l’écoute de "Going Home To Stay", on n’imagine pas entendre une adolescente d’à peine seize ans. Six 45-tours de Baby WASHINGTON voient le jour sur J&S Records, mais ces microsillons sortent dans la confusion la plus totale, au petit bonheur la chance. En fait, Zell Sanders tente de privilégier la carrière de Johnnie Louise Richardson, membre du duo Johnnie & Joe et accessoirement fille de la productrice. Le succès de "Over the Mountain; Across the Sea" grimpé sur la 3ème marche des charts en 1957 confortant Sanders dans son ambition par procuration.
Excédée par Sanders qui, non contente de s’accréditer ses chansons, la cantonne dans un rôle de roue de secours, Baby WASHINGTON rebondit chez Neptune, le petit label que vient de monter Donald Shaw. Propriétaire d’une société d’éditions et d’un magasin de disques, Shaw a pignon sur rue à Newark, situé à une vingtaine de bornes d’Harlem. Le premier jet de Baby pour Neptune atteint la 22ème place des classements R&B à l’automne 58 avec "The Time", une aubaine pour Shaw. La suite s’avère encore meilleure: "The Bells (On Our Wedding Day)", une compo de Jay Hicks, monte sur la 20ème marche. L’embellie va durer deux ans avec en point d’orgue "Nobody Cares (About Me)" qui s’invite dans le Top 20. L’aventure chez Neptune s’arrête là, après trois singles curieusement édités sous le nom de Jeanette Washington, Don Shaw en proie à des problèmes financiers mettant la clef sous la porte.
Suite à cette déconvenue, Baby enregistre deux singles pour ABC Paramount. ABC, une firme qui n’a jamais fait d’étincelles en matière de Soul, ne mise absolument pas sur la chanteuse, se préoccupant davantage de Jo Ann Campbell, Paul ANKA et Johnny NASH, tous susceptibles de lui rapporter plus de billes ou de billets verts.
En mai 62, Baby WASHINGTON fait son grand retour, cette fois chez Sue Records, la maison de disques d’Henry "Juggy" Murray. Si Murray n’est pas un foudre de guerre en matière de recrutement, le bonhomme peut toutefois se targuer d’avoir lancé la carrière d’Ike & Tina TURNER. Mine de rien.
Sue Records connait quelques entrées dans les charts via Bobbie Kendricks, Barbara George, ou The Duals, des entrées modestes certes mais qui permettent au label de vivoter. Baby WASHINGTON ne tarde pas à rentabiliser sa venue, "A Handful Of Memories" se classe à la 16ème place des hit-parades. Le meilleur est à venir avec "That's How Heartaches Are Made" et "Only Those In Love" classés tous deux à la 10ème place des charts US.
L’arrivée de la vague Disco s'avère largement préjudiciable à Baby WASHINGTON, comme à tant d’artistes issus du R&B fifties et de la Soul sixties. Ce qui n’empêche pas la chanteuse de se produire en Angleterre et au Pays de Galles en 2004. Entre 2008 et 2016, Baby se produisait toujours sur scène principalement dans le circuit Retro, le Chitlin’ Circuit, mais aussi dans des tournées lucratives organisées par les casinos. Baby WASHINGTON a inspiré et influencé de nombreux Girls Groups, à commencer par les MARVELETTES et les Shirelles. L’anglaise Dusty SPRINGFIELD la citait comme l’une de ses principales influences.

Le label anglais Jasmine, spécialisé dans les rééditions, propose ici 28 titres enregistrés pour Baton, J&S, ABC et Sue Records. Si Ace Records avait édité une première compilation dédiée au label J&S et aux Hearts, Kent Soul Records avait pour sa part publié The Sue Singles, une compil de 28 titres gravés pour Sue Records. Jasmine prend le parti de restituer un semblant de parcours chronologique. Pourquoi semblant ? Tout simplement parce Jasmine prend en compte la date de sortie en bacs des enregistrements, ce qui ne correspond pas tout à fait avec les dates d’un tiers desdits enregistrements. Ne chipotons pas, ce présent recueil permet aux plus jeunes et à certains amateurs de Soul sixties de redécouvrir une chanteuse qui n’a pas connu la carrière qui lui tendait les bras, la faute sans doute à de mauvais managements et à un manque de promotion.
En fait, sans des orchestrations passées de mode et des arrangements peu délicats et au grain parfois usé, la plupart de ces titres pourraient aujourd’hui encore faire bonne figure. Toutefois, ce semblant de chronologie permet de rendre compte de l’évolution du chant et aussi des modes et des tendances. Il n’était pas indispensable d’incorporer autant de faces J&S (8), idem pour les quatre titres ABC dont deux auraient mérité une exonération.
Si les faces Neptune sont loin d’être parfaites, elles mettent en avant un chant de qualité. A l’aise sur les titres au tempo moyen, Baby WASHINGTON semble en parfaite maitrise. Ici pas d’effets vocaux aussi ridicules que traficotés, la voix se libère avec un dynamisme et un naturel parfois déconcertants. Excellente compositrice, Baby délivre ici 14 morceaux de sa plume auxquels il convient d’ajouter les 8 chansons que s’est accréditée Zelma Sanders.

Parmi ces 28 pistes, "Congratulations Honey" tient plus du R&B et du Blues que de la Soul et s’inscrit carrément dans la lignée de Ruth BROWN, Etta JAMES ou Varetta Dillard. Future cover de Bobby Powell, le délicat "The Bells (On Our Wedding Day)" prend une place entre Gospel et Soul. On retrouve aussi des pièces plus légères, dans le registre des Chiffons, des Marvelettes et consorts : "Work Out" avec ses claquements de mains, "No Tears", "A Handful Of Memories" qui donne son nom au CD. "Medicine Man" dont la mélodie soulève un léger parfum sexy en droite ligne du "Fever" de Peggy LEE, "Careless Hands" pour son orgue et son ambiance churchy. En guise de fermeture, "I’ve Got A Feeling" annonce un changement vers une tonalité plus moderne évoquant certaines fragrances à la James BROWN.

Cette compilation comporte bien évidemment quelques points faibles, le compilateur ayant pris le parti d’incorporer les premiers pas de la chanteuse selon un suivi plus ou moins chronologique. D’autres petits bémols ternissent quelque peu la compil : il y avait assez de place (durée 66mn) pour ajouter quelques faces Sue dont "That’s How Heartaches Are Made", son plus grand succès en 1963. Autre remarque, le book note d’Austin Powell date de 2019 et ne comporte aucun renseignement sur les accompagnateurs. Cette réédition tombe à point nommé, son prix attractif demeurant un second atout.

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- Baby Washington (chant)
- Rex Garvin (piano 1-2-3-4-5-7-8-9)
- Panama Francis (batterie 23-24-25-26-27-28)
- Haywood Henry (saxophone 11-12- 14-15-16-17-18-23-24-25-26-27-28)
- Anna Barnhill (chœurs 1-2-4-5)
- Theresa Chatman (chœurs 1-2-4-5)
- Joyce Peterson (chœurs 1-2-4-5)
- The Shytone Five Orchestra (3)
- Sammy Lowe (arrangements 23-24-25-26-27-28)


1. Going Home To Stay
2. I Wonted To Be Free
3. Everyday
4. Dancing In A Dream World
5. You Say You Love Me
6. He Time
7. Ah-ha
8. I Hate To See You Go
9. Congratulations Honey
10. The Bells (on Our Wedding Day)
11. Work Out
12. Deep Down Love
13. Medicine Man
14. Tears Fall
15. Too Late
16. Move On
17. Money's Funny
18. Nobody Cares (about Me)
19. Let Love Go By
20. My Time To Cry
21. Don't Cry, Foolish Heart
22. There You Go Again
23. Go On
24. No Tears
25. A Handful Of Memories
26. Careless Hands
27. Hush Heart
28. I've Got A Feeling



             



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