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POST-ROCK  |  E.P

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1989 Tweez
1991 Spiderland

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1994 Untitled
 

- Membre : Aerial M

SLINT - Untitled (1994)
Par K-ZEN le 24 Avril 2021          Consultée 625 fois

DÉPOSITION D’UN GROUPE DE MATH-ROCK INTERROGÉ PAR LE LIEUTENANT CRIMINEL

Japan Street.

C’est ce qu’il est écrit sur le panneau de la rue sur l’immeuble d’en face, à près de 500 mètres. Une vue d’aigle, un bel édifice bourgeois, ‘devait y avoir des bijoutiers au dernier étage comme dans ce film, là, où les types creusent à travers le plafond pour faire leur braquage… Il lève les yeux au ciel. « ‘Va pleuvoir ce soir, c’est sûr ». Il ne se rappelle pas les circonstances qui l’ont amené ici. Comment diable en ayant rendez-vous dans un bar au lac de carrière d’Utica je me suis retrouvé là, pensait-il.

Tout était redevenu silencieux. Le tumulte ayant eu lieu dans sa tête était maintenant parti. Il se sentait même plutôt bien, un sentiment qui n’avait pas été le sien depuis une éternité. Le jardin public était fermé, la clôture de la grille avait créé une illusion de sécurité pour lui. Son regard croisa celui du cadavre. Il baignait dans une mare de sang, indescriptible, incalculable au beau milieu du bitume. « Pauvre gars ». Il y avait un revolver non loin. « Tiens, il ressemble au mien, c’est marrant ça ». Il songea à nouveau au visage d’Alphonse Tram, il n’avait jamais eu de revolver sinon dans ses cauchemars.

L’étranger et lui arboraient un manteau assez similaire. Ils partageaient le même visage, les mêmes yeux fatigués, vitreux. Puis il aperçut l’enfant. Il pensa aux deux options qui s’offraient à lui. Le nettoyage ou la justification. Dans un moment de panique, ses mains s’embrasèrent, tentant d’enterrer l’évidence : il avait tué le père, revivant à travers lui.

DÉPOSITION D’UN GROUPE DE GRUNGE TÉMOIN INTERROGÉ PAR LE LIEUTENANT CRIMINEL

« Où elle est Maman ? J’ai peur… ».

Il avait mis sa capuche, comme pour essayer de dissimuler sa peur mais c’était en réalité un réflexe contre la pluie qui lentement se mettait à tomber. A cet âge, on se pose des millions de questions. Pourquoi le monsieur ne bouge plus, pourquoi ses yeux sont figés, pourquoi du ketchup sort de sa chemise, quel est cet objet près de lui ? On dirait un de mes jouets, pensa-t-il.

Tout avait pourtant bien commencé aujourd’hui, maman ne travaillait pas, elle avait pu passer un peu de temps avec son petit chéri, l’amenant voir l’équinoxe au parc. Une bonne glace aromatisée à la lavande était prévue ensuite avant d’aller voir le dernier film populaire au cinéma. La dégradation avait été progressive, quasi météorologique.

Un cas d’école. Elle avait rencontré une connaissance du bureau au détour d’une allée, lui octroyant ainsi le droit d’aller s’amuser avec d’autres petits dans ce magasin vendant des guitares et des chemises à carreaux. Et puis la curiosité…

Un papillon, un riff, un bruit de pétard. Un autre. « Trop bien, un feu d’artifice » ! Derrière ce buisson, les nuages étaient encore plus noirs. Ce n’était plus l’herbe, on quittait le rêve pour le goudron amer et les turpitudes animant l’âge adulte. Cinq ans auparavant, à cet endroit même, un certain Kurdt avait donné son premier concert avant de quasiment se dissoudre aussitôt dans de l’eau de javel. Un morceau de gruyère muni d’une tête humaine avait raconté ce show avec moult détails à l’appui dans le journal local, insistant sur l’aspect crépusculaire de la chose.

Il regarda ses pieds. Le sang arrivait peu à peu sur ses chaussures blanches, léchant les bulles sur le côté. « Decay » de RIDE était revenu se loger dans un obscur coin de sa cervelle. Carillonnant, imparable, géométrique, la bande-son officielle appelant les sumotoris en décomposition sur le tatami.

RÉCIT DE « L’OMBRE PORTÉE » PAR LA BOUCHE DE L’ARAIGNÉE

J’ai eu un trou d’air. Ça va mieux maintenant. Quel est le con qui m’a relancé ? J’en sais foutre rien…

J’adore ce temps. J’adore sentir la pluie balayer mon visage, nettoyer mes plaies. Je suis vraiment désolé pour lui, mais que puis-je y faire ? C’était le moment. Il n’avait qu’à ne pas venir ici, du moins pas si tôt, j’avais tout prévu, tout jusqu’au moindre détail. Il était temps de tirer ma révérence. Ils voulaient tous ma peau, je ne la leur donnerai que criblée, passée à la broyeuse documentaire.
Et mon épitaphe ? Cet E.P que je ne prendrai même pas la peine de nommer sinon de mon propre nom. Quinze minutes instrumentales, métalliques et fracturées, écrin de deux chansons, une réinterprétation extrasonique de "Rhoda" figurant déjà sur Tweez et une composition originale "Glenn", utilisée par Etienne Loulié en 1696 pour mettre au point son métronome. J’ai tout prévu, vous dis-je : il ne sortira que bien après ce funeste jour, caché où il ne sera jamais trouvé, ne figurant même pas sur ma pierre tombale !

Va-t'en petit, ce ne sont pas des endroits convenables pour des enfants !

C’est bizarre, je ne voyais pas la mort comme ça. Ils parlaient tous de lumière blanche, de bidules clignotants. Moi je ne vois qu’un lavabo géant qui se vide peu à peu. Mais il prend son temps, le con ! Je distingue aussi la silhouette frêle de Jean Carmet, émergeant de clôtures boisées, déambulant pesamment dans les banlieues parisiennes.

Je suis SLINT, je n’existe déjà plus, envolé depuis des éternités. J’aurais dû mieux choisir mon manteau, il commence à faire bien froid.

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- Brian Mcmahan (guitare)
- David Pajo (guitare)
- Britt Walford (batterie)
- Todd Brashear (basse)


1. [untitled] Alias Glenn
2. [untitled] Alias Rhoda



             



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