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TWIST BARRé  |  STUDIO

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1973 Twist

AU BONHEUR DES DAMES - Twist (1973)
Par RAMON PEREZ le 28 Avril 2021          Consultée 872 fois

La France a longtemps eu du mal à prendre le rock’n'roll au sérieux. Approximativement jusqu’à la fin des années 70, mis à part quelques milieux informés. C’était assurément une musique pour le fun et l’éclate, comme les bulles de gomme qu'évoque la première chanson de ce disque. Ca faisait de mal à personne, sauf peut-être à quelques fauteuils si Johnny était dans le coin. Ça n’allait pas très loin et c’est possiblement ce que voulait dire John LENNON avec sa phrase aussi perfide que cruellement bien visée qui disait que parler du rock français c’était comme parler du vin anglais.

Cela dit, mathématiquement, il y a quand même quelques pépites du genre à dénicher sur cette période et je vais donc maintenant en évoquer une. T’as vu la gueule des mecs sur la pochette (et leurs blazes), t’as compris. C’est la grosse déconne, contrairement à ce que pourrait annoncer le nom des officiants (parce que Zola y a plus rigolo, mais en même temps je ne vois pas trop le rapport entre les deux univers). AU BONHEUR DES DAMES est un groupe qui a connu une certaine longévité puisqu’il a fait des albums jusqu’en 87. Il a ensuite à demi splitté vers le groupe ODEURS puis est revenu épisodiquement jusque sur les scènes de la tournée Age tendre récemment (c’est pas beau de vieillir).

Malgré cette carrière honorable, il reste avant tout le groupe d’un album et surtout d’un titre. Mais si, tu connais ! "Oh les filles !" Leur kif, c’était de reprendre les premiers rock en relookant les textes, mais là c’est pas eux qui l’ont fait (sauf un couplet). C’est à la base un morceau de The JORDANAIRES (le backing band d’Elvis), déjà repris en français par Les CHAUSSETTES NOIRES ("Chérie oh chérie", parfait exemple de ce dont je causais précédemment) et réécrit par un obscur combo appelé Les PINGOUINS dans la foulée. Dix ans plus tard, ces pingouins font désormais dans la production (il y en a même un devenu un sacré client : Dominique Blanc-Francard), bichonnent la bande de guignols qui nous occupe aujourd’hui et ressortent des cartons leur vieux hit pour eux. Sauf que leur première version était sympa et que la nouvelle est une tuerie.

La comparaison entre les deux, sans appel, prouve une chose : la déconne est un art sérieux. Sans cette basse hallucinante et cette gratte complètement dingue, elle ne serait pas grand-chose. Il y a un son intouchable dix ans plus tôt, avec ce qui ressemble bien à de la fuzz pour doper la guitare. Le groupe est au poil, les chorus tombent pile quand il faut, l’énergie touche hyper juste. Sur cette base, la bande en fait des tonnes, du chant concon aux cœurs protopunk irrésistibles, sans oublier le coup de Marcel ou encore de l’engueulade finale. La recette illustrée du tube dans toute sa splendeur. Mate la vidéo d’un célèbre jeu télé consistant à retrouver des paroles pour voir ce que ça provoque encore toutes ces années plus tard.

Un vrai bon tube donc qui dépasse tout, notamment les neuf autres morceaux précédents figurant sur cette galette. Si le disque met un peu de temps à démarrer, il produit un effet comparable, lorsqu’il atteint sa vitesse de croisière, à ces films des années 60 qui respirent le dynamisme et l’ambiance de cette époque. Ou, pour être plus récent (quoique ça commence à dater), qu’un bon vieil Austin Powers. Avec ce côté plus sournois que ça en a l’air puisqu’on sent bien que l’on est dans la parodie, mais juste à la limite. Ils font sérieusement des choses débiles et débilement des choses sérieuses, si tu vois le truc. A fond dans la ringardise et en même temps à donner un gros coup de jeune à la musique qu’ils aiment.

C’était exactement ça le twist et là c’est fait sans fausse pudeur. C’est sans doute ce qui rend le disque encore largement écoutable aujourd’hui. Même si le temps a franchement coulé, on peut encore saisir l’atmosphère de ces années par le côté brut de la chose. "Twist à St Tropez" des CHATS SAUVAGES est revisité avec délectation (et avec le plus gros rot de l’histoire du disque en prime), juste après une version bien barrée du "Yaketi Yak". Si la première face ne sort pas trop de ce cadre, on a cependant la bonne surprise d’entendre deux morceaux qui font autre chose en retournant le vinyle. "L’île du bonheur" et son côté tchatcha latino, puis le morriconien "Ramsès" qui offre un petit moment de bravoure à l’excellent Ramon Pipin, guitariste et orchestrateur en chef de la bande de cinglés. De quoi élever un peu plus ce cocktail qui s’avale avec la meilleure des fraicheurs. Un album comme une machine à remonter le temps et un morceau comme une définition glorieuse du rock français.

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   RAMON PEREZ

 
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3. Ego-dames
4. Yakety-yak
5. Twist À St-tropez
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9. Ramsès
10. Oh Les Filles



             



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