Brain Capers est le quatrième album de MOTT THE HOOPLE. Un nom qui serait un compromis entre deux titres que le groupe ne parvenait pas à départager : Brain Damage et Bizarre Capers. Il a été enregistré en studio par le groupe en configuration live, en guère plus de quatre jours. Ce qui explique certainement son côté assez rêche et dur, comparativement à ses prédécesseurs. Un trait de caractère qui doit être renforcé par le fait que c’est le second album sorti par les HOOPPLE en 1971, et le quatrième en deux ans.

Ce sentiment d’urgence, de soudaineté, est frappant lorsque, une fois l’intro de "Death May Be Your Santa Claus" passée, le groupe sort ses guitares pour les positionner fortement sur le devant. Des guitares qui sonnent de manière « sale », un peu comme un version crasseuse de THE ROLLING STONES. Une sensation qui est renforcée par un chant légèrement trainant et arrogant qui évoque parfois celui de Mick JAGGER. Cette proximité se retrouve sur le plus calme "Your Own Backyard", une reprise de DION DIMUCCI parue l’année précédente, et sur lequel les claviers se font un tantinet plus présents, rappelant le côté Soul des STONES.

Dans un style un peu différent, l’épique "Your Journey", nous prouve que MOTT THE HOOPLE sait varier son propos tout en conservant une marque de fabrique bien reconnaissable. Le groupe, sous l’impulsion de Ian HUNTER, le compositeur de ce titre, se montre très efficace au travers de mélodies accrocheuses et d’une interprétation qui met en valeur les cinq musiciens. A noter que le court "The Wheel of the Quivering Meat Conception" le dernier morceau de l’album peut être considéré comme le final de "Your Journey". Il commence en effet par un fader en ouverture qui fait suite au fader en fermeture de ce titre.

Cette richesse se retrouve également sur "Second Love" qui préfigure un peu All The Young Dudes, leur album suivant qui verra le groupe adopter un style plus facile d’accès grâce au soutien de David BOWIE et de Lou REED. Le piano de Ian HUNTER est plus à l’honneur sur le swinguant "Sweet Angeline" qui préfigure également le futur plus orienté Glam Rock de MOTT THE HOOPLE. Inversement, "The Moon Upstairs", et son introduction tout en lourdeur met en avant le côté sombre et pesant du groupe. Bien qu’un peut disparate l’ensemble tient bien la route, et donne à écouter ce qui pourrait s’assimiler à une version plus sauvage des ROLLING STONES. Il n’en reste pas moins que cinquante années plus tard le son parait un peu âpre et ne facilite pas la digestion de ces morceaux foncièrement Rock.

Porté par une production de meilleure qualité cette collection de titre foncièrement Rock, enrichit d’une orgue qui n’est pas sans évoquer celle d’Al KOOPER, aurait pu casser la baraque. Mais malgré de réelles qualités, ce quatrième album fut une déception commerciale pour MOTT THE HOOPLE. La faute en incombe peut-être à une orientation musicale et une production un peu trop sauvage pour l’époque. A tel point que le groupe envisage même de se séparer à la suite d’un mauvais concert donné en Suisse pour supporter ce disque et à l’annonce de l’annulation d’une tournée en Angleterre avec The LOTHRINGERS. Et il faudra l’apparition providentiel de David BOWIE pour donner à MOTT THE HOOPLE le petit coups de pouce qui permettra au groupe de valoriser ses bonnes dispositions. Brain Capers, qui est dédié à James DEAN, disparut 16 ans plus tôt, marque à ce titre la fin du premier chapitre de la carrière du groupe.

2,5 / 5