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1969 Fiends & Angels
1976 Escape From Babylon

Martha VELEZ - Escape From Babylon (1976)
Par LE KINGBEE le 20 Juin 2021          Consultée 671 fois

Après avoir œuvré dans le domaine du Folk au sein des Gaslight Singers, Martha VELEZ se fait les dents dans la comédie musicale. Elle se fait connaître en remplaçant Diane Keaton dans "Hair", immense succès populaire soixante-huitard. Elle enchaîne dans le Blues Rock en terre anglaise avec "Fiends And Angels", épaulée par la crème des musiciens du British Blues, puis s’oriente vers la chanson d’auteur avec deux disques qui ne se vendent pas.

En 1975, elle décide de bifurquer vers le Reggae. La chanteuse a prouvé qu’elle pouvait adapter sa voix à plusieurs registres, passant ainsi du Folk au Blues à la comédie musicale, une capacité de changement qui lui permet également de faire ses premiers pas au théâtre. Le Reggae ne lui est pas totalement étranger, elle avait composé "(Give Me Your)High Sign" titre à consonance Reggae dans l’album "Matinée Weepers" édité par Sire deux ans plus tôt. Cette fois, la chanteuse vient d’écrire "Money Man", un titre teinté de Reggae. Mais cela ne lui suffit pas, elle souhaite reprendre "Stir It Up", standard de Bob MARLEY. Le jeune producteur Craig Leon qui se fera connaître plus tard aux cotés de TALKING HEADS et des RAMONES décide d’envoyer une demande d’autorisation à Kingston en Jamaïque, plus par politesse qu’autre chose. Seymour Stein, l’un des deux fondateurs du label Sire pour lequel Martha est sous contrat, n’est intéressé ni par le projet ni par le Reggae, a contrario de Richard Gottehrer qui trouve l’idée originale.
Contre toute attente, Sire reçoit une réponse favorable de Lee Scratch Perry et de Bob MARLEY en personne. Martha est invitée à pousser la chansonnette à l’Harry J’s Recording Studio en plein cœur de Kingston, là où Marley a enregistré ses premiers albums. Trois pistes sont remixées à New York au Plaza Sound Studios.

La première impression en examinant la pochette ne laisse en rien supposer qu’il y a la moindre once de Reggae. Martha Velez n’est pas allongée sur une plage de sable chaud, elle n’a pas la moindre dreadlocks et le canapé sur lequel elle repose pourrait venir de n’importe quel bric-à-brac. Seule la pochette dorsale peut en gros renseigner sur l’époque, Martha portant un jean pate d’éléphant, très en vogue au milieu des sixties. On peut s’interroger sur l’utilité d’une telle pochette conçue par le photographe David Nutter, un graphiste qui se fera connaitre pour quelques pochettes d’Elton JOHN, du couple Ono/Lennon et de l’américain Rod McKuen. Parallèlement, si le titre peut surprendre de prime abord avec cette échappée de Babylon, il suffit de replacer Babylon dans la culture rastafari, identifié au monde occidental, certains y voyant une porte de salut avec un retour aux sources, celles de l’Ethiopie.

Martha nous offre trois compositions et un titre coécrit avec Rita MARLEY. Le Roi du Reggae apporte son obole avec deux morceaux alors que Madame Marley est accréditée sur trois chansons. Parmi les titres signés par l’Américaine, "Money Man" placé en ouverture étonne par sa construction ; si les chœurs et les WAILERS agrémentés d’une coloration Dub nous envoient bien à Kingston, c’est le chant bien blanc qui reste gravé à l’esprit. Sur "Wild Bird", il faut attendre une quarantaine de secondes pour que l’orchestration prenne son envol, le premier quart étant marqué par un maelstrom brouillon mêlant Gospel Song et une sorte de Soul Pop nonchalante et guère captivante. "Come On In" s’avère plus convaincant, les chœurs sont sobres et ne prennent pas l’ascendant sur le chant. Earl Smith (futur accompagnateur des FUGEES et d’Amy WINEHOUSE) fait parler son savoir-faire à la guitare. Coécrit avec Rita, "Disco Night" vaut par sa mélodie, son orchestration épicée d’une petite section de cuivres.
Trois compos de Rita Marley viennent fleurir la galette. "There You Are" s’inscrit comme un honnête Reggae au rythme bien lancinant, alors que "Happiness" se révèle trop Pop à notre goût. En clôture, "Get Up Stand Up" est étrangement accrédité à Rita en lieu et place de Bob (le titre figurait sur "Burnin’"). Toujours est-il que la chanteuse en propose une bonne interprétation, d’autant qu’elle ne s’éternise pas. Là, toute la troupe est au top, de la rythmique, aux percussions jusqu’aux guitares, tout semble réglé comme du papier à musique. Autre reprise du Sieur Marley avec "Bend Down Low", qui figurait sur "Natty Dread". Là encore, on se laisse bercer par le tempo indolent et cette sonorité, vraie marque de fabrique du Roi Marley.

Martha VELEZ demeure la seule artiste américaine et blanche à avoir été coproduite par Bob MARLEY. Si vous lisez entre les lignes, vous vous êtes certainement rendu compte que ce disque me laisse une impression mitigée. Si on peut reprocher à VELEZ de ne pas avoir repris un gros tube de manière à bien lancer la machine sur de bons rails, c’est essentiellement son timbre qui cloche quelque peu ici. Sur un bon tiers du disque, les variations vocales sonnent soit trop blanches, trop aigües ou trop Pop, s’écartant résolument des codes du Reggae traditionnel. L’apport de Craig Leon n’apporte pas grand-chose et reste sans surprise. Sa présence semble mettre Perry et MARLEY sous l’éteignoir. Ce disque offre néanmoins une orientation sincère, Martha VELEZ n’a jamais été carriériste, à contrario de nombreuses jeunes et jolies chanteuses fabriquées de toutes pièces dans le but de rapporter gros. Lors d’une interview postérieure, Martha déclarait : "En travaillant avec Bob MARLEY, j’ai essayé de ne pas être inutilement servile, ma vie et mon quotidien sont trop différents. Je n’ai jamais voulu m’identifier à une chanteuse de Reggae, raison pour laquelle les voix de certains titres ont été retravaillées à New York".

Si le disque n’a pas bénéficié d’une grosse promotion de la part de Sire lors de sa sortie, Martha et Bob Marley se sont produits ensemble dans plusieurs clubs de la vallée de l’Hudson. "Escape From Babylon" aurait mérité un ou deux titres plus punchy tout en respectant les schémas et les codes des productions de Lee Perry. Par rapport à certaines productions Reggae contemporaines, ce disque vaut un petit 3.

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- Martha Velez (chant)
- Earl Smith (guitare)
- Al Anderson (guitare)
- Aston Barrett (basse)
- Carlton Barrett (batterie)
- Tyrone Downie (orgue)
- Anderson Gladstone (piano)
- Bernard Harvey (piano)
- Bob Marley (percussions)
- Lee Scratch Perry (percussions)
- David Madden (trompette)
- Vin Gordon (trombone)
- Joe Mccormack (trombone)
- Glen Dacosta (saxophone)
- Rita Marley (chœurs)
- Marcia Griffith (chœurs)
- Judy Mowatt (chœurs)


1. Money Man
2. There You Are
3. Wild Bird
4. Disco Night
5. Bend Down Low
6. Happiness
7. Come On In
8. Get Up, Stand Up



             



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