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1969 Fiends & Angels
1976 Escape From Babylon

Martha VELEZ - Fiends & Angels (1969)
Par LE KINGBEE le 13 Août 2020          Consultée 1304 fois

Bien avant la trilogie de Dan Brown nous contant les péripéties du professeur Robert Langdon, Martha VELEZ avait démontré que des thématiques angéliques et démoniaques pouvaient faire l’objet d’un remarquable album un an avant les seventies.

Martha VELEZ, d’origine portoricaine, naît à New-York en 1945. Enfant, elle se fait remarquer pour son timbre de mezzo-soprano et décroche une bourse pour étudier à la High School Of Performing Arts de la Big Apple. Martha ne se fait pas remarquer que pour son talent vocal, elle décroche aussi un diplôme en psychologie et un doctorat en mythologie. Auteure de plusieurs pièces dramatiques, Martha poursuit sa passion pour le chant en intégrant The Gaslight Singers, un trio instrumental mêlant Folk et chansons traditionnelles. Durant l’été 63, Martha participe à sa première émission télé lors d’un Merv Griffin Show. Elle enregistre au sein du groupe deux disques édités par Mercury dans un répertoire voguant entre KINGSTON TRIO, Peter, Paul & Mary, Joan BAEZ et Pete Seeger.

En 1969, de passage à Londres, Martha VELEZ rencontre le producteur anglais Mike Vernon, patron du label Blue Horizon. Propriétaire d’un catalogue alléchant, Vernon n’hésite pas à publier les jeunes vedettes du British Blues tout en éditant les porte-drapeaux du Blues sous la forme de nouveaux enregistrements ou de rééditions souvent judicieuses. De son côté, la chanteuse n’est pas venue les mains vides, elle a apporté dans ses valises plusieurs titres qu’elle souhaiterait reprendre et enregistrer. Mike Vernon étudie méticuleusement les titres que Martha lui suggère, mais lui conseille de se pencher sur d’autres chansons, le package apporté par Matha ne suffisant pas à remplir un album complet. A Londres, la chanteuse répète pendant plus d’une semaine tous les titres de sa besace, écoutant de nombreuses fois les versions d’origine. Elle a aussi assez de temps pour s’empreindre des morceaux conseillés par le producteur anglais, tout en composant trois titres. C’est ainsi que "Come Here Sweet Man" part d’une mélodie élaborée à la va-vite par Paul Kossoff, alors guitariste de FREE.

S’articulant autour d'un répertoire bien construit, regroupant inusités et d’habiles compositions, Martha VELEZ propose ici un disque remarquable de cohérence. Si la production s’avère relativement soignée pour un disque de 1969, la longue liste des différents accompagnateurs aurait eu de quoi faire frémir plus d’une débutante. Jimmy Page a failli faire partie de cette joyeuse troupe de sidemen ; mais accaparé par une tournée, le guitariste ne figure pas sur ce disque, sa seule présence se résumant à une simple visite de courtoisie.
Hormis trois titres enregistrés au Recorded Sound, Martha enregistre huit morceaux au Morgan Sound Studios de Londres, là où BLIND FAITH, FREE et LED ZEP enregistrèrent leurs premiers bébés. Pour la partie arrangements, Vernon a décidé de faire appel à un fidèle complice avec Terry Noonan, ancien membre du Keef Hartley Band. Le producteur et l’arrangeur viennent de collaborer avec succès avec CHICKEN SHACKS et Champion Jack DUPRE. Derrière les consoles, on a placé Adrian Martins tout auréolé par les récents cartons de John MAYALL et des MOODY BLUES. En clair, tout est réuni pour faire de ce disque une heureuse surprise. Or, suite à un accord avec Richard Gottehrer, le disque doit être édité en premier lieu par Sire Records ; le label américain qui n’en est alors qu’à ses débuts n’allait jamais promouvoir le disque, faute d’ambition et de moyens. Le label avait déjà foiré un disque des Deviants pour les mêmes raisons. Blue Horizon sort le disque avec une autre pochette en 1970, mais en huit mois, beaucoup d’eau avait coulé dans la Tamise, les tendances d’hier n’étant plus au goût du jour dès les semaines suivantes, surtout à une période où de nouvelles mouvances marquent un changement d’ère. La vérité d’hier n’est plus celle du jour présent. Chez nous, le disque est publié par les Disc AZ sous le titre de Tell Mama avec une troisième pochette. En Europe, London Records contribue au flou commercial le plus total en éditant le disque sous différents visuels et sociétés de distributions assez fantaisistes. Pas de quoi ameuter les acheteurs.
Et pourtant, Martha VELEZ nous balançait une vraie grenade dans les gencives, quel dommage que l’engin ait été rempli de plâtre par une bande d’incapables !

En ouverture, elle reprend "I’m Gonne Leave You", un R&B inusité de Jackie Johnson chanté en duo avec Bobby Powell, une tuerie éditée par Whit Records, un petit label louisianais. Un titre qui aurait dû cartonné avec un peu de moyens. Second titre et seconde baffe avec "Swamp Man", un Blues coécrit avec Henry Bellinger, ancien membre des Duals. La voix se pose remarquablement sur la guitare agressive de Kossoff. Martha tempère ses ardeurs avec "A Fool For You", une ballade de Ray Charles. Si la version du Genious finissait par devenir barbante au même titre que les reprises d’Harry Belafonte ou de Stevie WONDER, l’intro piano-guitare pose les fondations d’un Slow Blues efficace. Si les variations vocales peuvent parfois faire penser à Janis JOPLIN, jamais la voix ne part en vrille, à l'inverse de la rouquine. Une version qui se hisse au niveau de la reprise d’Otis REDDING. Elle s’attaque avec verve à "In My Girlish Days', une compo du bluesman Little Son Joe popularisée par Memphis Minnie au début des forties. Rory Block reprenait récemment le morceau, le noyant inutilement sous un déluge de slide. Petit intermède lyrique d’une quarantaine de secondes avec "A Very Good Fandango" qui témoigne que la dame dispose d’un organe vocal hors du commun. Cette première face se termine par une excursion en territoire Soul avec "Tell Mama", l’adaptation féminine du "Tell Daddy" enregistré par Clarence Carter dans les studios de Muscle Schoals. Si Etta JAMES a contribué à populariser la chanson, la new-yorkaise nous délivre une version enthousiasmante, peut-être la plus convaincante avec celle de Vaneese Thomas. Si Diana ROSS nous en offrait une excellente version au milieu des eighties, la puissance vocale de Martha fait ici toute la différence.
La face B s’ouvre avec la basse pleine de rondeur de "Feel So Good". Contrairement à ce qu’indiquent certaines pochettes, il ne s’agit pas du titre du griot texan LIGHTNIN’HOPKINS mais d’un titre de Chuck Willis. Superbe Blues-Rock, porté par la guitare de Stan Webb et l’harmonica de Duster Bennett. Si le titre connaît moult bonnes reprises (Gregg ALLMANN, Luther « Guitar Jr. » Johnson ou Earl Hooker) Martha s’en tire encore haut la main, le timbre expressif et puissant ne dérapant pas une seule seconde. Martha rend hommage à Helen Humes avec "Drive Me Daddy", titre dans lequel l’orgue instaure une atmosphère à mi- chemin du Jazz et du gospel. Martha VELEZ figure parmi les premières à reprendre "It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry", un intemporel de Bob DYLAN au menu de Highway 61 Revisited. Voisine du barde alors qu’elle vivait en Californie, Martha change quelque peu de registre, la voix se fait stridente (trop peut-être ?) et vient en contrepoint d’une flûte et d’une trompette. Un titre qui ne s’éternise pas mais ne fait pas oublier l’original, ni la version du trio Mike BLOMFIELD/Al KOOPER/Steve STILLS ou celles plus récente de Bun E Carlos (ancien batteur de CHEAP TRICK) ou Ronnie Earl. "Come Here Sweet Man" marche sur les traces de Janis JOPLIN. Si la guitare de Kossoff manque d’un brin de limpidité, les brefs passages de flûte et de sax impriment une ambiance psyché contrastant avec le ton de l’ensemble. Le disque s’achève sur une note plus festive avec "Let The Good Time Roll", grand succès du duo de la Nouvelle-Orleans Shirley & Lee. Si l’orgue en mode shuffle offre une tonalité décalée, c’est bien sur une note de bonne humeur que la chanteuse nous donne un timbre de voix parfaitement reconnaissable.
Avec son parterre de vedettes ou de stars en devenir, Fiends And Angels aurait probablement accédé à une plus grande notoriété s’il avait été publié par une major. Propriétaire d’une discographie se contant sur les doigts d’une main, Martha VELEZ enregistrera par la suite un album avec un certain Bob MARLEY et restera l’unique artiste américaine à avoir collaboré en studio avec le Roi du Reggae. Une voix qui sort des sentiers battus et qui chemine entre Blues et Blues-Rock post sixties.

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- Martha Velez (chant)
- Stan Webb (guitare)
- Eric Clapton (guitare)
- Paul Kossoff (guitare)
- Rick Hayward (guitare)
- Spit James (guitare)
- Jack Bruce (basse)
- Andy Silvester (basse)
- Jim Capaldi (batterie)
- Dave Bidwell (batterie)
- Mitch Mitchell (batterie)
- Brian Auger (orgue)
- Christine Mcvie (claviers, piano)
- Derek Weaver (claviers)
- Bud Parks (trompette)
- Jeff Condon (trompette)
- Terry Noonan (trompette)
- Derek Wadsworth (trombone, trompette)
- Chris Mercer (saxophone)
- Johnny Almond (saxophone)
- Chris Wood (saxophone, flûte)
- Duster Bennett (harmonica)


1. I'm Gonna Leave You
2. Swamp Man
3. A Fool For You
4. In My Girlish Days
5. Very Good Fandango- Tell Mama
6. Feel So Bad
7. Drive Me Daddy
8. It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry
9. Come Here Sweet Man
10. Let The Good Times Roll



             



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