Recherche avancée       Liste groupes



      
COLD WAVE/POST-PUNK  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1981 In Silence

FRA LIPPO LIPPI - In Silence (1981)
Par K-ZEN le 25 Juin 2021          Consultée 546 fois

Quelque part au nord de l’Europe entraient en collision les sons de l’aube et du crépuscule.

A l’aune des années 80, les forêts norvégiennes n’étincellent pas encore sous les crépitements des flammes. Le silence est de mise, dans l’attente des grands tumultes. A l’inverse, les feuilles croulent sous les gouttes de rosée, ou d’orage, fulgurant de préférence, cette fragrance d'herbe mouillée pénétrante qui vous prend aux narines, caractérisant la période dite post-averse. Les températures demeurent fraîches, au point qu’on pourrait presque brûler, abrité par la bienveillance des sapins, assistant impuissants à d’inquiétants rituels où l’on se perd.

Quelques timides rais lumineux viennent s’écrouler parmi la grisaille, les rares couleurs s’abîmant dans la diffraction commune. Le terne entre rose et blanc a été troqué contre un bleu verdoyant rappelant les couleurs incertaines qui animaient les premiers cris juvéniles poussés par NEW ORDER. Le lettrage est soigné, quasi scolaire, les cadavres exquis, barricadés au sein de la sécurité que représentent leurs dominos personnels.

FRA LIPPO LIPPI, tirant son patronyme d’un poème signé Robert Browning au sujet du peintre italien du même nom ayant vécu au quinzième siècle, se structure en duo pour pallier le récent départ de Bjørn Sorknes. Une composition aux contours plutôt flous : tout juste devine-t-on Morten Sjoberg à la batterie et Rune Kristofferson en homme à tout faire le reste, semblant également prendre les vocaux. On le retrouvera d’ailleurs plus tard aux manettes du passionnant label Rune Grammofon, hébergeant par exemple les SUPERSILENT.

Pour l’instant, place aux contrées désolées et désertées que les CURE ou JOY DIVISION – déjà complètement consumé en 1981 – nous ont légué. Une illusion d’optique parfois réellement impressionnante, au point que l’on pourrait croire se voir découper sur les créneaux verticaux des silhouettes familières pendant 17 interminables secondes de récession. Tout cela traduit-il un manque de personnalité volontairement affirmé ?

Aussi économe que l’envisage Lol TOLHURST, le jeu de batterie nous réserve toutefois quelques roulements alternant avec ces tapotements secs. La métrique est précise, en équilibre, l’ambiance sépulcrale, soulignée par quelques claviers tapissant le fond sonore composé de riffs nauséeux tétanisants et carillonnants doublant barbelés de basse typiquement post-punk. Les voix sont avares de sens, en retrait, un simple ingrédient léger complétant ces veillées funèbres gothiques majoritairement silencieuses, parvenant occasionnellement à s’extraire de la nasse pour quelques accélérations furtives ("The Inside Veil" ou l’urgence mortifère introductive "s’extrayant des ruines"), autant de rayons solaires fluctuants et optimistes perçant la couche nuageuse ("Quiet", la fin de "I Know").

Véhiculant son minimalisme presque désuet et son émotion à fleur de peau, les fragments nihilistes de black metal dispensés par XASTHUR ne sont pas si lointains.

Par la suite, le groupe engagera un chanteur, abandonnant ces climats délétères pour plus de lumière et d’exposition pop. Mais c’est une autre histoire comme le dirait très justement un certain Gérard.

En attendant cet instant, tout redevient froid et calme dans la toundra. Balayé par le blizzard, observé du coin de l’œil par un grizzli dissimulé sous un renfoncement, l’explorateur tente de résoudre le conflit intérieur le taraudant. FRA LIPPO LIPPI… Était-ce cette comptine qu’on lui chantait quand il était minot en Italie, ou le surnom de ce vieil homme louche traînant au cœur des ruelles secrètes, une fois la nuit tombée ?

La question demeure entière.

A New York, ce n’étaient pas des pingouins en hypokhâgne qui s’élançaient par milliers des toits des gratte-ciels, fuyant les mandolines annonciatrices de tempête imminente où les pôles s’entrechoquent.

3.5/5

A lire aussi en NEW-WAVE par K-ZEN :


David HASSELHOFF
True Survivor (2015)
H(asselhoff) 2015




HAUSTOR
Bolero (1985)
La prise de pouvoir artistique de Rundek


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Rune Kristoffersen (basse, guitare, claviers, chant)
- Morten Sjøberg (batterie)


1. Out Of The Ruins
2. A Moment Like This
3. In Silence
4. Recession
5. The Inside Veil
6. I Know
7. Quiet
8. Lost



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod