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- Style : Piotr TchaÏkovski , Alexandre Glazounov

Sergueï RACHMANINOV - Concerto Pour Piano N°3 (horowitz) (1909)
Par SASKATCHEWAN le 28 Juin 2022          Consultée 1104 fois

La réputation du Troisième concerto pour piano de Sergueï RACHMANINOV n’est plus à faire. D’une difficulté diabolique pour le soliste, il fait figure depuis sa création de passage obligé pour les pianistes soucieux d’asseoir de gagner leurs galons de virtuose. La légende raconte que le compositeur russe accepta une tournée aux États-Unis en 1909 pour pouvoir s’acheter une voiture, luxe alors réservé à une poignée de précurseurs aisés. Il composa spécialement un nouveau concerto avant de partir pour le Nouveau Monde, car on disait le public américain friand de nouveautés avant toute chose. La plus russe parmi les œuvres russes fut donc créée un soir de novembre 1909 à New-York, qui réserva un triomphe à ce feu d’artifice pianistique.

Ce qui fait la force, le pouvoir de séduction immédiat de ce concerto, ce n’est pas la cadence échevelée de la fin du premier mouvement, ni le finale majestueux. Non, c’est une mélodie. L’"Allegro ma non tanto" débute sur un air aussi simple qu’inoubliable. Toute la campagne russe est contenue dans ces quelques notes, ses longues plaines et ses villages de d’isbas. On y ressent toute l’atmosphère d’Ivanovka, la propriété de la région de Tambov où le compositeur puisait son inspiration. La mélodie revient trois fois, contraste idéal aux développement alambiqués du soliste tout au long du premier mouvement. L’orchestre, vaincu, ne peut que reprendre ce thème évident.

Jamais concerto n’avait laissé autant de place à l’expression du soliste. C’est pourtant l’essence même du genre. En ce sens, le Concerto pour piano n°3 est un sommet de la musique romantique, un point final qui exige que l’on réinvente le dialogue entre le piano et l’orchestre après lui. PROKOFIEV ne s’y trompera pas. Plus tard, au cours du XXe siècle, certains critiques ont reproché à RACHMANINOV une soi-disant exubérance, une facilité trop « grand-public ». Quel mauvais procès ! Au contraire, l’art du pianiste-compositeur est tout en retenue. L’exécution du concerto exige que l’on sache ralentir, que l’interprète accepte de se perdre dans les dédales de mélodies de l’"Intermezzo". Elles expriment tour à tour la nostalgie et une joie presque enivrante. L’orchestre, discret, accompagne ces atermoiements d’une envolée de cordes ou d’une flûte triste.

Cet équilibre précaire n’est jamais rompu. RACHMANINOV se tire des passages les plus périlleux avec élégance, sans verser dans le pompier. La conclusion majestueuse du troisième et dernier mouvement est triomphante mais pas grandiloquente. Le finale rassemble un kaléidoscope d’humeurs où chaque mesure semble annoncer la fin, avant que le piano ne reparte de plus belle, sautillant, accompagné d’un coup de cymbales énergique. Les dernière minutes de l’œuvre laissent flotter un sentiment d’irréel : c’est tout simplement trop beau pour être vrai.

Peu après sa publication à Moscou, la partition du concerto a conquis un élève pianiste du conservatoire de Kiev. Le jeune musicien s’appelle Vladimir Horowitz et choisit plusieurs œuvres de son idole RACHMANINOV pour son examen de sortie. Nous sommes en 1920, le pays est encore plongée dans la guerre civile. Horowitz émigre en 1925, donne des concerts à Berlin, puis Paris. Il finit par se produire une première fois aux États-Unis à la fin des années 1920, puis s’y installe définitivement en 1936. Entre-temps, il a commis le premier enregistrement du Troisième concerto en 1930 et s’est lié d’amitié avec RACHMANINOV lui-même. Le compositeur ne tarissait pas d’éloges sur l’interprétation du jeune pianiste, et l’enregistrement de 1978 au Carnegie Hall de New-York permet de comprendre pourquoi. Horowitz semble tirer de chaque note de l’émotion pure, comme s’il avait été assis à côté de RACHMANINOV à Ivanovka un lointain soir d’automne 1909, et avait ressenti dans sa chair tout ce que le maître composait alors.

Il est très tentant de faire du Troisième concerto pour piano l’aboutissement de la musique russe. Le mouvement initié par GLINKA au XIXe siècle atteint ici sa pleine maturité, tout en évitant la caricature académique. Ce n’est pourtant pas un chant du cygne. RACHMANINOV a encore quelques tours dans son sac, et les STRAVINSKI, PROKOFIEV et CHOSTAKOVITCH se profilent à l’horizon.

Fiche "Concerto pour piano n°3" :
Opus : 30
Date de composition : 1909
Date de création : le 28 novembre 1909 à New-York
Date d’enregistrement : 1978 à New-York par Vladimir Horowitz au piano et l’orchestre philharmonique de New-York dirigé par Eugene Ormandy.
Référence du disque : Rachmaninoff, Piano Concerto No. 3, Piano Sonata No. 2, RCA Red Seal, BMG Classics, 2004.

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- Sergueï Rachmaninov (compositeur)
- Eugene Ormandy (chef d'orchestre)
- Vladimir Horowitz (piano)
- Orchestre Philharmonique De New-york


1. Allegro Ma Non Tanto
2. Intermezzo: Adagio
3. Finale: Alle Breve



             



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