Chanteur canadien, présenté par plusieurs médias américains comme un souffle nouveau sur une scène country/rock vieillissante, Cory MARKS connaît depuis la fin des années 2010 un succès enviable dans les pays anglophones, qu’ils soient océaniques, européens ou américains. En deux albums, l’artiste a en effet quelque peu bousculé les codes d’un style que l’on pensait figé, insufflant dans sa country des influences issues du rock sudiste et du hard rock, qui lui permettent de muscler sa musique et rendre un peu plus mordant un genre qui penche le plus souvent du côté d’une mélancolie blues. Le mélange, bien qu’un peu bas du front dans sa mise en forme, offre il est vrai un sympathique coup de fouet et une cure de jouvence qui, si elle n’est pas exempte de quelques défauts, permettra aux amateurs de country énergique d’y trouver leur compte. Deuxième EP de l’artiste, le fraîchement paru Nashville Mornings constitue une carte de visite convaincante pour les auditeurs désireux de découvrir son univers.

C’est « Blame It On The Double », pièce-maîtresse de l’album de l’album « Who I Am » (2020) qui ouvre cet EP. Légèrement remanié dans une version plus country, ce morceau reste fortement empreint d’influences hard rock, que ce soit à travers la lourdeur des guitares (contrebalancée par un banjo plus léger) et la recherche d’un refrain imparable. Ce dernier, si l’on passe outre des paroles « rednecks » à l’intérêt limité (en substance : « si je fais des conneries cette nuit, c’est la faute au whisky… »), est en effet une démonstration de force particulièrement efficace, qui marque les esprits et permet d’apprécier le timbre chaleureux de Cory MARKS.

Les deux titres suivants, déjà présents sur l’album publiés l’an passé, se voient ici réenregistrés à l’occasion de cet EP. Proposant des saveurs variées, la ballade « Out In The Rain » et le mid-tempo puissant « Better Off » sont d’indéniables réussites. Les mélodies, il est vrai, sont « faciles », mais la mise en œuvre, les ambiances et le juste équilibre entre la lourdeur des guitares et l’accessibilité des ambiances permettent d’apprécier sans rougir ces titres « tubesques », dont la profondeur doit essentiellement à l’interprétation tendre, sans exubérance, du chanteur. Si la ballade « My Whisky, Your Wine » œuvre dans une veine country pur jus, « Who Am I » se fait de nouveau bariolé, se faisant une sorte de ZZ Top gonflé de testostérone. A nouveau, l’alternance entre couplets lourds (même si la présence d’un violon apporte une appréciable légèreté) et refrains imparables, taillés pour persister dès la première écoute, est imparable.

Finalement, se faisant crooner sur la ballade finale, viscéralement country, « If I Could Only Fly » (reprise de Merle Haggard), Cory MARKS tire sa révérence tout en subtilité. Si cet EP pourra avoir des airs de redite pour qui est familier avec les réalisations récentes de l’artiste, nul doute qu’il constituera une belle découverte pour les autres, désireux de piocher dans une musique country organique et bariolée, qui bénéficie largement de l’approche audacieuse de l’artiste. Un nom à retenir.