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Stevie WONDER - Music Of My Mind (1972)
Par ONCLE VIANDE le 16 Octobre 2007          Consultée 6856 fois

Voici plusieurs mois que j’envisageais de parler de ce grand bonhomme qu’est Stevie Wonder. Prince lui doit beaucoup, Jamiroquai et Lenny Kravitz à peu près tout, et il n’est pas une trouvaille technique ou une mélodie du maître qui ne soit disséminée dans le paysage R’n’B, trip hop ou rap. Qui n’a jamais vu cet adolescent aveugle, capable de passer du chant aux claviers, puis de l’harmonica à la batterie avec une facilité déconcertante, mesurera difficilement l’ampleur du phénomène. Mentionnons aussi cette voix exceptionnelle, tant au niveau de l’étendue, du timbre que des accents, capable de retrouver l’essence du negro spiritual ou de s’adapter aux exigences pop-rock. Il y aurait beaucoup à dire sur le Stevie des années soixante, et je m’y attarderai bien un jour.

1971 est une année clé pour la soul, le temps de l’émancipation après celui de la conquête. Le « What’s going on » de Marvin Gaye porte le genre vers l’âge adulte. Elle marque aussi la majorité de Stevie Wonder qui révise son contrat et acquiert le statut d’artiste indépendant pour prendre sa carrière en main. Il semble aussi important de parler de ce tournant que du disque qui l’illustre, plus symbolique que vraiment bon.
Tournant pour Stevie et pour la soul donc. Si Gaye la fait grandir, Wonder la rend universelle en l’ouvrant sans la couper de ses racines. C’est là que résident son génie et la force de ses disques parus entre 1971 et 1976. Le rôle qu’il a joué pour la reconnaissance de cette musique auprès du public rock est sans équivalent. Ce genre qui était jusque là porté par des chanteurs, trouve en ce petit roi un auteur / compositeur / arrangeur / multi-instrumentiste / producteur, c'est-à-dire un artiste capable de superviser toutes les étapes de sa création.
Musicien complet à la hauteur de vue admirable, Stevie Wonder va renouveler la soul selon trois grands axes. Il va d’abord la sortir de ses schémas classiques et lui intégrer des audaces d’écriture. Une façon inédite de structurer ses chansons, de façonner ses arrangements et de mettre en son. L’influence des Beatles et de Paul McCartney en particulier est très marquée, et participe de cette « popisation » dont il aura le secret.
Wonder va également intégrer un grand nombre de styles à la soul primitive ; pop, rock, funk, psychédélisme, progressif, jazz et jazz rock, mais aussi les musiques étrangères, souvent latines (bossa nova, tango, cha cha cha).
Enfin, et c’est peut être là son acte le plus remarquable, il sera le premier à utiliser la technologie pour enrichir la musique noire : boîte à rythmes, talk box et synthétiseur, le fameux moog qu’il défrichera patiemment au fil des albums.

Disque au titre éloquent, « Music of my mind » est une œuvre personnelle et libre où Stevie Wonder joue pratiquement tous les instruments et co-écrit les textes avec son épouse. S’il est inégal et fait preuve de peu d’audace, il montre une maîtrise totale, chose somme toute logique au regard du parcours du musicien. Une partie de l’arsenal apparaît déjà : piano électrique, synthétiseur, talk box et harmonica. La fée électricité illumine quelques parties de guitare (« Superwoman ») et l’électronique trouve un emploi aussi subtil que discret. L’originalité d’écriture s’illustre sur quelques chansons ; les changements de rythme sur « Sweet little girl » ou les deux parties de « Superwoman », mais n’explose pas encore.
Il faudra aux « rockeux » un effort d’adaptation pour supporter certaines chansons, et garder à l’esprit qu’il s’agit là d’une musique célébrant l’amour, la fraternité et la joie, avec le coté fleur bleue que cela comporte parfois.
“Music of my mind” compte déjà trois perles, “Love having you around”, “Seems so long” et “Keep on running”, mais on reprochera à l’ensemble une certaine mollesse et de nombreux flottements. Intéressant pour apprécier la transition entre les deux périodes de Stevie, mais pas indispensable.

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   ONCLE VIANDE

 
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- Art Baron (trombone sur 1)
- Howard 'buzz' Feiten (guitare sur 2)
- Stevie Wonder (tout le reste)


1. Love Having You Around
2. Superwoman
3. I Love Every Little Thing About You
4. Sweet Little Girl
5. Happier Than The Morning Sun
6. Girl Blue
7. Seems So Long
8. Keep On Running
9. Evil



             



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