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Stevie WONDER - Songs In The Key Of Life (1976)
Par ONCLE VIANDE le 10 Novembre 2007          Consultée 12232 fois

« Songs in the key of life » marque l’apogée artistique et médiatique de Stevie Wonder. Il obtiendra la reconnaissance critique qu’il mérite en raflant tous les Grammy de l’année. Les fans, avec l’objectivité qu’on leur connaît, n’hésiteront pas à le qualifier de chef d’œuvre et lui réserveront un accueil triomphal.
Comme tout pic créatif, ce disque annonce aussi le déclin artistique du musicien, et s’il saura encore faire preuve d’originalité et d’inspiration (The secret life of plants), il n’atteindra plus de tels sommets et sombrera progressivement dans une soul-variété sans grande saveur.

« Songs in the key of life » se substitue aisément à une compilation. Double album fleuve gorgé de tubes, d’une constance remarquable tout au long de ses cent minutes, il suffit presque à appréhender l’œuvre du musicien. Ce disque imposant n’est pas qu’une brochette d’hymnes mais aussi un travail titanesque où écriture, arrangements, production et recherches renouvellent puissamment la musique noire en lui faisant franchir les années quatre-vingt avec un peu d’avance. On ne compte plus les artistes, plus ou moins talentueux, venus puiser dans cette corne d’abondance leur inspiration, leurs idées et parfois leur carrière. « Songs in the key of life » est à la musique populaire noire ce que l’éponyme des Beatles est à la pop blanche, et justifie pleinement son surnom de « double orange ». On y trouve tous les courants qui ont façonné le son black depuis les années cinquante. Gospel, soul, funk, jazz, rock, rythm’n blues, disco et musique latines…une encyclopédie pour certains, une bible pour d’autres.
Stevie diversifie ses textes tout en restant attaché aux valeurs de la soul. Il y aborde des thèmes personnels tels sa fille (Isn’t she lovely), son accident de voiture (Contusion) ou son admiration pour Duke Ellington (Sir Duke), traite de thèmes plus spirituels (Love’s in need of love today), de Dieu (Have a talk with God) et de la création (As), mais revient inlassablement à son rôle de commentateur social et politique (Village ghetto land, Black man, Pastime paradise, Ordinary pain).
L’exploration électronique se poursuit et trouve une diversité éclatante. Le synthétiseur occupe désormais une place centrale ou assure seul la trame des chansons. « Village ghetto land » ou « Pastime paradise » emploient les claviers comme une section de cordes sans chercher à en imiter le timbre. Stevie utilise la fameuse talk box pour moduler la hauteur de sa voix avec un clavier et en propose un emploi aussi innovant que définitif sur « Black man ». Le programmation des basses électroniques fait merveille. Trouvaille là encore utilisée avec classe et sans abus.
Le son de l’album détonne d’avec les quatre opus précédents par une production luxueuse. Si le résultat est grandiose, il pourra susciter les critiques. Le son déjà eighties perd par endroits la rugosité qui faisait le charme de « Taking book » ou d’« Innervisions ». Si cette évolution se montre payante dans les passages électroniques et funky, il dessert certaines chansons par des sonorités aujourd’hui artificielles, ou des vocaux réverbérés à l’excès.
Le travail d’orchestration passe au niveau supérieur. Le nombre pléthorique de musiciens apporte une richesse inédite. Pianos, harpe, percussions, chœurs et cuivres rendent bien lointaine l’expérience solitaire de « Music of my mind ». Les arrangements couvrent un très large éventail stylistique, du funk au classique, du big band à la musique pour harpe, en passant par la salsa et le jazz-rock instrumental…un vrai festival.
Malgré le soin apporté à la forme, c’est par son écriture renouvelée que le double orange surprend. Le style de Stevie s’y démarque nettement des albums précédents. La longue période consacrée à la composition (toute l’année 1975) n’y est certainement pas étrangère. Le EP bonus d’une vingtaine de minutes, aujourd’hui intégré à l’album, rend compte de cette période prolifique. On y trouve entre autre le très McCartneyen « Ebony eyes » ou l’électro-funk « All day sucker », deux perles à rajouter au dossier.
Le format double permet à Stevie Wonder de s’évader des chansons courtes pour proposer des titres plus étirés, mais sachant éviter la démesure (As, Another star ou les deux parties d’Ordinary pain). On y trouvera des longueurs regrettables, comme l’interminable « Love’s in need of love today » ou l’irritant « Isn’t she lovely », mais ces faiblesses sont largement compensées par l’excellence et la quantité du matériel déployé.

« Songs in the key of life » reste un disque d’une extraordinaire richesse en dépit de ses longueurs et de quelques titres de qualité moindre. Il témoigne mieux que tout autre du génie de son auteur, même si celui-ci s’exprima de façon souvent sporadique. Une pièce majeure de la musique noire, et forcément une référence au regard de l’influence considérable qu’il a exercée et exerce toujours. Indispensable, ne serait-ce que pour les huit minutes époustouflantes de « Black man ».

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   ONCLE VIANDE

 
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- Stevie Wonder (harmonica, arrangements, claviers, chant)
- Greg Brown (batterie)
- Dorothy Ashby (harpe)
- George Benson (guitare, chant)
- Ronnie Foster (orgue)
- Herbie Hancock (claviers)
- Bobbi Humphrey (flute)
- Michael Sembello (guitare)
- Carol Cole (percussion)
- Bobbye Hall (percussion)
- Sneaky Pete Kleinow (pedal steel guitare)
- Nathan Alford, Jr. (percussion)
- George Bohannon (trombone)
- Charles Brewer (percussion, chant)
- Shirley Brewer (percussion, chant)
- Ben Bridges (guitare, sitar)
- Eddie 'bongo' Brown (percussion)
- Colleen Carleton (percussion, chant)
- Howard Buzzy Feiten (guitare)
- Glen Ferris (trombone)
- John Fischbach (percussion, chant)
- Carmelo Garcia (percussion, timbales)
- Susaye Greene Brown (chant)
- Renee Hardaway (percussion, chant)
- Nelson Hayes (percussion, chant)
- Jim Horn (saxophone)
- Larry Latimer (percussion, chant)
- Trevor Lawrence (saxophone, sax tenor)
- Steve Madaio (trompette)
- Raymond Maldonado (percussion, trompette)
- Amale Mathews (percussion, chant)
- Edna Orso (percussion, chant)
- Dean Parks (guitare)
- Greg Phillinganes (clavier)
- Raymond Lee Pounds (batterie)
- Hank Redd (saxophone, sax alto, sax tenor)
- Josette Valentino (percussion, chant)
- W.g. Snuffy Walden (guitare)
- Marietta Waters (percussion, chant)
- Nathan Lamar Watts (guitare basse, percussion, chant)
- Ray Pound (batterie)
- Nathan Watts (guitare basse, chant)
- Greg Brown (batterie)


- disque 1
1. Love’s In Need Of Love Today
2. Have A Talk With God
3. Village Ghetto Land
4. Contusion
5. Sir Duke
6. I Wish
7. Knocks Me Off My Feet
8. Pastime Paradise
9. Summer Soft
10. Ordinary Pain

- disque 2
1. Isn’t She Lovely
2. Joy Inside My Tears
3. Black Man
4. Ngiculela - Es Una Historia - I Am Singing
5. If It’s Magic
6. As
7. Another Star

- ep Bonus
1. Saturn
2. Ebony Eyes
3. All Day Sucker
4. Easy Goin’ Evening (my Mama’s Call)



             



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