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CHICAGO BLUES  |  LIVE

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1964 Folk Singer
1977 Hard Again
1978 I'M Ready

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2021 The Montreux Years

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2015 Muddy Waters 100
 

- Membre : Buddy Guy , Johnny Winter
- Style + Membre : James Cotton , Otis Spann

Muddy WATERS - The Montreux Years (2021)
Par LE KINGBEE le 2 Octobre 2021          Consultée 1444 fois

Bien qu’originaire du Mississippi, Muddy WATERS, demeure l’une des pierres fondatrice du Chicago Blues. Surnommé The Father Of Modern Chicago Blues, ce personnage est aussi une figure centrale de l’histoire du Blues. Elevé par sa grand-mère qui lui octroie le sobriquet Muddy car enfant il adorait patauger dans la boue, ses copains d’école lui attribueront le patronyme de Waters, le garçonnet adorant se baigner dans un étang avoisinant la plantation de Stovall, à deux pas de Clarksdale, là où comme le prétend la légende Robert JOHNSON fit un pacte avec le Diable. A sept ans, il joue de l’harmonica, chante dans la paroisse locale. Sa rencontre avec Son House lui sert de catalyseur et déclenche sa vocation musicale. En 1941, le chercheur ethnomusicologue Alan Lomax l’enregistre pour la Bibliothèque du Congrès. Il se met à la guitare électrique dès 1944 et enregistre ses premiers titres deux ans plus tard au sein de l’orchestre de James "Sweet Lucy" Carter pour la firme 20th Century. En septembre 46, il grave trois chansons pour Lester Melrose qui ne lui reconnait aucun talent. Il faudra attendre 1973 pour qu’elles soient exhumées.

Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Chicago connait une activité musicale intense due à l’arrivée massive de nombreux migrants sudistes ; entre le quartier du South Side et le marché de Maxwell Street, Muddy WATERS fait équipe avec Little WALTER, Jimmy ROGERS et "Baby Face" Leroy Foster, se produit six soirs par semaine. Ce nouveau phénomène attire l’attention des Frères Chess, bien conscients du potentiel du guitariste. Le succès sera presque immédiat, dès le début des fifties, WATERS engrange les hits : "Walking Blues", "Rollin Stone" qui donnera son nom à l’un des plus grands groupe de Rock, "Long Distance Call", "Rolling and Tumbling", "Still A Fool". Si le label Chess lui impose la formule guitare/contrebasse, WATERS prend son envol en compagnie du pianiste Otis SPANN, de Little WALTER, du batteur Elgin Evans et du guitariste Jimmy ROGERS. Au fil des ans, s’il change de musiciens n’hésitant pas à renouveler son effectif, Muddy Waters va s’imposer comme l’icône du Chicago Blues.

En 1958, il traverse l’Atlantique pour se produire en Angleterre où sa prestation déroute le public, habitué aux duos acoustiques. Le retour sur ses terres va s’avérer douloureux, le public noir se tourne vers la Soul, la nouvelle tendance en pleine gestation. Waters se tourne alors vers un public blanc, amateur de Folk et enregistre "Muddy Waters At Newport", un album qui fera date. En 1963, Muddy participe à la tournée de l’American Folk Blues Festival, mais la réalité est toute autre, Chess ne lui verse que des miettes. Curieusement le succès des ROLLING STONES en Amérique va lui ouvrir des portes. Désormais, Muddy WATERS, à l’instar d’autres bluesmen noirs, se produit en compagnie de Paul BUTTERFIELD, Mike BLOOMFIELD et consorts. Personnage chaleureux et protecteur, WATERS va répandre le feeling du Blues, établir ses règles aux quatre coins de la planète et deviendra malgré lui l’instigateur de nombreuses vocations. Affaibli par des problèmes cardiaques, il donne son dernier concert avec Eric CLAPTON durant l’été 82. Il décède chez lui à Chicago des suites d’une crise cardiaque pendant son sommeil en avril 83 à 70 ans.

L’industrie du disque a édité de nombreux Live, sans oublier d’innombrables compilations dans lesquelles figurent quelques titres de Waters en public. Les amateurs ne manquent pas de matière sans compter que Chess (tombé dans l’escarcelle d’Universal) n’a cessé de multiplier les coffrets. Parmi la myriade de Live on conseillera au passage l’emblématique Muddy Waters At Newport 1960, Muddy Waters In Concert 1958 capté au Free Trade Hall à Manchester avec le Chris Barber Band, Live At Fillmore San Francisco 1966 ou bien encore le Live 72 At Paris édité tardivement en 1997. Les enregistrements en public ne manquent et alors que GNP Crescendo vient de publier un Live de 5 titres et une interview remontant à 1954, BMG et Montreux Jazz Festival viennent grossir la nouvelle série dédiée au Festival suisse avec ce nouvel opus.

En dehors d’un excellent dépoussiérage sonore, ce nouvel opus d’une durée de 75 minutes bénéficie d’une belle présentation et d’un livret richement illustré de 12 pages. Mais le petit plus de ce recueil consiste dans le choix de ses 16 titres. En effet le compilateur a pris l’option de nous présenter le guitariste à travers trois concerts donnés sur les bords du Lac Léman en juin 72, juin 74 et juillet 77 avec trois formations à l’ossature totalement différente. C’est là qu’on se dit que le Père Waters avait un don pour accueillir dans son orchestre les meilleurs musiciens du moment.

Sur un total de 16 titres, on retrouve pas moins de 11 standards. Si les pistes ne respectent pas une chronologie temporelle, on se dit que c’est pour que l’auditeur puisse mieux percevoir les petites nuances apportées par chaque accompagnateur. Mais de toute évidence, Waters est épaulé par la crème du Chicago Blues quelque soit la date du concert. Au gré des pistes on pourra avoir une préférence pour la symbiose entretenue par les frères Myers, le batteur Fred Below et l’harmoniciste "Mojo" Buford. D’autres préfèreront le style plus classique du show de 77 avec Calvin Jones et Luther "Guitar Junior" Johnson. Les gouts et les couleurs … ça ne se discute pas !

Certains titres devenus de grands classiques frôlent l’apothéose : "Mannish Boy", fortement inspiré par le "I’m A Man" de Bo Diddley (c’est un euphémisme) vaut par le passage d’harmonica de Junior Wells qui amène une intensité dramatique montant crescendo. Encore plus indolent "Long Distance Call" se démarque par une mise en place de métronome, pendant plus de six minutes la slide de WATERS vient ouvrir d’incroyables brèches au cœur de la rythmique du tandem Below/Myers. La cadence s’accélère d’un cran sur "Rollin’ And Tumblin’", un titre pompé sur le "Roll And Tumble Blues" d’Hambone Willie Newbern. Gros malin, Muddy WATERS avait le don pour s’approprier les créations des autres en les transformant un chouya. Là encore le bottleneck défonce pas mal de porte. Quand on vous parle de pompage "Got My Mojo Working" en est l’exemple parfait. Historiquement Muddy WATERS entend la chanteuse Ann COLE qui se produit en première partie. Le bonhomme tombe en admiration devant la chanson, il prend rapidement quelques notes mais en oubli un bon quart. L'acteur Preston Foster, créateur de la chanson, se chargera de l'affaire à l'amiable.

Un autre personnage devient un incontournable dans la carrière de WATERS, le contrebassiste compositeur arrangeur Willie DIXON apporte ici sa science de l’écriture avec pas moins de trois titres : l’imparable "I’m Your Hoochie Coochie Man" avec un texte digne d’une bonne pièce Voodoo, "I’m Ready" titre gravé initialement en 1954 que lui reprendront HUMBLE PIE, Freddie KING et George THOROGOOD et enfin "Same Thing" peut être plus subtil avec une rythmique hyper métronome et un harmonica au phrasé super aigu. Si on a parfois l’impression que les trois orchestres ronronnent quelque peu et proposent le minimum syndical, il faut se rappeler que très souvent les shows de WATERS étaient quasi millimétrés, si les pianistes et harmonicistes pouvaient donner libre cour à un coup de folie, ceux-ci étaient rares, le Grand Maitre n’était pas du genre à se montrer trop démonstratif et se détachait des nombreux et jeunes virtuoses adeptes des cascades de notes et de surenchères techniques.

Parmi ses grandes compositions, WATERS distille de bonnes versions de "Still A Fool", "Howlin’ Wolf" et surtout "Trouble No More", titre inspiré du "Someday Baby Blues" de Sleepy John Estes, une version bien plus sincère que la cover grandiloquente de Trace Adkins. Mais la meilleure surprise vient de l’incorporation de titres peu connus voire inédits : "Nobody Knows Chicago Like I Do" en ouverture qui semble écraser l’assistance, "Can’t Get No Grindin’" plein de Swing avec un Pinetop Perkins espiègle au piano, ou bien encore "Electric Man", titre d’une lenteur frisant la torpeur.

Ce nouveau volet consacré au Montreux Jazz Festival nous dévoile un artiste encore au sommet de son art. En fait, depuis ses premiers enregistrements, il n’y a pas grand-chose à jeter dans le répertoire de Muddy WATERS, seuls une poignée de titres se comptant sur les doigts d’une main éditée par Blue Sky, le label de Johnny WINTER nous semblent un ton en dessous. Ce disque peut faire office de Best Live pour tous ceux qui voudraient aller à la découverte de cette légende du Blues. Un disque où le collectif et le feeling gorgé de classicisme priment sur la performance individuelle.

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   LE KINGBEE

 
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- Muddy Waters (chant, guitare)
- Luther 'guitar Jr.' Johnson (guitare 1-6-7-10-14-15)
- Robert Margolin (guitare 1-6-7-9-10-14-15)
- Louis Myers (guitare 3-4-5-11-12)
- Buddy Guy (guitare 2-8-13-16)
- Terry Taylor (guitare 2-8-13-16)
- David Myers (basse 3-4-5-11-12)
- Calvin Jones (basse 1-6-7-9-10-14-15)
- Bill Wyman (basse 2-8-13-16, contrebasse 1-6-7-9-10-14-15)
- Fred Below (batterie 3-4-5-11-15)
- Willie 'big Eyes' Smith (batterie 1-6-7-9-10-14-15)
- Dallas Taylor (batterie 2-8-13-16)
- Pinetop Perkins (piano 1-2-6-7-8-9-10-13-14-15-16)
- Lafayette Leake (piano 3-4-5-11-12)
- Jerry Portnoy (harmonica 1-6-7-9-10-14-15)
- George 'mojo' Buford (harmonica 3-4-5-11-12)
- Junior Wells (harmonica 2-8-13-16)


1. Nobody Knows Chicago Like I Do
2. Mannish Boy
3. Long Distance Call
4. Rollin' And Tumblin'
5. County Jail
6. Got My Mojo Working
7. I'm Your Hoochie Coochie Man
8. I'm Ready
9. Still A Fool
10. Trouble No More
11. Rosalie
12. Rock Me Baby
13. Same Thing
14. Howlin' Wolf
15. Can't Get No Grindin' (what's The Matter With The
16. Electric Man



             



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