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- Style + Membre : The Vaughan Brothers

Jimmie VAUGHAN - Baby, Please Come Home (2019)
Par LE KINGBEE le 22 Décembre 2019          Consultée 1674 fois

Ancien guitariste des FABULOUS THUNDERBIRDS, Jimmie VAUGHAN n’a jamais connu la notoriété de son frère cadet, Stevie Ray haut responsable du second Blues Revival. Preuve que les décibels et la promotion d’une maison de disques prévalent souvent sur délicatesse et talent. On ne peut pas dire que la discographie de Jimmie VAUGHAN soit vraiment luxuriante. Son dernier album remonte à 2011, le guitariste nous offrait à l’époque une suite Plays Blues Ballads & Favourites, épaulé par la somptueuse Lou Ann BARTON.

N’allez pas croire que Jimmie est resté inactif, bien au contraire, il a participé à de nombreux albums (Delbert McClinton, Duke Robillard, Sue Foley, Nick Lowe ou Gov’t Mule), est souvent invité à de nombreux concerts dans un rôle de guest. Musicien discret n’ayant jamais couru après les paillettes, Jimmie se produit aussi depuis quelques années au sein du Jimmie Vaughan Trio, un ensemble comprenant Barry "Frosty" Smith et Mike Flanigin. Le décès de Frosty en 2017 avait mis un terme à cette aventure Jazzy, avant que George Rains ne vienne le remplacer. Cet interlude se retranscrit cependant fortement dans ce nouvel opus, l’organiste Mike Flanigin (ex CLAPTON, Barry GIBBONS) étant présent sur cinq morceaux. Enregistré en juin 2018 au Fire Station Studios, un studio d’enregistrement construit sur les fondations d’une ancienne caserne de pompiers, "Baby, Please Come Home" propose onze reprises ancrées dans le R&B et le Blues. On retrouve ici une belle line-up, la plupart des musiciens ayant évolué dans le sillage de Jimmie ou de l’Antone’s, célèbre club d’Austin.

C’est ainsi qu’on retrouve au gré des plages le fidèle George Rains (ex Boz SCAGGS, Doug Sahm, Mother Earth) déjà présent dans "Strange Pleasure" premier disque de Jimmie. Les bassistes Ronnie James ⃰ (ex Omar Dykes, Mark Hummel, Paul Osher) et Billy Horton (ex Horton Brothers, Nick Curran, Hot Club of Cowtown), et une solide section cuivre avec les trompettistes Al Gomez (Texas Horns, Inas FORDMAN, AWEK) et Johnny Shortell (Texas Tornados, ex Lee McBee, Dale Watson), le tromboniste Randy Zimmerman (ex W.C.Clark, Phillip WALKER, Candye Kane), les saxophonistes John Mills (ex Zuzu Bollin, Lavelle White, Ani Di Franco) l’inoxydable Kaz Kazanoff (Long John Hunter, Grady Gaines, Ronnie Earl ou Marcia Ball). Cette longue liste d’accompagnateurs pourrait laisser craindre un manque de cohésion et d’unité, mais quand on fouille les différents parcours, on s’aperçoit que ces musiciens ont souvent joué ensemble, qu’ils se connaissent très bien, la plupart ayant participé aux mêmes sessions et presque tous font les beaux jours de la scène musicale d’Austin.

Publié par Last Music, un label anglais disposant d’un petit mais alléchant catalogue (Rosie Flores, Eddie Bo ou Geraint Watkins) ce septième album studio a le mérite d’être facilement disponible dans toute l’Europe, Last Music étant correctement distribué.

Jimmie Vaughan nous concocte ici un album de reprises habilement revisitées. Mais le choix des différents morceaux demeure cohérent et suscite de l’intérêt. En effet ils bénéficient tous d’une relecture solide et épurée et permettent à l’auditeur lambda d’aller à la rencontre de titres inusités, oubliés ou peu connus.
Le premier titre, "Baby, Please Come Home", qui donne au passage son nom à l’album, en est l’exemple. Jamais ce titre ce Lloyd PRICE n’avait fait l’objet d’une reprise. Ici la guitare rivalise avec celle du brillant mais méconnu Edgar Blanchard, la rythmique est impeccable, George Rains marche dans les pas d’Earl Palmer tandis que les deux sax donnent un coup de jeunesse par rapport à l’original où ils étaient trop mis en avant. Le guitariste récidive avec "Just A Game" accrédité au sulfureux, mais œuvre probable de Jimmy Donley ◊. Là encore, hormis l’original paru en 64 sur Tear Drop personne ne s’était attaqué au morceau.

VAUGHAN nous offre ici une excellente combinaison de New Orleans Sound et de Jump texan. "Be My Lovey Dovey" n’avait connu aucun succès de la bouche d’Etta JAMES, pour cause le titre n’avait jamais été édité et avait été découvert en 1986 sur une compilation Ace Records. On connait le pourvoir de persuasion dont Etta James pouvait parer certains de ses langoureux morceaux. Si dans la version originale, le piano essayait de s’accaparer le premier rôle alors que la voix enjôleuse d’Etta JAMES finissait par retomber comme un flan, Jimmie qui est avant tout guitariste avant d’être chanteur donne de l’ampleur bien aidé par deux choristes. Même impression avec "What’s Your Name", un vieux R&B de Chuck Willis jamais repris jusqu'alors, là encore les sax ont la sagesse de se placer en retrait ce qui n’empêche pas le leader de leur offrir un beau passage.
Cette face A s’achève avec l’unique exception : "Hold It", un vieil instrumental de Bill DOGGETT, provient d’une session Live captée au C-Boys Heart & Soul d’Austin en compagnie de Georges Rains et Mike Flanigin. Ce titre entraînant repris entre autre par les Mar-Keys et Willie Mitchell permet une rupture sympathique et rend hommage à Bill Willis, organiste et bassiste attitré du label King avec lequel Jimmie se produisit en trio.

La face B propose une démarche identique. "I’m Still In Love With", un R&B d’après-guerre de T Bone Walker était terriblement sucré. Vaughan parvient à édulcorer quelque peu le titre avec de sobres accords de guitare. La version de Duke ROBILLARD avait nous semble t-il plus d’attrait et sonnait moins guimauve. Excellente reprise de "It’s Love Baby (24 Hours A Day)", une compo de Ted Jarrett immortalisée par Louis Brooks ⸋ & His Hi-Toppers. Le morceau connaîtra quelques fructueuses covers (Earl Gaines, Johnny Dyer et Big Pete Pearson) mais Jimmie s’en tire à bon compte en gommant tout le surplus de taches de gumbo louisianais. "So Glad" fait partie des titres obscurs du tandem Fats Domino/ Dave Bartholomew ; Jimmy efface toute la coloration festive de la version d’origine un peu niaise à vrai dire. Autre titre tiré des abysses, "Midnight Hour" provient de Clarence "Gatemouth" Brown période Peacock. Le morceau met en exergue tout le travail de Billy Pitman à la guitare rythmique, celle-ci conférant des allures de shuffle à la plupart des morceaux, tandis que la Fender Stratocaster assène de vrais coups de rasoirs, tranchant quand il le faut. S’il fallait désigner l’une des idoles de Jimmie, Slim HARPO, Freddie KING et Jimmy REED gagneraient sûrement le gros lot. L’album s’achève sur "Baby, What’s Wrong" de Jimmy REED, un shuffle aux petits oignons.
Terminons ce panorama avec une curiosité: "No One To Talk To (But The Blues)", une compo du péquenot texan Lefty Frizzell chantée en duo avec Shirley Caddell×, une ballade proche d’un white blues. Si le titre avait été repris par le duo Jack & Jill (Van McCoy et Kendra Spotswood) pour Imperial, le jeu de guitare de VAUGHAN apporte une incontestable densité.

Si vous aimez le R&B revu et corrigé et saupoudré de Tabasco, le son vintage et les inusités et les guitares incisives mais non démonstratives, cet album est pour vous. Un disque sincère et un artiste qui a encore une allure folle sur scène.

⃰Aucun lien Dio.
◊ Jimmy Donley n’est jamais rentré dans les charts et reste connu pour ses six mariages. Alcoolique chronique, il s’est suicidé à 33 ans en s’asphyxiant avec les gaz d’échappement de sa Cadillac en 1963.
⸋ Après avoir enregistré huit singles pour Excello, Louis Brooks deviendra guitariste de session à Nashville tout en travaillant à la First National Bank le jour.
× Shirley Caddell est aussi connue sous le nom de Shirley Collie Nelson, la seconde épouse de Willie et accessoirement sa bassiste.

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- Jimmie Vaughan (chant, guitare)
- Billy Pitman (guitare 1-2-3-4-5-7-8-9-10-11)
- Ronnie James (basse 1-2-3-5-8-9-10)
- Billy Horton (basse 4-7-11)
- George Rains (batterie)
- Mike Flanigin (orgue 2-4-6-7-11)
- T. Jarrod Bonta (piano 4-7-11)
- Greg Piccolo (saxophone 1-2-3-5-8-9-10)
- Doug James (saxophone 1-2-3-5-8-9-10)
- John Mills (saxophone 4-7-11)
- Kaz Kazanoff (saxophone 4-7-11)
- Randy Zimmerman (trombone 4-7-11)
- Al Gomez (trompette 4-7-11)
- Jimmy Shortell (trompette 4-7-11)
- Emily Gimble (chœurs 4)
- Georgia Bramhall (chœurs 4)


1. Baby, Please Come Home
2. Just A Game
3. No One To Talk To (but The Blues)
4. Be My Lovey Dovey
5. What's Your Name?
6. Hold It
7. I'm Still In Love With You
8. It's Love Baby [24 Hours A Day]
9. So Glad
10. Midnight Hour
11. Baby, What's Wrong



             



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