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1966 Psychedelic Lollipop

The BLUES MAGOOS - Psychedelic Lollipop (1966)
Par LE KINGBEE le 25 Octobre 2021          Consultée 547 fois

La sortie de "Psychedellic Lollipop" demeure historiquement importante, c'est l'une des première fois que le terme Psychedelic apparait sur une pochette*. On est en 1966 quand le disque sort dans les bacs des disquaires. Aujourd'hui quelques soient nos goûts et nos affinités, on a affaire à quelque chose de plus délirant que les sucettes Pierrot Gourmand ou Chupa Chups, la fameuse Psychedelic Lollipop (traduisible par Sucette Psychédélique) étant imprégnée d'une petite dose de LSD.

Revenons brièvement sur cette formation du Bronx, précurseuse d'un mouvement oscillant entre Rock Psyché et Garage. En 1964, le guitariste Emil Thielhiem (alias Peppy Castro), l'organiste Ralph Scala, le bassiste Ron Gilbert décident de monter leur groupe. The Trenchcoats deviennent les Blues Magoos, se transforment en Bloos Magoos avant de redevenir une fois pour toute The BLUES MAGOOS. Après divers changements de musiciens, le trio se stabilise autour du guitariste Mike Esposito (ancien camarade de fac de Lou REED) et du batteur Geoff Daking. Le combo écume Greenwich Village et devient attitré du Night Owl. Les Blues Magoos enregistrent sans grand succès un single Folk Rock pour Verve, enchaine chez Ganim Records qui ne publiera par opportunité deux 45 tours un an plus tard, avant d'être approchés par Mercury qui décide de moderniser son catalogue. La firme fait appel à Bob Wild, un producteur débutant tandis que Shelby Singleton supervise l'enregistrement.

Pour leur premier disque, les New-Yorkais vont adresser un avertissement cinglant aux nombreuses formations de la Cote Ouest qui commencent à pulluler sur tout le territoire. En ouverture, "(We Ain't Got) Nothin' Yet"** restera comme leur plus grand succès, accédant à la 5ème place du Billboard. Il faut dire que Mercury ne lésigne pas sur la promo et puis il y a cette pochette typique de la mouvance Psyché et la dégaine des cinq musiciens qui ont adopté un look totalement différent avec des coupes de cheveux inspirées par Vidal Sassoon, des allures lorgnant sur Brian Jones. Avec son riff d'orgue bien caractéristique (Vox Continental), plus ou moins emprunté au jeu de guitare de James Burton sur le "Summertime" de Ricky NELSON, des riffs de guitares en cascade entre la rythmique de Peppy Castro, tout juste agé de 16 ans, et la lead d'Esposito le morceau se transforme en carton et constitue une juste synthèse entre Garage et Psyché. Changement total de cap avec "Love Seems Doomed", une ballade psyché teintée d'anxiété. On remarquera au passage l'acronyme au LSD. Autre ballade parfumé d'un soupçon Psyché avec "Queen Of My Nights", compo du guitariste folk David Blue, un voisin de Greenwich Village. Deux reprises viennent agrémenter cette face A: "I'll Go Crazy", une ballade mid tempo de James BROWN, devenue curieusement un titre fétiche du circuit Psyché et Garage via la reprise des STANDELLS. Là aucun doute possible les Magoos s'inspirent plus des versions de Tages, Mitch RYDER que de celle du Godfather ou des MOODY BLUES. Enfin le groupe nous assène une fulgurante reprise de "Tobacco Road", standard de John Loudermilk dans une orientation Garage en droite ligne avec celle des anglais de NashvilleTeens. Si l'orgue est toujours présent, la guitare fuzz d'Esposito dévaste tout sur son passage avec le plein de reverb et d'effets sonores. Rien à voir avec les essais Blues de JEFFERSON AIRPLANE,de RARE EARTH, Richie KOTZEN ou des Leaves. Là ça flingue à tout va, Esposita donnant brièvement une coloration mi andalouse mi orientale à sa gratte.

"Gotta Get Away" °, en ouverture de face B, aurait pu connaitre un meilleur succès s'il ne figurait en seconde face du single "(We Ain't Got) Nothin' Yet". Certains feront le parallèle avec la ballade homonyme des STONES, sauf que le tempo est plus cadencé avec toujours un orgue en arrière plan qui se poste toujours en gardien du temple Garage. Un titre qui évoque The REMAINS et les TROGGS. Vous vous demandez peut-être pourquoi un tel nom de scène. Certains journalistes américains prétendirent que le groupe avait décidé de faire un clin d'oeil au personnage de dessin animé Mister Magoo, dont les membres étaient fans. Cela n'a jamais été confirmé, mais avouons qu'on a vu bien pire que les aventures du sympathique myope. Toujours est-il que le Blues n'est pas présent dans le nom du groupe par hasard. C'est ainsi que "Sometimes I Think About" s'annonce comme un excellent Slow Blues, l'orgue tisse une ambiance qui rappelle les ANIMALS tandis qu'Esposito délivre un solo de guitare aussi bon que court. Autre compo, "One By One" marque une petite rupture avec le reste de l'album. Si le farfisa n'était pas aussi présent on pourrait croire à un morceau de Folk Psyché avec une gratte limpide lorgnant sur les BYRDS magnifié par un chant à deux voix valant le détour. Autre escapade au coeur du Blues avec "Worried Life Blues", grand classique du pianiste Big Maceo inspiré par le "Someday Baby Blues" de Sleepy John Estes. Si le titre fut repris à toutes les sauces Blues (de John Lee HOOKER à Big Bill Bronzy en passant par Chuck BERRY et Freddie KING), la version du quintette marche sur les traces de celle des ANIMALS gravée quelques mois plus tôt. Mais si les claviers d'Alan Price sonnaient comme un orgue d'église, Ralph Scala instaure un climat d'une incroyable quiétude, tandis que Peppy Castro prouve qu'il est aussi un excellent chanteur. En fermeture, le groupe s'attaque à une compo du tandem Helen Miller/ Roger Atkins écrite pour l'album avec "She's Coming Home"≠, titre de facture plus classique avec une basse plus ronde en droite ligne avec le répertoire des REMAINS.

Avec ce premier jet, le quintette new-yorkais enregistrait non pas l'un des premiers disques de Rock Psyché, mais une combinaison inattendue entre Rock Psyché, Garage et Blues, trois éléments qui se marient ici pour le meilleur. Disque très recherché de certains collectionneurs "Psychedelic Lollipop" marquait le début d'une vague qui allait comme toutes ses devancières s'éteindre rapidement. Pour les amateurs de petites conneries, la pochette dorsale de l'EP français proposait une définition du Psychédélisme: "Pour ceux qui ne le sauraient pas, le mot Psychédélisme signifie; expansion ou épanouissement de la pensée". Un disque à ranger entre les REMAINS, The ANIMALS, Electric Prunes, les STANDELLS les RAIDERS de Paul REVERE et les LYRES. Le disque a été réédité à maintes reprises en format CD avec des différents bonus. Un bon 3,5.

Cette chronique provient de l'écoute du pressage anglais publié par Fontana en Stéréo et du pressage américain en mono édité par Mercury.


* Il semblerait que le terme Psychedelic apparaisse pour la 1ère fois sur "The Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevators", album de The 13th Floor Elevator.
** Si ""(We Ain't Got) Nothin' Yet" prend sa source sur le "Summertime" de Ricky Nelson, le "Black Night" de DEEP PURPLE s'est largement abreuvé du titre des Blues Magoos.
° Titre homonyme à ceux des Stones, Curtis Mayfield et The Offspring.
≠ Titre homonyme à celui des Zombies.

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- Emil 'peppy Castro' Thielhiem (chant, guitare)
- Mike Esposito (guitare)
- Ron Gilbert (basse)
- Geoff Daking (batterie)
- Ralph Scala (orgue, chant)


1. (we Ain't Got) Nothin' Yet
2. Love Seems Doomed
3. Tobacco Road
4. Queen Of My Nights
5. I'll Go Crazy
6. Gotta Get Away
7. Sometimes I Think About
8. One By One
9. Worried Life Blues
10. She's Coming Home



             



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