Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2001 Shoot That Thang

SUPER CHIKAN - Shoot That Thang (2001)
Par LE KINGBEE le 28 Octobre 2021          Consultée 628 fois

En préambule, on trouve qu'il y a une saveur, comme un clin d'oeil entre le nom de label Rooster (le rooster s'apparentant à un petit coq à la crète bien rouge) fondé par Jim O'Neal et le sobriquet de cet attachant guitariste.

SUPER CHIKAN n'est autre que le neveu de Big Jake Johnson. De son vrai nom James Johnson, Super Chikan voit le jour en 1951 à Darling, une minuscule bourgade située au cœur du Mississippi. Issu d'une famille de métayers, il est élevé par sa grand-mère, personnage pittoresque qui s'occupe d'une petite fratrie comptant une vingtaine de cousins et cousines. Gamin, il s'occupe de la basse-cour familiale, s'occupant plus particulièrement des poules et des coqs, animaux qu'il imite à la perfection, d'où un premier surnom donné affectueusement par la grand-mère "Chicken Boy".
Après avoir fait ses gammes avec les poulets, James apprend le dur labeur des champs au sein d'une communauté mennonite. Gamin, il se lance dans l'apprentissage de la guitare via une Diddley Bow; à 13 ans, il investit dans l'achat d'une guitare acoustique à deux cordes dénichée dans un stock de l'Armée du Salut. Si sa mère lui prodigue quelques rudiments, son oncle lui permet de se perfectionner. Adolescent, disposant d'un jeu de guitare peu courant, il est capable d'imiter à la guitare tous les volatiles qu'il a longtemps côtoyés.
Adulte, il quitte la ferme et le travail agricole pour embrasser la profession de camionneur. Pendant son temps libre, il compose abondamment. Devenu conducteur de tracteur puis chauffeur de taxi, il commence à se produire le soir dans les jukes joints du Delta. Son oncle, à la recherche d'un guitariste, le prend sous son aile et l'intègre au sein des Jelly Roll Kings. Très vite, James acquiert une solide réputation dans tout le Mississippi, devenant un attitré du Ground Zero et accessoirement l'un des chouchous de l'acteur Morgan Freeman. Il enregistre son premier disque en 1997 pour Rooster Records sous le nom de SUPER CHIKAN, un sobriquet pas si anodin qui le rattache au monde rural.

Reconnu dans le monde entier, SUPER ChHIKAN s'est également constitué une solide réputation de fabricant de guitares, instruments qu'il construit à partir de bidons d'essence ou d'huile, ou de boites à cigares (des Chikan Tars). Il s'adonne également avec brio au dessin et à la peinture, n'hésitant pas à décorer ses fabrications de couleurs vives, des œuvres sur lesquelles figure souvent un volatile de la famille des gallus domesticus. Comme on dit, les chiens ne font pas des chats !

Enregistré lors de quatre sessions en juillet et septembre 2000 à Salina (Kansas) au Blue Heaven Studios, une ancienne église transformée en studio d'enregistrement, lieu prisé par Phillip WALKER, Magic SLIM, Susan TEDESHI ou Jody WILLIAMS, ce Shoot That Thang (traduisible par Tirez sur ce corps) 3ème opus du guitariste, révèle une personnalité attachante, pleine d'humour et particulièrement gouailleuse. Compositeur subtil à l'humour aiguisé, SUPER CHIKAN nous dresse ici 11 originaux dans lesquels il conte des tranches de vie, nous invente des histoires sur le monde rural. Si les racines du Delta sont souvent présentes, le bonhomme est loin de nous convier à des copies serviles piquées à droite ou à gauche. Le guitariste distille un phrasé assez personnel, bien rafraîchissant, se forgeant un style allant à contre-courant de la production contemporaine.

Comme il l'annonce parfois lors de concerts, il ne chante pas le Blues, il est le Blues ! En ouverture, "Guilty Man" nous convie au cœur du Delta. Toutefois, attention ! Il ne s'agit pas ici d'un Blues à l'ancienne mais d'un Blues moderne, attractif, rythmé, avec un texte plein de malice. Pour un peu, on croirait entendre le regretté Eddie C. CAMPBELL. Le guitariste peut s'appuyer sur une bonne section rythmique avec Dione et Harvell Thomas, déjà présents sur What You See, opus précédent. "Don't Mess With The Blues" s'annonce plus ambigu, on croirait entendre l'association SUNDOWN/WALKER avec quelques bons effets de guitares. "Tin Top Shack" s'annonce comme un shuffle dansant dans la lignée des débuts de Robert CRAY, avec, cerise sur le gâteau, quelques bruits de volatiles. Changement de cap avec "Mennonite Blues", un long et impeccable blues lent avoisinant les 9 minutes. Là, SUPER CHIKAN se fait conteur et on se laisse facilement prendre à ses histoires. Du rythme, on en retrouve encore sur "Bus-Train-Rain", superbe synthèse entre Hank Ballard et Bennie Smith. Le chant monte d'un cran et se fait plus volontaire sur "Staingy Wid It", dans lequel notre poulet ne peut s'empêcher de rire, probablement de lui-même. Plus délicat, "Could Have Been Me" pourrait s'inscrire dans un disque de l'oncle Big Jack Johnson, hormis la guitare fuzz. "Could Have Been Me" marque une petite rupture : si le titre est parfumé d'une fine coloration Reggae, le piano remplace la guitare dans la première moitié du morceau. "Junky Trunk", avec une gratte proposant deux visages, un funk et un fuzz, vaut essentiellement par son entrain. Le piano devient l'élément principal et déclencheur de contorsions sur "Marry Me", un boogie piano joué en solo. Si ce n'était la voix, "Wrong To Sing The Blues" pourrait figurer dans une galette de Tony Joe WHITE avec pour la seconde fois SUPER CHIKAN à l'harmonica. Quoi de mieux qu'un beau feu d'artifices pour terminer un disque ? "Shoot That Thang", non content de donner son nom à l'album, diffuse un long Boogie Rock hookerien complètement débridé de plus de 8 minutes, avec trois musiciens qui s'interpellent. La section rythmique prend son envol, les frangins Thomas demeurent parfaitement complémentaires et excellents complices avec le roi de la basse-cour.

Bénéficiant d'une excellente production (c'est souvent le cas chez Rooster Records), d'une section rythmique rompue aux Jams et bien groovy qui n'a de cesse d'expédier son leader sur de bons rails, ce disque met en avant un musicien sortant des sentiers battus. Si on pense parfois à Eddie C. Campbell (seconde partie de carrière), SUPER CHIKAN nous délivre ici un album de Mississippi Blues moderne, plein d'entrain, inventif et entièrement écrit de sa plume. Reste à savoir s'il s'agit d'une plume de coq ou de paon. Un disque de Blues sincère et authentique à l'image du sourire du bonhomme.

A lire aussi en BLUES par LE KINGBEE :


CANNED HEAT
Canned Heat (1967)
Premier grand classique du boogie blues blanc




AWEK
Long Distance (2016)
Un beau voyage au pays du blues.


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Super Chikan (guitare, piano 2-3-4-7-9, harmonica 1-11)
- Harvell Thomas (basse, chœurs 1-11)
- Dione Thomas (batterie, chœurs 1-11)


1. Guilty Man
2. Don't Mess With The Blues
3. Tin Top Shack
4. Mennonite Blues
5. Bus-train-rain
6. Staingy Wid It
7. Could Have Been Me
8. Junky Trunk
9. Marry Me
10. Wrong To Sing The Blues
11. Shoot That Thang!



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod