Une poignée de mois après la sortie de leur EP Dossiers perdus - Volume 1 les SVINKELS nous reviennent avec leur véritable quatrième album.
Un disque qui donne une suite à ce que l’on pensait devoir être leur dernier album, Dirty Centre et auquel "Réanimation" fait justement un clin d’œil en reprenant « Qu’est-ce que je suis censé faire, hein ? » que l’on retrouvait déjà sur le titre "Dirty Centre". Ce n’est pas la seule référence à cet album puisque que "Série Noire III", renvoi à "La fugue (série noire II)" également présent sur Dirty Centre.
Les SVINKELS c’est toujours ce mélange de Rap légèrement mâtiné de Rock, sur lequel le trio de tchatcheurs composé de Gérard Baste, Nikus Pokus et de M. Xavier, se lâche en accumulant les jeux de mots, les références diverses et les provocations les plus farfelues. Le tout dans un esprit qui oscille entre Rap et Punk.
Une sorte de croisement entre les BEASTIE BOYS, STUPEFLIP et ICE T. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a bien pire en termes de références.

Le résultat est lui un peu plus inégal, et ce disque très touffu comprend du très bon et du plus dispensable.
Parmi les bons moments, on peut citer l’hommage à l’ancien chanteur de RAGGASONIC, BIG RED, qui est assez savoureux. Les multiples clins d’œil à la partie Ragga de la carrière de ce dernier sont amusants et bien trouvés.
Il est juste un peu dommage qu’ils n’aient pas intégré plus d’éléments faisant référence à sa récente orientation Vapor. Mais l’exercice de style n’en reste pas moins vraiment bien tourné.
"Blessé dans le Pogo", avec ses guitares bien sales et sa rythmique sourde est également bien agencé : entrainant et cocasse, il fait partie des bons moments de cet album. Les interventions de WAXX à la six cordes épaississent de bien belle manière le son de SVINKELS, attestant qu’il est toujours un collaborateur musical précieux. Son solo qui clôt le morceau constitue un beau bouquet final.
"Démons" avec son ambiance pesante, limite inquiétante, est un autre sommet de Rechute qui nous prouve que les SVINKELS peuvent nous surprendre. Dans le genre rythmique lourde, quasi Dance hall, "Mon spot" fait également son petit effet, avec sa référence à Notorious B.I.G. !
"Série noire III" avec son entame qui évoque clairement L’histoire de Melody Nelson de GAINSBOURG, nous entraine dans les cheminements d’une histoire qui joie aux montagnes russes avec nos émotions.
Mais, à côté de ces réelles réussites, certains morceaux peinent un peu à me convaincre.
Ainsi la première partie de "Pas le temps de blaguer" rappelle un peu trop STUPEFLIP pour être marquante. Il est de ce fait un peu dommage que le superbe solo de guitare final de ce titre ne soit pas plus mis en valeur. Quant à "Bistrot Boys", c’est un morceau qui manque un peu trop de relief et d’originalité. Enfin, malgré une bande son intéressante, "CPCQJVLS" (C’est pas ce que le voulais) ne dépasse pas le statut de titre dispensable.

On peut noter que beaucoup de morceaux font référence, de manière plutôt nostalgique, au passé. C’est ainsi le cas de "Démons", de "Rechute" et de "J.A.S.E." qui exploitent la vague des souvenirs d’un passé regretté. Dans ce dernier titres les SVINKELS se payent même une rétrospective de leurs anciens morceaux. Cela donne le sentiment que le groupe évolue sur un perpétuel balancier. N’hésitant pas à piocher des éléments provenant du passé, comme de la matière bien plus récente et moderne.
A ce titre, Rechute est un album dense qui ne se laisse pas facilement apprivoiser et dont les écoutes répétitives font apparaitre à chaque fois de nouveaux aspects, de nouvelles références. Le délai très court entre Dossiers perdus - Volume 1 et Rechute pouvait laisser redouter un album vite bâclé, sentiment renforcé par l’image de glandeurs désinvoltes que se plait à incarner le groupe. Mais force est de constater que ce dernier album exhale le travail et la réflexion par tous ses pores (SVINKELS dirait par tous ses porcs…). La richesse des rimes et le côté intarissable des trois MCs est assez éclatant.
Et si l’on fait abstraction de quelques provocations faciles (alcool, violence) et pas toujours très fouillées, il y a lieu de reconnaitre que cette rechute est très riche.