Décidément, les vétérans de CYPRESS HILL se sont trouvés une nouvelle jeunesse et sont parvenus à inverser la tendance qui les voyait allonger inexorablement la durée qui séparait chacun de leurs albums. Celle-ci passant de une année entre Skull & Bones (2000) et Stoned Raiders (2001), à trois ans entre ce dernier et Till Death Do Us Part (2004), puis à six ans entre ce dernier et Rise Up (2010), pour culminer à huit longues années avant la sortie de Elephants on Acid (2018). En effet il ne leur aura fallu que quatre années pour nous pondre ce Back In Black.

Au-delà de cette analyse chronologique, il suffit de se prendre en pleine figure le très bon et incisif "Break Of Dawn", suivi de la profession de foi qu’est "Champion Sound" pour se convaincre que les cinquantenaires sont encore bien affutés. Comme à leur habitude, les tempi sont lents et lourds, le son grave et les vocaux assénés d’une manière qui se veut sérieuse, limite doctorale. Cela est notamment le fait de la voix très nasale de B-Real. Les trames musicales sont assez minimalistes et sont principalement construites autour d’un beat de plomb au sein duquel la basse se montre très présente. Clairement, CYPRESS HILL conserve son image de groupe pugnace, massif et doté d’un son très pesant. Cela pourrait être un handicap du fait de la très faible hétérogénéité des morceaux et des ambiances, mais cela fonctionne pourtant bien. Et rares sont les morceaux qui, à l’image de "Hit Em’", ou bien de "The Original" dans une moindre mesure (du fait de l’intégration de petits gimmick rafraichissants), sonnent un peu plus redondants et dispensables.

Cela est probablement a porter au crédit de leur nouveau Producteur, Black Milk, qui est parvenu à actualiser et booster le son du groupe en le dotant de ce son qui s’assoit sur une rythmique dantesque qui donne le sentiment de pilonner sans répit les oreilles des auditeurs. Cela correspond bien à l’état d’esprit de cet album « straight in your face » qui ne s’embarrasse pas de tergiversations ou d’expérimentations. Ici, il s’agit uniquement de pur Hip-Hop, tout juste tempéré d’une très légère coloration Rock. Et comme mentionné plus haut, cela fonctionne plutôt très bien. "Break Of Dawn", "Champion Sound" ou "Open Ya Mind", et sa basse omniprésente, ont clairement la stature de classiques. C’est d’autant plus vrai pour ce dernier morceau, que celui-ci voit le groupe aborder son sujet de prédilection : la libéralisation de l’usage du cannabis. Un sujet qui est également au centre de "The Takeover" et de "Certified" sur lequel le rappeur Demerick Ferm, un proche de B-Real, vient prêter main forte à CYPRESS HILL. On ne se refait pas… Et comme CYPRESS HILL a indéniablement du savoir-faire, il sait distiller au gré de ses morceaux des petites boucles, des petites trouvailles sonores qui font la différence. Il en va ainsi du final en boucle de "The Ride" qui procure son petit frisson bien agréable. Il est a noter que "Come with Me" ressemble trop fortement au "Hail Mary" de 2PAC (The Don Killuminati: The 7 Day Theory, 1997), pour que cela ne soit qu’une coïncidence.

Un très bon album qui évite avec classe l’écueil de la redondance pour proposer une série de gros missiles bien efficaces. Cela n’a peut-être pas la saveur de leur premiers méfaits (tout en étant conscient que la nostalgie est bien cruelle en pareille circonstance), mais c’est un résultat que l’on n’espérait plus trop.
Un bien bon moment dans les lourdeurs vaporeuses de CYPRESS HILL.