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- Style + Membre : Casseurs Flowters

ORELSAN - Civilisation (2021)
Par NESTOR le 28 Novembre 2021          Consultée 1588 fois

ORELSAN était revenu récemment sur le champ de bataille médiatique dans le cadre de la sortie d’un très bon documentaire réalisé par son frère, dont il est le sujet principal ("Montre jamais ça à personne").
A cette occasion le chanteur avait annoncé la sortie très prochaine d’un nouvel album. Ce, presque quatre ans jours pour jours après la commercialisation de La fête est finie, son troisième album qui avait consacré son succès, tout autant artistique que commercial.

Annonce relayé assez rapidement par la diffusion du clip vidéo de "L’odeur de l’essence" qui mettait en avant la facette sociale et dénonciatrice d’ORELSAN. La montée des individualismes, l’excès de sensiblerie et la peur comme moteur de nos sociétés y sont pointés du doigt et du verbe dans une vidéo sombre et accusatrice où la fin de nos civilisations sont mises en abîmes. Un premier extrait qui laissait entrevoir un album à forte connotation sociale, voire politique.

Nul doute que le succès de celui-ci sera à nouveau au rendez-vous puisque cet album était, parait-il, déjà Disque d’or avant sa sortie officielle. Et ce même si la mutation de l’autoproclamé Roi des glandeurs en haut-parleur des dérives et des injustices de nos mondes telles qu’elles sont pointés du doigt dans ce premier extrait ne va pas forcément de soi. Mais dès les deux premiers morceaux on retrouve l’artiste dans des domaines qui lui sont plus habituels.

Avec "Shonen", une catégorie de manga qui s’adresse aux jeunes adolescents qui s’identifient généralement à l’évolution d’un personnage qui part mal dans la vie, ORELSAN est en terrain conquis. Lui qui baigne dans l’univers des Manga, revendique ici son statut d’adolescent moyen à qui un destin hors du commun s’impose et qui souhaite saisir cette chance. Grand changement toutefois, alors qu’il y a quelques petites années il serait resté sur le fait qu’il ne comprenait pas cette "chance", désormais il indique qu’il va la saisir. Au niveau musical, le titre est gentillet et sans surprise.

Il en va tout autrement de l’excellent "La Quête" qui sans aller jusqu’à la saga à la LELOUCH possède une progression très intéressante et est l’occasion pour le chanteur de se pencher sur son passé et sur l’évolution de ses rêves d’enfance. Ce titre est particulièrement bien ficelé et est porté par une musicalité d’une efficacité sans faille. Probablement le morceau le plus facile d’accès, le plus immédiatement charmeur. On y retrouve une ambiance qui oscille entre nostalgie et introspection, et qui fait échos à l’excellent documentaire mentionné plus haut. On le voit, ce Civilisation n’est pas le pamphlet politique que le premier single laissait entrevoir et ORELSAN évolue toujours majoritairement dans des univers qu’il connait bien.

Bien sûr, il ne se cantonne pas à ses thèmes de prédilection et il s’aventure sur des sujets plus originaux pour lui, comme cela peut-être le cas avec "Bébéboa" qui évoque les effets de la consommation d’alcool par les femmes, ce, sur fond de musique aux ambiances Funky et de voix typée Vocoder, qui tranche avec l’identité plus DanceHall de "Du propre". Ce dernier titre est une légère déception. La production y est très professionnelle, quelques sonorités sont sympathiques et l’élocution typique du bonhomme est convaincante, mais malgré cela on ne parvient pas à s’extasier devant ce titre trop évident. Il en va de même avec les dispensables "Jour meilleur" et "Dernier verre", un duo avec The NEPTUNES dont on était en droit d’attendre mieux lorsque l’on sait que sous ce nom se cachent Pharell WILLIAMS et Chad HUGO. A l’exception du refrain à la couleur musicale intéressante, ce morceau se révèle être assez plat. De même le duo avec Gringe, sur "Casseurs Flowters Infinity" ressemble plus à un petit plaisir personnel que les deux éternels complices se sont offert qu’à un morceau convaincant. Et ce, malgré quelques punch line percutantes.

Avec "Ensemble" et "Athéna" c’est le domaine de l’amour qu’ORELSAN évoque, comme il l’avait déjà fait sur son précédent opus. Il le fait ici avec peut-être un peu moins d’ironie que par le passé, notamment sur "Athéna" dont la ritournelle donne dans la love tune de manière presque caricaturale. C’est globalement sympathique, sans être transcendant. Tout le contraire du massif "Manifeste" dont l’optique story telling est particulièrement bien agencée. Sous couvert d’une historiette anecdotique, le chanteur fait preuve d’humour et de réflexion pour nous pondre un morceau d’une efficacité redoutable. En manipulant les phrases comme des boumerangs et en faisant doucement monter la tension, il fait preuve d’une maitrise totale de son texte et de ses pensées. Impressionnant.

Au final, si tout n’est pas génial dans "Civilisation", celui-ci est un album très touffu et très dense qui comprend suffisamment de très bons moments et une matière assez riche pour alimenter nombre d’écoutes de la part de ses fans. A ce titre, la déferlante ORELSAN n’est pas prêt de s’amenuiser. Ce d’autant plus que l’autodérision, la prise de recul, l’humour et la maitrise des textes sont magnifiquement mis en avant par la production du fidèle Skread (qui apparait sur "Ensemble"). Les néophytes auraient certainement préférés un album délesté de quatre ou cinq titres, mais nul doute que les afficionados vont se régaler.

Du fait de sa densité, il est encore un peu tôt pour pouvoir juger si nous avons là affaire à un très bon album ou bien à un grand classique méritant d'être mis en avant sur le site. Les quelques lacunes évoquées plus haut me laissent à penser que nous sommes plutôt dans la première situation. Mais si nous en sommes à hésiter entre l'excellent et le très bon, c'est bon signe.

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   NESTOR

 
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- Orelsan (chant)
- Skread (production)


1. Shonen
2. La Quête
3. Du Propre
4. Bébéboa (avec Eddie Purple)
5. Rêve Mieux
6. Seul Avec Du Monde Autour
7. Manifeste
8. L’odeur De L’essence
9. Jour Meilleur
10. Baise Le Monde
11. Casseurs Flowters Infinity (avec Gringe)
12. Dernier Verre (avec Chad Hugo Et Pharrell Williams
13. Ensemble (avec Skread)
14. Athéna
15. Civilisation



             



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