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1965 The Barbarians

THE BARBARIANS - The Barbarians (1965)
Par LE KINGBEE le 12 Novembre 2021          Consultée 505 fois

Victor Moulton, aussi connu sous le sobriquet de "Moulty", monte les BARBARIANS en 1964 en compagnie de trois de ses potes Jerry Causi, Ronnie Enos, bientôt remplacé par Jeff Morris et Bruce Benson. Originaire de Princetown, petit village prisé des touristes situé à la pointe de Cap Cod, le groupe se taille rapidement une solide réputation sur les scènes du Massachussetts.

Dépositaire d’un répertoire éclectique allant du Rock au Beat en passant par le Mods, le Folk, le Surf et le Garage, le combo n’hésite pas à en découdre. Sur scène, les musiciens se produisent généralement avec une tenue identique, Moulty le batteur et leader déclaré ne passant pas inaperçu avec la prothèse métallique qui lui fait office de main gauche. Ancien guitariste, Moulty a été victime à 14 ans d’une bombe artisanale lors du lancement d’un feu d’artifice, le guitariste se muant alors en batteur.

Le groupe attire l’attention des frères Joy, patrons du label new-yorkais Joy Records et enregistre en 1965 un premier single avec "Hey Little Girl" couplé à "You've Got To Understand", deux titres entre Garage et Rock Beat. Malheureusement, le label d’Eddie Joy ne disposant que de moyens limités , le single ne bénéficie d’aucune promotion. Hormis Freddie Scott et Guy Mitchell, tous les artistes du catalogue Joy resteront d’honnêtes seconds couteaux.

Mais il arrive parfois que la chance tourne. En octobre 64, les BARBARIANS sont conviés au T.A.M.I. Show, un concert de deux jours délivré au Civic Auditorium de Santa Monica. Chauffée à blanc par Chuck BERRY, la salle est en ébullition. Parmi les nombreux belligérants, figurent Gerry & The Pacemakers, The BEACH BOYS, les SUPREMES et Marvin GAYE. James BROWN, furieux de ne pas avoir été choisi pour clore le spectacle au profit des STONES, livre une prestation ébouriffante au sein des Famous Flames. Le 14 novembre, le film de ces deux soirées sort sur les écrans américains. Il faut attendre avril 65 pour que le document filmé fasse son apparition dans les cinémas de la Perfide Albion et dans quelques rares salles en France. Les BARBARIANS font honneur à leur jeune réputation, interprétant "Hey Little Girl", titre sur lequel gesticule une bande de Go-Go danseuses sous une chorégraphie de David Winters (acteur-danseur présent dans le film "West Side Story").

Ce coup de projecteur plus ou moins imprévu relance la formation qui décroche aussitôt un contrat avec Laurie Records, une autre maison de disques basée à New-York et dont les figures de proue ont pour nom DION, The Chiffons et Gerry & The Pacemakers. Enregistré à l’Allegro Sound Studios sur Broadway, endroit alors prisé par les labels Sue, Wand, Bang et Kama Sutra, ce premier disque éponyme pourrait étonner et induire une fausse piste avec sa pochette. Si les cheveux sont assez longs, on se demande pourquoi on a affublé les quatre musiciens de sandales en cuir, cela donne l’impression d’avoir affaire à une troupe Folk ou Flower Power. Aucun renseignement sur l’auteur * de cette pochette ne figure sur le visuel, mais ce qu’on retient c’est bien la prothèse de Moulty, placé à droite en premier plan.

Dans un souci probablement commercial, Laurie Records décide que le groupe, bien qu’ayant assez d’originaux dans ses bagages, doit interpréter de la reprise. Cependant, Doug Morris ◌ (aucun lien avec Jeffrey Morris) décide que le groupe puisse placer quatre de ses compositions. Il faut dire que la publication en single de "Are You A Boy Or Are You A Girl ?" a rencontré un petit succès assez inattendu auprès du public. Titre humoristique dans lequel Moulty s’étonne du changement de certaines tendances avec l’apparition de la mode hippie. Mais les Américains n’oublient de tirer quelques coups de semonce envers la British Invasion : Are you a boy, or are you a girl ? -With your long blond hair you look like a girl - You're either a girl or you come from Liverpool -You can dog like a female monkey, but you swim like a stone - Yeah, a rolling stone). Une critique cocasse et comique visant certains groupes britanniques qu’il convient de prendre avec humour. Gorgé de métaphores, "What The New Breed Say" distille un honnête Rock Garage mettant en garde sur les modes et tendances du moment, celles ne résistant guère au temps. Le morceau sera repris en version Punk Rock par les Sting-Rays et The Veed. Changement de cap avec "Take It Or Leave It" ⌂, un R&B qui se rapproche par la mélodie du "Louie Louie" de Richard Berry And The Pharaohs mais avec une coloration proche des Pink Finks ou des THEM. Dernière compo avec "I'll Keep On Seeing You", une balade nostalgique avec une pointe de Folk Psy.

Les 2/3 du disque ne proposent que des reprises venues d’un tas d’horizons sonores. C’est ainsi qu’on retrouve deux instrumentaux qui détonnent de l’ensemble du disque : "Maria Elena", standard du mexicain Lorenzo Barcelata qui servira brièvement de bande sonore au Petit Train Rébus ‡, un interlude créé par Maurice Brunot au début des sixties pour que l’ORTF puisse caler ses directs. Une version qui vaut bien celles de Chet Atkins ou des SHADOWS bien qu’incongrue selon nous. Même impression avec "Linguica", titre traditionnel issu du folklore mexicain pour une durée d’à peine 90 secondes, ce qui en fait un bon interlude.
On retrouve également plusieurs blockbusters : "Mr Tambourine Man", titre phare de Bob DYLAN popularisé par les BYRDS, est interprété ici sous la forme d’un honnête Folk Psyché, un titre qui vaut largement les reprises des Brothers Fours, des Beau Brummels ou Melanie. Création de Clarence Ashley et Gwen Foster, duo Hillbilly des années 30, "The House Of A Rising Sun" avait fait l’objet de plusieurs protest songs avant que les ANIMALS ne transforment la chanson en hit planétaire. Le groupe s’offre une version de Folk Garage où les guitares donnent le ton en l’absence d’orgue ou de farfisa.
La formation puise aussi dans la musique noire avec de fulgurants essais R&B : "Bo Diddley", ode de Bo DIDDLEY à lui-même, rivalise avec la version des ANIMALS via une rythmique d’enfer. Bien que se produisant en formation classique (2 guitares, 1 basse 1 batterie), le combo impulse une coloration Garage dans ses relectures comme en témoignent "Memphis Tennessee", succès de Chuck BERRY, ou "I’ve Got A Woman", hit fifties de Ray CHARLES. Si le Genius s’inspirait de "It’s Must Be Jesus", un vieux Gospel des Southern Tones transformé en un proto Soul, les Barbarians nous délivrent une gouteuse mixture entre Folk et Garage dans laquelle le jeu des deux guitares est encore une fois aussi complémentaire que décalé.
Terminons ce tour d’horizon par le troisième titre emprunté au catalogue Chess avec l’énorme "Susie-Q" de Dale HAWKINS. Ici, les Barbarians proposent une version déphasée à cheval entre Rock et Folk Garage, une combinaison gagnante qui vaut selon nous la version des STONES et contribue à apporter un autre visage à cette pépite.

Les BARBARIANS connaitront en partie un autre succès avec "Moulty", petit hit Garage enregistré avec Victor Moulton, l’homme au crochet, les autres musiciens étant en fait les Hawks de Ronnie HAWKINS (futur BAND). Cet éponyme demeure le seul opus du groupe qui disparaît des écrans radars en 1967. Moulty se consacre dès lors à sa famille, à son entreprise de nettoyage et au karaté, tandis que les autres membres se produisent au sein de BLACK PEARL. Aujourd’hui, le groupe se produit sporadiquement à l’occasion de concert réunions ou d’anniversaire, Victor sur la scène de Boston avec deux de ses fils. Ce disque aux effluves Folk Garage et Psyché sera classé dans le tiroir du Rock. Le handicap dont fut victime Victor Moulton se transformera en un atout imparable à l’instar de Rick Allen batteur de DEF LEPPARD.


* Il s’agit en fait de Miller Boden & Rich, une société de trois dessinateurs designers ayant principalement collaboré avec les labels Laurie et Cameo. Cette structure reste l’auteur de pochettes pour Chubby Checker, Dee Dee Sharp, DION, Gerry & The Pacemakers et Gary (US) Bonds, des visuels souvent insipides et oubliés depuis longtemps.
◌ Doug Morris occupera plus tard de hautes fonctions au sein de Big Tree Records, Universal Music Group et Sony Music Entertainment. Il reste l’un des initiateurs de la musique en ligne.
⌂ Titre homonyme à ceux des Rolling Stones, Evie Sands, Madness, Jet et The Strokes.
‡ "Endesly", une compo du tandem Brook Benton/Clyde Otis jouée par l’orchestre de Marc Taynor était principalement utilisée comme bande son.

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- Victor Moulton (chant, batterie)
- Bruce Benson (guitare)
- Jeff Morris (guitare)
- Jerry Causi (basse)


1. Are You A Boy Or Are You A Girl
2. Mr. Tambourine Man
3. The House Of The Rising Sun
4. Maria Elena
5. Bo Diddley
6. Memphis Tennessee
7. What The New Breed Say
8. Take It Or Leave It
9. I'll Keep On Seeing You
10. Linguica
11. Susy-q
12. I've Got A Woman



             



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