En 2004, cinq ans après avoir été lancée par son premier tube, "I Wanna Love You Forever", et en évoluant dans un registre pop/r'n'b, Jessica SIMPSON a tout de l'icône WASP américaine pour teenagers de son époque et atteint le faîte de sa popularité. Son dernier album In this Skin, gonflé de reprises mélangées aux compositions, a dépassé les sept millions d'albums vendus dans le monde, avec une grande majorité aux Etats-Unis. Elle vient également de lancer une émission de télé-réalité dont elle est le centre de l'intérêt ainsi que son mari Nick LACHEY.

Surfant sur la vague In the Skin, la chanteuse publie quelques mois plus tard son premier disque de Noël. ReJoyce: the Christmas Album fait naturellement la part belle aux standards : "O Holy Night", "Let It Snow", "The Little Drummer Boy", "Hark! The Herald Angels Sing" en tête. Ballade ou titres plus enlevés, ils ont surtout pour vocation d'employer le filet de voix puissant de SIMPSON de différentes manières. Et, d'un point de vue orchestration, de l'éloigner un peu des effets r'n'b 90-2000 ô combien fades !

Curieusement, même avec la présence d'un orchestre, le tout paraît moins chargé que sur les disques précédents. Moins réverbéré, le son est plus 'live'. Autant de bons points pour l'heure ; restent les chansons ! De ce côté, c'est plus nuancé. D'une reprise à l'autre (incluant tout de même une composition : "It's Christmas Time Again"), la qualité varie, passant du médiocre au très bon.

Passons vite sur les ballades suaves, plaisantes ou forcées, s'étirant un peu trop pour certaines ("Breath of Heaven", chanson d'Amy GRANT) ou alors superflues comme "What Child is This", soit "Greensleeves" remaniée. Pour surprise, la meilleure - de loin – est l'archi-connue "O Holy Night", passé de la valse traditionnelle au slow binaire mais franchement excellent, de la prestation de SIMPSON aux arrangements de choeurs et cordes.

"Hark! The Herald Angels Sing", chant britannique du XVIIIème siècle, a la bon ton de ne pas se cantonner au registre choral doucereux, mais le final gospel demeure plus ou moins adroit, même si la demoiselle blonde se lâche avec vigueur et de manière très crédible. Autre moment fort réussi : "The Little Drummer Boy". Arriver à rendre passionnante cette mélodie aussi répétitive que ses paroles n'est pas un mince exploit ! Rejointe par sa soeur Ashlee SIMPSON (également chanteuse à succès) aux choeurs, Jessica se voit bien entourée de flûtes et de guitares au milieu des tambours.

Viennent enfin les moments swing voire boogie, qui collent moins à l'image de l'artiste mais auxquels elle se prête généreusement. Du moins, si l'on reste indulgent face à "Let It Snow" maintenu à deux minutes syndicales et gâché par un fade-out bien rapide ! La touche country endiablée est sympathique et le sax ténor vient rugir par deux fois. Idem pour "What Christmas Means to Me", développé de façon convaincante. Pour "Baby It's Cold Outside", SIMPSON retrouve son cher et tendre Nick LACHEY pour un dialogue swing bavard et léché, mais appréciable.

C'est comme l'envie de faire autre chose, tout en se conformant à un registre facile d'album courant et hétéroclite dans sa forme, sans doute trop. ReJoyce: the Christmas Album est loin d'égaler les records de vente pour Jessica SIMPSON a l'époque, mais obtient tout de même un franc succès et la demoiselle récidive quelques années plus tard avec un second effort, Happy Christmas en 2010.