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1966 2

TAGES - 2 (1966)
Par LE KINGBEE le 9 Décembre 2021          Consultée 478 fois

Nous sommes en 1966, une année formidable ♯. Les Suédois de TAGES enregistrent leur second disque. Pendant ce temps, la France se retire de l’OTAN, Mary Quant créatrice de la minijupe reçoit l’Ordre du Mérite Britannique, on inaugure à Lisbonne le plus long pont suspendu sur le Tage (aucun lien avec nos Suédois). Plus triste, Walt Disney décède, il n’y a jamais eu autant de coups d’état, les BEATLES annoncent leur rupture lors d’un concert en Californie alors que Jacques BREL fait ses adieux au music-hall.

Revenons à nos Suédois, à défaut de moutons, qui enregistrent une seconde galette. Au cas où vous ne l’auriez pas vu, le titre en haut à droite de la pochette nous semble plus qu’explicite, à défaut de briller par son originalité. Le groupe se produit abondamment sur tout le territoire et s’offre quelques incursions en Scandinavie. Contrairement à de nombreuses formations, les cinq copains restent ensemble, les concerts ayant permis de renforcer la cohésion, et leur répertoire devient de plus en plus personnel. Seul le batteur Freddie Skantze leur fait faux bond, remplacé par Tommy Tausis. Sur ses terres, le quintet connaît un succès grandissant, ce qui pousse le label Platina Records à réexpédier le groupe en studio.

Chez nous autres, les couples se font ou se défont sur "Stranger In The Night" (SINATRA) ou "When A Man Loves A Woman" (Percy Sledge), tandis que d’autres gesticulent sur le "Bang Bang" de SHEILA ou sur les "Elucubrations d’Antoine", tandis que nos radios nous ressassent "le Crédo" de Mireille Mathieu *, alors qu’Impact, petit label français, publie dans l’indifférence générale un E.P de TAGES, contenant quatre titres du second album avec une pochette différente.

Si la pochette ne renseigne guère sur son contenu, le nom du groupe y est étrangement absent, les coupes de cheveux demeurant les seuls témoins marquants d’une époque. Le groupe nous propose ici 12 pistes dont la moitié provient de ses plumes. Il s’agit pour les 6 originaux d’un travail conjoint des différents membres, ce qui implique une entente et une complicité évidentes.

Au chapitre des originaux, la formation présente un visage marbré de multiples nuances. L’influence de la Beat Music est clairement palpable sur plusieurs pistes. La balade "I Still Remember" renvoie irrémédiablement aux BEATLES ou les HERMAN’S HERMITS. Changement d’orientation avec "In My Dreams", la guitare électro-acoustique et des embruns de flûte instaurent à cette douceur une sonorité où se mèlent Folk et Psyché. Le ton monte d’un cran avec "Dirty Mind", titre s’inspirant plus du Rhythm & Blues avec passage d’harmonica. Une sorte de chaînon manquant entre les STONES et les YARDBIRDS. Si le tempo ne diminue guère sur "Those Rumours", la palette change de gradation, s’orientant vers le répertoire des KINKS ou des SMALL FACES. Notre préférence se porte sur "Guess Who", une pièce énergique, plus ambiguë, d’inspiration Mods qui pourrait parfaitement s’inscrire dans un squeud des WHO. En fermeture d’album, les Suédois proposent une énième fluctuation avec "Go", un titre mollasson sur lequel l’acoustique endosse le premier rôle. Un titre dans la lignée des SEACHERS ou des Américains du KINGSTON TRIO.

A l’image de leurs compositions, les six reprises nous convient plus à un voyage vers les montagnes russes qu’à une expédition en Beauce ou en Belgique, terres plates et linéaires par excellence. Effectivement, le groupe opère un important virage en s’offrant de belles escapades au sein de la musique noire et plus particulièrement de la Soul.
En guise d’ouverture, nos blondinets reprennent "Dancing In The Street", titre que refusa d’enregistrer Kim Weston pour d’obscures raisons (l’histoire ne dit pas si elle s’en mord les doigts), popularisé par Martha REEVES & The VANDELLAS. TAGES propose une version plus beat qui lorgne vers l’excellente cover des KINKS des Frères Davies. Ne tergiversons pas, l’interprétation de TAGES relègue bien loin celles de l’anglaise Cilla Black, des EVERLY BROTHERS ou des MAMAS & THE PAPAPS. Chez nous, Richard ANTHONY adapta la chanson en un triste et niais "Dans tous les pays". Autant dire que la Nation n’en sortit pas grandie !
Le groupe nous envoie une seconde salve dans les gencives avec "Get Out My Life, Woman", une petite tuerie d’Allen Toussaint popularisée par l’impayable Lee Dorsey. Là, nos Suédois transvasent le Mississippi sur les bords de la Mersey. Le chant bien blanchi, presque aristocratique, l’orgue et la batterie en contrepoint font merveille et impulsent un décor dansant. L’une des meilleures reprises de cette pépite avec celles d’Albert KING et de Mel BROWN.
Petite incursion dans le monde de la Motown avec "Leaving Here", une chanson d’Eddie Holland qui ne connaît aucun succès. Là, le combo s’écarte résolument du son moelleux du label de la Motor City, impulsant au morceau une coloration proche du Garage. Curieusement, cette guimauve se voit reprise par de nombreux rockers (The SONICS, MOTORHEAD, The WHO) dans des sauces allant du Rock au Garage, s’inspirant ainsi de la reprise de TAGES.
Enfin, preuve que les jeunes Suédois n’ont peur de rien avec la reprise de "I Got You (I Feel Good)", grand classique de James BROWN délivré ici dans une version où les ingrédients Funk et Groove disparaissent au profit d’une résonance nettement plus Rock. Mais il fallait être assez burné pour reprendre en 66 un tube du Godfather.
TAGES rend hommage à Johnny Kidd, décédé quelques semaines plus tôt dans un accident de voiture, en reprenant l’inusité "Jealous Girl", un Rock interprété sous influence BEATLES. Plus surprenante est la reprise de "Crazy 'Bout My Baby", une compo du pianiste Robert Mosley, ancien membre du duo Mayme & Robert, interprétée sous une influence latino avec un intro de guitare flamenca. Par rapport à l’original, pas de castagnettes mais une inspiration en provenance des Swingin’ Blue Jeans, combo de Liverpool.

Au moment de faire les comptes, on se dit que TAGES a encore joliment progressé depuis son premier disque éponyme. Ce disque propose une moitié d’originaux écrits et chantés en anglais, preuve s’il en est que le groupe pensait pouvoir rivaliser avec certains groupes anglais de l’époque. Le sort, un peu de malchance et certainement un manque de moyens leur seront contraire. Si le répertoire s’annonce parfois bigarré, il reste largement crédible et le chant n’a rien à envier aux innombrables formations britanniques qui déferlaient à l’époque telles d’incessantes vagues. Sans deux titres plus faiblards, ce 2 aurait même pu briguer un petit 4. Note réelle 3,5. A été réédité en 2011 en format CD par Strange Days Records, label nippon spécialisé dans la réédition.


♯ Pas plus, ni moins qu’une autre.
*Il s’agit des premiers exemples qui me sont venus à l’esprit. Je n’ai rien en particulier contre ces chansons et j’imagine qu’il doit y avoir bien pire.

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- Tommy Blom (chant, guitare, harmonica)
- Anders Töpel (guitare, chant)
- Danne Larsson (guitare, orgue, clavecin, chant)
- Göran Lagerberg (basse, chœurs)
- Tommy Tausis (batterie 1-2-3-4-5-8-9-10, choeurs)
- Freddie Skantze (batterie 6-7-11-12, bongos)


1. Dancing In The Street
2. I Still Remember
3. Guess Who
4. Get Out Of My Life Woman
5. Jealous Girl
6. In My Dreams
7. Crazy 'bout My Baby
8. I Got You (i Feel Good)
9. Dirty Mind
10. Those Rumours
11. Leaving Here
12. Go



             



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