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- Membre : Les Cowboys Fringants

Marie-annick LéPINE - Entre Beaurivage Et L'ange-gardien (2021)
Par GEGERS le 6 Décembre 2021          Consultée 963 fois

C’est une petite maison, là toute seule, au fond du lotissement, ou « au bout du rang » comme disent les Québécois. Une expression à propos puisque nous y sommes, au Québec, plus précisément dans la petite ville de l’Assomption, quelque part entre la rue Beaurivage et le quartier de l’Ange Gardien. L’ossature en bois est modeste, mais la masure a résisté à bien des tempêtes. Et puis, le porche est grand, signe d’une intense activité extérieure dès lors que les beaux jours reviennent. Ici, l’hiver s’est installé, le froid engourdit la maison et la guitare trouve le repos au coin du feu. Mais une lumière discrète, fébrile tout autant que vivace, luit au cœur de la nuit. Et cette lumière jaillit si fort, tant et si bien, qu’elle illumine le voisinage, le quartier, la ville, le continent, la Terre entière. Et à la réaction initiale, bien naturelle, qui consiste à craindre l’arrivée de la facture d’électricité, succède cette irrépressible fierté d’avoir inondé le monde de sa lumière.

Et lorsque le rayonnement se fait musique, il prend la forme du troisième album de Marie-Annick LEPINE, flamboyante multi-instrumentiste des COWBOYS FRINGANTS qui propose avec Entre Beaurivage et l’Ange Gardien un album à son image : discret, authentique, tout autant qu’espiègle. Un album « mature », si on le compère à J'ai Brodé Mon Cœur, précédent album solo dont les textes s’adressaient à un public plus jeune. Mais tout comme son prédécesseur, cette nouvelle réalisation est empreinte d’universalité, puisqu’à travers ses ritournelles folk, l’artiste touche à des thématiques qui résonnent chez chacun. « Tu veux rester », avec sa basse imposante et ses mélodies délicates, évoque la difficulté de quitter ses racines pour l’inconnu, lorsque l’âge ne permet plus de rester chez soi (« Les cèdres ont grandi, les enfants partis, mais tu veux rester). Comme son comparse Jean-François Pauzé, auteur-compositeur des COWBOYS FRINGANTS, Marie-Annick fait preuve d’une empathie qui met des mots sur ces petits drames du quotidien que nos stupides rythmes de vie effrénés ne nous permettent plus de voir. L’artiste prend le temps, fait corps avec son environnement, et créé ainsi une musique inspirée et bienveillante.

L’amour, bien sûr, est une constituante essentielle de l’album. Comme sur les morceaux qu’elle interprète parfois (et trop rarement) seule sur les albums des COWBOYS, Marie-Annick l’évoque à travers l’absence, à travers les regrets et les rendez-vous manqués. Le nuancier est vaste, et le bonheur ne va jamais sans tristesse, tout comme la musique de l’artiste porte en elle des émotions bariolées. « Le monde est beau pis laid », titre folk entraînant au refrain imparable, témoigne de cette cohabitation de sentiments qui, loin d’être contradictoires, sont au contraire parfaitement complémentaires. Musclé par la présence aux chœurs des camarades des COWBOYS, ce titre est sans aucun doute une des pépites de l’album, même si le motif mélodique de son refrain se retrouve en fil rouge sur d’autres morceaux de l’opus (notamment l’introduction de « Quand les Outardes Reviennent ». L’humour et l’auto-dérision ont également la part belle, comme sur « Les cheveux gras » qui voit l’artiste déplorer le poids, de plus en plus lourd, du temps qui passe et son impact sur le corps et l’esprit. Sur ce morceau, la présence d’un violon sautillant nous fait remarquer que l’instrument de prédilection de Marie-Annick n’est finalement pas tellement représenté ici, l’artiste lui préférant à l’occasion le mariage piano-guitare à l’image de celui, splendide, que l’on découvre sur « Toujours partir », chef d’œuvre folk contemporain dont l’interprétation, tout d’abord intimiste, devient de plus en plus étoffée à mesure que le morceau progresse. Et alors que les instruments à cordes frottées font leur apparition sur le dernier tiers du morceau, on se retrouve bouleversé par la tendresse et la force des lignes mélodiques qui, comme une évidence, résonnent au plus profond de nous.

Deux pièces instrumentales servent d’introduction et de conclusion à ce troisième album de Marie-Annick LEPINE et lui donnent des allures de parenthèse enchantée. Né de l’ennui, l’album se fait à la fois paisible et torturé, porteur de réconfort et de questions existentielles : que faire du temps qui nous est imparti, alors que chaque souffle le raccourcit ? Manifeste humaniste, même s’il ne revendique rien, Entre Beau Rivage et l’Ange Gardien parle, comme la musique des COWBOYS FRINGANTS, aux classes laborieuses, qui nourrissent d’espoirs et de bonheurs simples. Une musique douce-amère, qui réchauffe le cœur à mesure que les journées raccourcissent.

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1. Rue Beaurivage
2. Tu Veux Rester
3. Quand Les Outardes Reviennent
4. Le Monde Est Beau Pis Laid
5. Le Bonheur Est à Chacun
6. Elle S'en Va
7. Les Cheveux Gras
8. L'autre Trottoir
9. À Toi Le Grand Héron
10. Je Mange Mes Bas
11. Toujours Partir
12. Boulevard De L'ange-gardien



             



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