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- Membre : Les Cowboys Fringants

Marie-annick LéPINE - Le Coeur Est Un Rêveur (2025)
Par GEGERS le 29 Mars 2025          Consultée 223 fois

La mort de Karl Tremblay, chanteur des COWBOYS FRINGANTS et compagnon de longue date de Marie-Annick LEPINE, aura été surtout et avant tout un drame familial pour la violoniste du groupe québécois et ses deux filles. Mais à l'annonce de la disparition du "Gros", en novembre 2023, c'est toute la Francophonie qui s'est retrouvée "les yeux pleins d'eau", et qui s'est retrouvée meurtrie dans sa chair. Lorsqu'un deuil prend comme ici une ampleur nationale, connait un retentissement par-delà les frontières et les océans, il est évident que, pour ceux qui restent, la tâche n'est pas aisée. Marie-Annick a relevé la tête, a dignement assumé ce chagrin universel, accompagnée dans sa douleurs par des millions d'orphelins. Karl n'est plus, mais la vie, elle, se poursuit. Vaillamment, la multi-instrumentiste s'est remise au travail, accompagnée par ses deux réalisateurs fidèles, Daniel Lacoste et Pierre Fortin, pour donner naissance à Le Cœur Est Un Rêveur, son quatrième album. Un album qui, tristement, est publié le jour où la musicienne a mis son père en terre, scellant une cruelle ironie du sort.

Sur la pochette, réalisée par l'artiste Adèle Blais, Marie-Annick arbore un sourire à la fois franc, timide et mutin. Mêlant portrait photographique et collage, ce visuel est rempli de clins d'œil à la vie de l'artiste, présentant en vignette des morceaux de bonheur, des instants précieux, des objets importants, qui forment comme une couronne autour de son doux visage. Car loin d'être une lamentation, ce nouvel album est avant tout l'exaltation d'une vie joyeuse, bordélique, généreuse, loin de l'auto-apitoiement.

Le Cœur Est Un Rêveur marque un tournant dans la carrière de l'artiste, qui s'affirme ici en pleine lumière, malgré elle émancipée de l'ombre des COWBOYS FRINGANTS et des contraintes liées au frénétique calendrier du groupe. Si l'artiste n'exclut pas une retraite définitive de son groupe de cœur, désormais sans voix, elle semble bien décidée à s'élancer dans une carrière solo plus intense et régulière. Malheureusement, ce quatrième album se fait aussi le moins intéressant de la musicienne.

C'est une tristesse folk et un piano funèbre qui accompagnent les premières notes de "Comme On Était", chanson écrite en 2020 après le diagnostic confirmant la maladie de Karl. Une chanson pleine de douceur, de nostalgie, à la fois tendre et mélancolique, qui ouvre une parenthèse, refermée en toute fin d'album par "Ta Dernière Adresse" qui lui fait écho. C'est un piano, à nouveau, qui accompagne la voix fébrile de Marie-Annick, qui sacrifie ici les rimes et le rythme des mots pour l'émotion brute et le ressenti.

Entre ces deux morceaux qui évoquent le deuil, Le Cœur Est Un Rêveur laisse une large place à la joie. Le morceau qui donne son nom à l'album est enjoué, rythmé, et surtout, Marie-Annick chante, et fort ! Les couplets, qui rappellent ceux du morceau "On Tient L'Coup" des COWBOYS, laissent place à un refrain country-folk percutant. Et puis, le violon prend ici les devants, apportant une légèreté bienvenue. "La Nuit M'Appelle", qui lui succède, se fait dansante et énergique, et s'impose naturellement comme un des meilleurs morceaux de l'album, nous donnant à écouter un violon sautillant.

On remarque assez vite, néanmoins, qu'il manque ici une direction, une intention. En effet, là où Entre Beaurivage Et L'ange-gardien, sa précédente réalisation, voyait Marie-Annick proposer un ensemble mû cohérent et formidablement construit, ce quatrième album se fait plus fourre-tout, constitué de morceaux qui semblent parfois comme posés là, et se retrouvent bien esseulés. C'est le cas de la reprise de "Porte-Poussière", du chanteur québécois Stephen Faulkner, dont on cherche ici le sens et l'intérêt. "Goéland," titre écrit par Jacqueline Harwood, en est un autre. Ce morceau, enregistré en compagnie de la chorale du Vieux Palais de l'Assomption, qu'elle dirige, se fait sympathique et évoque "Quand les Outardes Reviennent", mais peine à nous séduire au-delà de quelques écoutes polies. "Si Enfin On S'arrête" se fait même décevant, porté par des mélodies assez peu inspirées et une abondance de cuivres qui ne lui rendent guère service.

On lui préfère nettement "Ma Vieille Chum", dont les sonorités celtiques se font revigorantes, ou "Ne me Secouez Pas", écrite par Marie-Annick du point de vue de sa fille ainée s'adressant à son père disparu. Sans doute le texte le plus bouleversant de cet album, qui peut résonner chez tous les enfants et tous les parents. "Ne me secouez pas, je suis remplie de larmes", clame-t-elle sur ce titre d'une beauté désarmante. Deux titres instrumentaux, le très beau "Fixer l'Horizon", mêlant avec brio piano et violon, et le moins intéressant "L'Eclaircie", complètent un album disparate, qui nous laisse un goût étrange. Car si le plaisir de retrouver Marie-Annick, chantante et portée vers l'avenir, est bien là, il manque à cet album une réelle direction artistique qui avait pourtant fait la réussite de son excellent prédécesseur. Un album pour reprendre pied, à défaut d'une œuvre majeure dans sa discographie.

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- Marie Annick Lépine (chant, violon, piano, accordéon)


1. Comme On était
2. Porte-poussière
3. Le Coeur Est Un Rêveur
4. La Nuit M'appelle
5. Ne Me Secouez Pas
6. Fixer L'horizon
7. Goéland
8. Si Enfin On Arrête
9. Ma Vieille Chum
10. L'éclaircie
11. Ta Dernière Adresse



             



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